On (re) joue au rugby en Corse depuis plus de 62 ans. Mais cette belle adhésion de l'île à la cause du ballon ovale n'aurait, sans doute pas, été aussi significative si le 1er, 2 et 3 mai 1964 le Rugby club bastiais, qui avait juste un peu plus de 2 ans d'existence, ne s'était illustré en Belgique lors d'un tournoi international auquel participa notamment le XV du Stade Français devenu depuis l'un des grands du rugby hexagonal. Retour sur cet épisode que seuls quelques anciens rugbymen bastiais peuvent encore évoquer...
On jouait au rugby depuis mars 1962 en Corse - principalement entre l'ACA de Henri Maillot et Elie Beaufort et le Rugby club Bastiais de Victor Serafini, François Medori et Horace Leonelli - mais cela n'a pas empêché, après l'intervention il est vrai d'un Belge qui avait fait de Bastia et du café "L'empire", qui était situé sur l'emplacement de l'actuel du Crédit Agricole ses lieux de résidence privilégiés, le RCB d'être invité à un tournoi international à Bruxelles !
C'était le tournoi de l'ASUB , le club local qui avait convié le Stade Français, Kingston collège, les Allemands de Francfort et nos Bastiais qui pour se rendre en Belgique ont été contraints - bonjour la continuité territoriale - de passer par Ajaccio, Nice, Paris, certains même par... Saint-Quentin avant de rallier enfin, Bruxelles.
Le bus pour aller à Ajaccio, l'avion pour rejoindre Nice, l'avion encore en compagnie de Roger Couderc, le 16e homme du XV de France à l'époque, pour rallier Paris et, enfin, le train pour gagner la capitale belge : le périple avait été long, mais une fois sur place le parfum proche de la compétition a fait oublié rapidement la fatigue du voyage.
Il est vrai qu'il y avait au sein de cette délégation bastiaise de sacrés personnages.
À commencer par Antoine Olivieri, le forgeron de San Ghjisè, devenu rapidement le lion de Teghime.
Comment oublier cette arrivée au stade de l'ASU Bruxelles en file indienne de toute la délégation bastiaise qui toute de noir vêtue, à l'exception de l'écusson "jaune et noir" de son survêtement et bien avant le "reaquistu", a entamé la compétition aux accents du "Diu" comme l'avait voulu Antoine? Ou comment encore oublier, lors de RCB-Stade Français, ce face-à-face entre Olivieri et un ancien All Black "Je suis un ancien Black ", lui lança ce dernier en plein cœur de la mélée "Moi je suis le Lion de Teghime" lui répliqua le monumental Bastiais qui, joignant le geste à la parole, expédia le parisien au sol pour le compte !
Avec lui il y avait aussi un autre colosse Nicolas Ricci en l'occurrence, qui, passé, par le foot, retrouva de belles sensations sportives sous le maillot "jaune et noir" du RCB. Un Nicolas conseilleur, mais aussi taquin et pince-sans-rire auquel on doit un déplacement au… ralenti sur les Champs-Élysées où les Bastiais "macagnoni" ont maintenu longtemps les Parisiens, pressés derrière eux, sans jamais les laisser les dépasser. Ou bien encore cet épisode mémorable de Saint-Quentin au cours duquel la délégation bastiaise a été une nuit durant, coupée en deux. Une partie étant demeurée sur Paris - la SNCF en grève avait annulé le train de Bruxelles - la seconde pressée de partir ayant embarqué sur un train à destination de... Saint-Quentin. Une bonne occasion pour ceux-là de partir à la recherche des Corses de l'Aisne qu'ils ont trouvé.
Et comment ne pas évoquer ici l'ami Victor Serafini. " U duttore", celui par qui le rugby est arrivé à Bastia. Celui qui a ratissé large auprès de ses nombreux amis pour constituer une équipe de rugby même s'il n'y avait pas grand monde parmi eux à avoir jamais touché à un ballon ovale.
