Huit ans après l’assassinat de Jean-Michel German à Alata, cinq figures du banditisme corse comparaissent en appel devant la cour d’assises de Paris depuis le 8 décembre dernier. Déjà acquittés en première instance à Ajaccio, ils sont jugés dans un dossier marqué par un mobile introuvable, des alibis fragiles et l’absence de preuve décisive, au cœur d’une enquête dont les zones d’ombre continuent de nourrir les débats.
Mobile nébuleux, absence de preuve décisive : jugés en appel à Paris, cinq hommes, personnages connus du banditisme corse, s'efforcent de s'engouffrer dans les vides laissés par l'enquête sur l'assassinat, en 2016 à Alata, du mécanicien Jean-Michel German.
En première instance à Ajaccio, Mickaël Carboni, Sébastien Carbuccia, Mickaël Sanna, Ange-Marie Gaffory et François Cay, âgés de 33 à 41 ans, avaient été acquittés.
Le dépaysement de l'appel devant la cour d'assises de Paris, dont le verdict est prévu vendredi, avait toutefois été décidé après la découverte dans le téléphone d'une figure du milieu criminel corse, d'une photo de la liste des jurés d'Ajaccio.
Jugés pour l'assassinat, Mickaël Carboni, Sébastien Carbuccia et Mickaël Sanna encourent la réclusion criminelle à perpétuité, les autres comparaissant pour association de malfaiteurs.
- Alibis douteux et trous de mémoire –
"Il y a un écart entre la délinquance et commettre un assassinat", dit mercredi Ange-Marie Gaffory, présenté par les enquêteurs comme codirigeant avec Mickaël Carboni d'une bande criminelle alors émergente.
Ce dernier, fils d'une figure du banditisme corse, Louis Carboni, condamné depuis 1976 à un total de 50 ans de prison, le promet : "Je ne suis pas un assassin, monsieur le président".
Cette position est commune aux accusés. Malgré l'étrange et subit silence de leurs nombreux portables au moment du crime, les alibis douteux, les mémoires défaillantes ou encore le trafic de stupéfiants qui leur valait d'être sous surveillance policière à l'époque du crime.
Malgré surtout, dans les semaines précédant l'assassinat, leur utilisation avérée de la voiture volée qui devait être utilisée par les assassins au matin du 7 septembre 2016. Cette C4 est la pièce centrale de l'accusation.
Mais pour la défense, rien n'établit qui l'utilisait au moment précis des faits à Alata. Un des avocats, Camille Romani, relance "l'hypothèse d'une deuxième équipe" qui en aurait eu aussi l'usage.
"Malheureusement", concède une enquêtrice, "la sonorisation du véhicule" mise en place la veille des faits, "n'a pas marché" au moment du crime.
En planque, les policiers qui surveillent l'équipe à distance voient la voiture quitter les lieux après les coups de feu mortels mais ne la prennent pas en chasse et ne reconnaissent pas le ou les occupants.
Certes, au moment de la crémation de la C4, deux voix masculines sont enregistrées. "Sur la tête de (ses) enfants", la policière jure qu'elle reconnaît la voix de Mickaël Carboni et Sébastien Carbuccia. Mais aucune expertise ne permet de l'affirmer et un autre policier est moins affirmatif sur Mickaël Carboni.
- Une "deuxième équipe" bien anonyme –
De plus, relève un autre avocat, Me Antoine Vinier Orsetti, les accusés ont bénéficié d'un non-lieu après une plainte pour une tentative d'assassinat distincte, le 13 août : les occupants du C4, susceptible d'avoir été aussi utilisé, n'avaient pu, là non plus, être identifiés.
Écueil pour la défense, aucun nom de cette supposée "deuxième équipe" n'a émergé.
Sébastien Carbuccia évoque bien un homme qui pouvait utiliser la voiture mais refuse d'en dire plus : "Faire n'importe quelle révélation sur ces gens-là, mettrait ma vie et celle de ma famille en danger."
Autre question sans réponse : pourquoi tuer Jean-Michel German, 35 ans, certes ancien toxicomane mais qui n'avait plus eu maille à partir avec la justice depuis 2007 et était un mécanicien salarié sans histoire?
Aucun mobile clair n'apparaît à l'audience. Dans les écoutes policières, le petit groupe ne semble jamais évoquer Jean-Michel German. Un enquêteur a reconnu que les surveillances n'avaient pas mis au jour "d'acte préparatoire particulier" à l'assassinat.
Ange-Marie Gaffory, qui travaillait sur le port au moment de l'assassinat, seul à connaître la victime, dit n'avoir "jamais eu aucun différend avec M. German". Mickaël Carboni affirme lui n'avoir "jamais entendu ce nom de (sa) vie" jusqu'à son arrestation.
