Ajaccio : 500 élèves pour un championnat d’échecs devenu rituel scolaire

Rédigé le 16/05/2025
Carulu-Andria Pazzoni

À Ajaccio, la quatrième édition du championnat scolaire d’échecs réunit cette année 500 élèves au Palais des Congrès. Dans une ambiance studieuse, les enfants découvrent la compétition, affinent leur sens de la stratégie et confirment l’ancrage grandissant du jeu d’échecs dans le paysage éducatif corse.

Jeudi matin, un flot d’élèves ajacciens en classe de CM1 et CM2 a investi le grand hall du Palais des Congrès. En tee-shirts colorés, ils ont peu à peu transformé les lieux en une vaste ruche studieuse.
Plus de cinq cents enfants, venus de toutes les écoles de la ville, ont pris place devant des centaines de tables alignées, où les jeux d’échecs étaient déjà installés. L’ambiance, d’abord joyeuse, laisse rapidement place à la concentration. Préparés tout au long de l’année, les élèves s’installent avec sérieux. Les visages se ferment, les rires s’estompent. Les arbitres circulent, briefent, veillent au calme.

Quand les parties débutent, par tranches de quinze minutes, le silence s’impose. Une poignée de main, un dernier regard, puis seuls résonnent le frottement des pièces sur les échiquiers et les chaises qu’on déplace doucement. Une atmosphère solennelle s’installe — celle d’un vrai tournoi.

 


Ici, la concentration est reine. Les élèves, parfois âgés de seulement huit ou neuf ans, plongent dans l’élaboration de leurs stratégies. Un doigt hésite au-dessus d’une pièce, un regard se porte vers la pendule. Tout, dans l’attitude de ces jeunes joueurs, trahit l’intensité du moment. L’échec et mat n’est plus une expression abstraite, mais le but ultime d’un duel où chaque pion a son importance. Autour d’eux, parents et enseignants observent, retiennent leur souffle, scrutent en direct le respecte des règles de la logique, de la patience, de la gestion du stress, mais aussi de la défaite et du rebond.
Le championnat d’Ajaccio n’est pas qu’une simple compétition : c’est une fête éducative et collective où la pédagogie rencontre l’émotion. La Corse, terre d’échiquiers, fait ici la démonstration de son engagement en faveur du jeu d’échecs à l’école. L’affaire est sérieuse, portée par la Ligue corse, les institutions locales, la passion indéfectible des clubs. Ces enfants, formés dès le plus jeune âge, ne s’affrontent pas uniquement pour un trophée, mais pour le plaisir du jeu, la camaraderie et l’honneur de leur classe.
 

Si la tension est palpable au fil des huit parties disputées dans la journée, l’ambiance reste empreinte de convivialité et d’entraide. Entre deux rondes, des espaces détente en intérieur ou en extérieur permettent aux enfants de relâcher la pression, d’échanger quelques sourires ou de se raconter les péripéties des dernières parties. Chacun, à sa manière, trouve sa place dans cette grande aventure où tout est mis en œuvre pour stimuler l’autonomie, favoriser la réflexion collective et susciter de futures vocations.
Aux abords des échiquiers, quelques regards brillent de fierté. Pour beaucoup, la participation à ce championnat symbolise un aboutissement autant qu’un point de départ. Certains découvriront peut-être là le goût du jeu et, pourquoi pas, le rêve modeste d’un jour porter fièrement les couleurs de la Corse dans une compétition nationale. D’autres repartiront avec la satisfaction d’avoir accompagné leurs camarades, d’avoir partagé, l’espace d’une journée, un moment d’intensité et d’échanges inoubliable.
La remise des prix s'est tenue à 15 heures.