Mais son pouvoir de persuasion a eu raison de l'appréhension compréhensible de ses interlocuteurs. Et à force de se multiplier a fini par convaincre ceux qui, rentrés au pays, avaient eu des liens étroits avec le rugby. On pense à Horace Leonelli. À François Medori. À Etienne. À PieddeVigne. Et à tous les jeunes qui, dans leur sillage, ont adhéré à la cause du ballon ovale.
Tous ceux-là c'est un certain André Berthoumieu, un ancien avant du SU Agen de la belle époque qui les a rassemblés et qui, en l'espace d'une saison (63-64), les a armés pour aller disputer ce tournoi dans la capitale du plat pays. Et quel tournoi !
C'était le tournoi de l'ASUB , le club local qui avait convié le Stade Français, Kingston collège, les Allemands de Francfort et nos Bastiais qui pour se rendre en Belgique ont été contraints - bonjour la continuité territoriale - de passer par Ajaccio, Nice, Paris, certains même par... Saint-Quentin avant de rallier enfin, Bruxelles.
Le bus pour aller à Ajaccio, l'avion pour rejoindre Nice, l'avion encore en compagnie de Roger Couderc, le 16e homme du XV de France à l'époque, pour rallier Paris et, enfin, le train pour gagner la capitale belge : le périple avait été long, mais une fois sur place le parfum proche de la compétition a fait oublié rapidement la fatigue du voyage.
Il est vrai qu'il y avait au sein de cette délégation bastiaise de sacrés personnages.
À commencer par Antoine Olivieri, le forgeron de San Ghjisè, devenu rapidement le lion de Teghime.
Comment oublier cette arrivée au stade de l'ASU Bruxelles en file indienne de toute la délégation bastiaise qui toute de noir vêtue, à l'exception de l'écusson "jaune et noir" de son survêtement et bien avant le "reaquistu", a entamé la compétition aux accents du "Diu" comme l'avait voulu Antoine? Ou comment encore oublier, lors de RCB-Stade Français, ce face-à-face entre Olivieri et un ancien All Black "Je suis un ancien Black ", lui lança ce dernier en plein cœur de la mélée "Moi je suis le Lion de Teghime" lui répliqua le monumental Bastiais qui, joignant le geste à la parole, expédia le parisien au sol pour le compte !
Avec lui il y avait aussi un autre colosse Nicolas Ricci en l'occurrence, qui, passé, par le foot, retrouva de belles sensations sportives sous le maillot "jaune et noir" du RCB. Un Nicolas conseilleur, mais aussi taquin et pince-sans-rire auquel on doit un déplacement au… ralenti sur les Champs-Élysées où les Bastiais "macagnoni" ont maintenu longtemps les Parisiens, pressés derrière eux, sans jamais les laisser les dépasser. Ou bien encore cet épisode mémorable de Saint-Quentin au cours duquel la délégation bastiaise a été une nuit durant, coupée en deux. Une partie étant demeurée sur Paris - la SNCF en grève avait annulé le train de Bruxelles - la seconde pressée de partir ayant embarqué sur un train à destination de... Saint-Quentin. Une bonne occasion pour ceux-là de partir à la recherche des Corses de l'Aisne qu'ils ont trouvé.
Et comment ne pas évoquer ici l'ami Victor Serafini. " U duttore", celui par qui le rugby est arrivé à Bastia. Celui qui a ratissé large auprès de ses nombreux amis pour constituer une équipe de rugby même s'il n'y avait pas grand monde parmi eux à avoir jamais touché à un ballon ovale.
Mais son pouvoir de persuasion a eu raison de l'appréhension compréhensible de ses interlocuteurs. Et à force de se multiplier a fini par convaincre ceux qui, rentrés au pays, avaient eu des liens étroits avec le rugby. On pense à Horace Leonelli. À François Medori. À Etienne. À PieddeVigne. Et à tous les jeunes qui, dans leur sillage, ont adhéré à la cause du ballon ovale.
