Ce dimanche a eu lieu l’assemblée générale élective à la Ligue Corse des Echecs, une AG, qui, COVID oblige, s'est déroulée sur Internet. Elle a été marquée par le passage de relais entre Léo Battesti, président depuis 23 ans et qui ne souhaitait pas renouveler son mandat, et celui qui, sans surprise, lui succède Akkhavanh Vilaisarn, jusque là responsable de la formation à la Ligue Corse d’échecs.
CNI a rencontré ce quadragénaire (47 ans) au parcours atypique…
Vous voilà nouveau président de la Ligue Corse d’Echecs, vos premières impressions ?
- Je ressens beaucoup d’émotion. Léo Battesti a présidé la ligue durant 23 ans, effectuant un travail titanesque avec son équipe, les présidents de club. Un énorme travail de formation puisqu’en 23 ans, 50 000 jeunes ont appris à jouer aux échecs en Corse. La Corse est aujourd’hui dans le monde un exemple dans le domaine de la formation. Il a fait aussi venir de très très grands champions, organisé des tournois d’un très haut niveau. Aujourd’hui une page se tourne puisque les présidents de clubs m’ont fait l’honneur de me designer comme président de la ligue. Je remercie Léo Battesti et tous les présidents de club de bien vouloir me confier cette charge immense qui m’attend.
- Une nouvelle présidence dans la continuité ?
- Une nouvelle présidence dans la continuité ?
- Je vais en effet poursuivre cette politique, ce combat même, on peut employer ce terme car c’est un combat de tous les instants. Il nous faut garder cette dynamique, je vais donc continuer cette philosophie initiée par Léo Battesti, continuer le travail socio-éducatif auprès de nos jeunes, continuer à développer les échecs dans l’île, utiliser les échecs comme instrument par exemple dans le domaine de la langue corse. Je reste, oui, dans cet état d’esprit. Je vais faire un bilan, voir ce qui peut être amélioré, développé et aujourd’hui gérer cette crise dans laquelle on est.
- Justement, l’impact de celle-ci sur la discipline ?
- Cette crise a mis un frein dans le sens où les clubs sont fermés et donc on a moins de licenciés. Par contre, elle a un coté bénéfique d’un certain coté car les échecs s’adaptent très bien à Internet. On continue donc les entraînements par Internet. L’activité reste dynamique.
- La ligue en quelques chiffres ?
- La ligue regroupe 8 clubs et avec les scolaires nous comptons environ 6 500 licenciés. C’est donc une ligue très dynamique. Nous avons créé une population qui parle un langage échecs. Même si le niveau n’est pas très élevé, ce sont des gens qui comprennent les échecs, savent faire le roque, jouent des pièces au centre. Et forcement de cette masse, certains plus motivés que d’autres, enrichissent la ligue de champions de France ou d’Europe.
- Vous parliez de formation, c’est un domaine que vous connaissez déjà bien …
- Vous parliez de formation, c’est un domaine que vous connaissez déjà bien …
- J’étais en effet à la ligue, directeur de la formation, en charge de l’enseignement dans les écoles. On va poursuivre dans cette voie, accentuer cette politique, développer tout ce que les échecs peuvent apporter aux jeunes, aux enfants, créer grâce aux échecs les citoyens de demain.
- Comment le nouveau bureau est-il constitué, Léo Battesti aura-t-il un rôle ?
- Léo Battesti reste à la ligue en temps que joueur car c’est un passionné. Il nous prodiguera aussi des conseils et donnera un coup de main en cas de besoin. Il laisse cependant la ligue à notre charge. Je dispose d’un bureau rajeuni avec 14 membres. Ces jeunes de 25/26 ans ont appris à jouer à la ligue, avec moi. Aujourd’hui ils ont fini leurs études, 3 sont d’ailleurs professeurs à l’Université de Corse. Ils restent dans les échecs pour rendre aux échecs ce que les échecs leur ont apporté dans la vie. C’est vraiment une grande fierté pour moi. Serge Guillemart, formé au club d’Ajaccio, est le nouveau secrétaire général. Après des études d’ingénieur sur le continent, il est revenu travailler en Corse. Jean-François Lucciani sera le trésorier et 12 autres membres font partie du bureau.
- Votre parcours est plutôt atypique. Toulousain, comment êtes-vous arrivé en Corse ?
- J’y suis arrivé un peu par hasard. J’étais étudiant en mathématiques à Toulouse, je venais de terminer mon cursus et j’avais envie de découvrir d’autres horizons. J’ai lancé une pièce de monnaie en l’air et elle est retombée sur la Corse. J’étais déjà à l’époque un passionné d’échecs, formateur et entraîneur dans un club toulousain, diplômé par la Fédération Française d’Echecs. Et la pièce est finalement tombée au bon endroit car la ligue corse recherchait alors un professeur d’échecs. C’était en 2002. Je suis donc arrivé en Balagne, au club de Christophe Levêque. Mon rôle était de développer la discipline en Balagne. Léo Battesti m’a ensuite demandé de venir à la ligue qui connaissait alors une crise, dans le bon sens du terme, de croissance. Il m’a demandé de structurer l’enseignement des échecs dans les écoles, d’assurer la formation des jeunes joueurs, d’une élite qui pointait son nez. Notre philosophie est en effet d’avoir une pyramide, un enseignement pour des milliers d’enfants, et de cette masse créer notre propre élite.
- Vous avez même poussé jusqu’à apprendre le corse …
- Je me suis mis au corse car cela me paraissait tout à fait normal, travaillant en Corse, de parler la langue. En plus je suis un homme très curieux et pour moi, connaître une langue supplémentaire ne peut être qu’une richesse. Je trouve tout naturel de pouvoir à travers les échecs qui sont quelque chose de concret, transmettre aux enfants la langue corse. Je m’y emploie avec plaisir et fierté.
- Oubliées donc les mathématiques ?
- Les échecs me prennent tout mon temps. Au terme de mon cursus à la fac, et dans le cadre de mes activités échiquéennes, les rencontres avec des personnes extraordinaires m’ont convaincu de rester dans les échecs. Aujourd’hui les maths sont pour moi un loisir, les échecs mon métier.