Le père de la victime Jean-Louis German a raconté ses nuits "inhumaines" à tenter de comprendre pourquoi son fils avait été tué. Peut-être a-t-il entendu quelque chose qu'il n'aurait pas dû entendre, suppose-t-il.
En première instance à Ajaccio, Mickaël Carboni, Sébastien Carbuccia, Mickaël Sanna, Ange-Marie Gaffory et François Cay, âgés de 33 à 41 ans, avaient été acquittés.
Le dépaysement de l'appel devant la cour d'assises de Paris, dont le verdict est prévu vendredi, avait toutefois été décidé après la découverte dans le téléphone d'une figure du milieu criminel corse, d'une photo de la liste des jurés d'Ajaccio.
Jugés pour l'assassinat, Mickaël Carboni, Sébastien Carbuccia et Mickaël Sanna encourent la réclusion criminelle à perpétuité, les autres comparaissant pour association de malfaiteurs.
- Alibis douteux et trous de mémoire –
"Il y a un écart entre la délinquance et commettre un assassinat", dit mercredi Ange-Marie Gaffory, présenté par les enquêteurs comme codirigeant avec Mickaël Carboni d'une bande criminelle alors émergente.
Ce dernier, fils d'une figure du banditisme corse, Louis Carboni, condamné depuis 1976 à un total de 50 ans de prison, le promet : "Je ne suis pas un assassin, monsieur le président".
Cette position est commune aux accusés. Malgré l'étrange et subit silence de leurs nombreux portables au moment du crime, les alibis douteux, les mémoires défaillantes ou encore le trafic de stupéfiants qui leur valait d'être sous surveillance policière à l'époque du crime.
Malgré surtout, dans les semaines précédant l'assassinat, leur utilisation avérée de la voiture volée qui devait être utilisée par les assassins au matin du 7 septembre 2016. Cette C4 est la pièce centrale de l'accusation.
Mais pour la défense, rien n'établit qui l'utilisait au moment précis des faits à Alata. Un des avocats, Camille Romani, relance "l'hypothèse d'une deuxième équipe" qui en aurait eu aussi l'usage.
"Malheureusement", concède une enquêtrice, "la sonorisation du véhicule" mise en place la veille des faits, "n'a pas marché" au moment du crime.
En planque, les policiers qui surveillent l'équipe à distance voient la voiture quitter les lieux après les coups de feu mortels mais ne la prennent pas en chasse et ne reconnaissent pas le ou les occupants.
Certes, au moment de la crémation de la C4, deux voix masculines sont enregistrées. "Sur la tête de (ses) enfants", la policière jure qu'elle reconnaît la voix de Mickaël Carboni et Sébastien Carbuccia. Mais aucune expertise ne permet de l'affirmer et un autre policier est moins affirmatif sur Mickaël Carboni.
- Une "deuxième équipe" bien anonyme –
De plus, relève un autre avocat, Me Antoine Vinier Orsetti, les accusés ont bénéficié d'un non-lieu après une plainte pour une tentative d'assassinat distincte, le 13 août : les occupants du C4, susceptible d'avoir été aussi utilisé, n'avaient pu, là non plus, être identifiés.
Écueil pour la défense, aucun nom de cette supposée "deuxième équipe" n'a émergé.
Sébastien Carbuccia évoque bien un homme qui pouvait utiliser la voiture mais refuse d'en dire plus : "Faire n'importe quelle révélation sur ces gens-là, mettrait ma vie et celle de ma famille en danger."
Autre question sans réponse : pourquoi tuer Jean-Michel German, 35 ans, certes ancien toxicomane mais qui n'avait plus eu maille à partir avec la justice depuis 2007 et était un mécanicien salarié sans histoire?
Aucun mobile clair n'apparaît à l'audience. Dans les écoutes policières, le petit groupe ne semble jamais évoquer Jean-Michel German. Un enquêteur a reconnu que les surveillances n'avaient pas mis au jour "d'acte préparatoire particulier" à l'assassinat.
Ange-Marie Gaffory, qui travaillait sur le port au moment de l'assassinat, seul à connaître la victime, dit n'avoir "jamais eu aucun différend avec M. German". Mickaël Carboni affirme lui n'avoir "jamais entendu ce nom de (sa) vie" jusqu'à son arrestation.
Le père de la victime Jean-Louis German a raconté ses nuits "inhumaines" à tenter de comprendre pourquoi son fils avait été tué. Peut-être a-t-il entendu quelque chose qu'il n'aurait pas dû entendre, suppose-t-il.


