​En Corse-du-Sud, les Assises de la Sécurité Routière révèlent des chiffres alarmants

Rédigé le 04/12/2025
Patrice Paquier Lorenzi

Les premières Assises de la Sécurité Routière de Corse-du-Sud se sont tenues ce jeudi matin au Palais des Congrès d’Ajaccio. L’occasion de dresser un bilan inquiétant : avec 277 morts sur la route depuis 2017, la Corse affiche un taux de mortalité deux fois supérieur à la moyenne nationale, et une surreprésentation dramatique des usagers de deux-roues, qui constituent plus de la moitié des victimes. Face à une accidentalité persistante, le préfet de Corse, Éric Jalon, appelle à une mobilisation “vitale”.

​En Corse-du-Sud, les Assises de la Sécurité Routière révèlent des chiffres alarmants

La Corse toujours en tête des territoires les plus accidentogènes de France.

C'est un bilan sur la période 2017-2024 qui alerte : la Corse est en tête des territoires les plus accidentogènes au niveau national. Un triste constat qui a poussé les autorités à organiser de premières Assises de la Sécurité Routière en Corse-du-Sud, ce jeudi à Ajaccio. Et les chiffres présentés à cette occasion sont implacables : depuis 2017, la Corse affiche un taux de tués sur la route de 91 décès par million d’habitants, contre 48 en moyenne nationale. Dans le détail, cela représente 277 morts sur la période et 6882 blessés. L’année 2024 a notamment été particulièrement noire avec 572 accidents sur les routes de Corse au cours desquels 752 personnes ont été blessées et 41 tuées. Un record depuis 2015 qui prouve que ces chiffres dramatiques ne vont pas à la baisse. 
 
À cela s’ajoute un second constat, qui bat en brèche bien des idées reçues : « Contrairement à ce que certains pensent, les victimes sont très majoritairement des résidents corses, entre deux tiers et trois quarts selon les années, et notamment des hommes entre 18 et 45 ans », a souligné le préfet de Corse, Éric Jalon. 
 
Par ailleurs, le bilan de ces 7 dernières années démontre que les accidents mortels surviennent pour la plupart en ligne droite, sur chaussée sèche, par beau temps. Autrement dit le problème n’est pas l’état des routes de l’île, mais les comportements des automobilistes. Et les causes profondes de cette accidentalité sont sans surprise connues, et tristement constantes, puisque 80 % des accidents mortels sur la période sont liés à un trio désormais classique : vitesse – alcool – stupéfiants. Dans les accidents matériels, la tendance persiste : 55 % sont liés à un comportement dangereux et 20 % à la vitesse. Cette réalité conduit l’État à renforcer sa réponse. « La police et la gendarmerie ont augmenté leur pression de contrôle de 50 %. Nous avons prononcé 660 suspensions de permis, soit +30 % », a dévoilé Éric Jalon.
 
Les deux-roues : l’hécatombe

Mais un chiffre est plus alarmant encore : 52% des morts sur la route en Corse-du-Sud depuis 2017 circulaient en deux-roues motorisés. C’est deux fois plus que la moyenne nationale, où les accidents de deux-roues représentent environ 22 % des décès. Face à ce déséquilibre unique en France, le préfet évoque un « chiffre édifiant et révoltant » : « Nous devons comprendre et accompagner les motards. C’est un axe majeur de travail. Nous avons une marge de progrès vitale », a-t-il insisté en martelant : « Un accident se joue à quelques secondes. Un comportement qui dérape, et tout bascule. Nous devons intensifier la pédagogie, dès l’école, mais aussi tout au long de la vie. »
 
Ce jeudi, ces premières Assises de la Sécurité Routière avaient ainsi pour objectif d’unir tous les acteurs : forces de l’ordre, Éducation nationale, assureurs, auto-écoles, collectivités. « On ne peut pas se résigner. Ces Assises sont la première étape d’une mobilisation. Nous devons faire baisser ces chiffres, c’est une question de vie ou de mort », a conclu le préfet.