Tous ceux-là c'est un certain André Berthoumieu, un ancien avant du SU Agen de la belle époque qui les a rassemblés et qui, en l'espace d'une saison (63-64), les a armés pour aller disputer ce tournoi dans la capitale du plat pays. Et quel tournoi !
Stade Français, Anderletch, Kingston Collège, Francfort, ASU Bruxelles
Les adversaires ?
Le Stade Français, qui certes n'était pas encore ce qu'il est aujourd'hui, mais quand même.
Des Allemands de Francfort, des Anglais de Kingston Collège Et bien sûr les Belges de l'ASUB et d'Anderletch qui conjuguaient tous le rugby depuis de nombreuses années.
Mais les Bastiais en "jaune et noir", encouragés sur place par Pierre Sinibaldi alors entraîneur du légendaire club de football du Royal Sporting club d'Anderletch, n'ont pas tremblé.
"Managés" par celui dont l'accent chantant et persuasif du Sud-Ouest a réussi à faire même de Victor Serafini, déjà quadragénaire, un remplaçant, ils ont partagé les points avec les uns et battu les autres pour finalement terminer en tête du tournoi avec le Stade Français.
Un exploit salué à sa juste valeur par la presse insulaire de l'époque qui avait ses représentants sur le... terrain à Bruxelles !
C'est l'incroyable performance de cette bande d'amateurs, au sens plus noble du terme, ayant rassemblé uniquement ceux qui avaient pu débourser le prix de leur voyage, que l'on célébra à l'époque. Et ce sont ces résultats, obtenus hors du cadre étroit de l'île de Beauté, qui ont ouvert toutes grandes les portes du comité du Littoral au rugby corse avant une période de vicissitudes qui ne se sont pas encore estompées aujourd'hui.
Un épisode vieux de 60 ans certes mais qui aurait mérité d'être rappelé par tous ceux qui, aujourd'hui nantis de moyens inimaginables en 1964, bénéficient de l'enthousiasme, des sacrifices et de l'engagement de leurs aînés et prédécesseurs sur le terrain où quelques-uns d'entre-eux… poussent toujours mais pour évoquer uniquement leurs souvenirs !
Le Stade Français, qui certes n'était pas encore ce qu'il est aujourd'hui, mais quand même.
Des Allemands de Francfort, des Anglais de Kingston Collège Et bien sûr les Belges de l'ASUB et d'Anderletch qui conjuguaient tous le rugby depuis de nombreuses années.
Mais les Bastiais en "jaune et noir", encouragés sur place par Pierre Sinibaldi alors entraîneur du légendaire club de football du Royal Sporting club d'Anderletch, n'ont pas tremblé.
"Managés" par celui dont l'accent chantant et persuasif du Sud-Ouest a réussi à faire même de Victor Serafini, déjà quadragénaire, un remplaçant, ils ont partagé les points avec les uns et battu les autres pour finalement terminer en tête du tournoi avec le Stade Français.
Un exploit salué à sa juste valeur par la presse insulaire de l'époque qui avait ses représentants sur le... terrain à Bruxelles !
C'est l'incroyable performance de cette bande d'amateurs, au sens plus noble du terme, ayant rassemblé uniquement ceux qui avaient pu débourser le prix de leur voyage, que l'on célébra à l'époque. Et ce sont ces résultats, obtenus hors du cadre étroit de l'île de Beauté, qui ont ouvert toutes grandes les portes du comité du Littoral au rugby corse avant une période de vicissitudes qui ne se sont pas encore estompées aujourd'hui.
Un épisode vieux de 60 ans certes mais qui aurait mérité d'être rappelé par tous ceux qui, aujourd'hui nantis de moyens inimaginables en 1964, bénéficient de l'enthousiasme, des sacrifices et de l'engagement de leurs aînés et prédécesseurs sur le terrain où quelques-uns d'entre-eux… poussent toujours mais pour évoquer uniquement leurs souvenirs !