Le Parti communiste français a réagi après la sanction infligée par l’Autorité de la concurrence à TotalEnergies, à deux sociétés du groupe Rubis et à EG Retail pour la mise en œuvre d'une entente dans le secteur de la distribution de carburants routiers en Corse. Le parti réclame que les 187,5 millions d’euros d’amende soient directement reversés aux foyers insulaires sous forme de chèques carburant, et insiste sur l’importance de lutter contre la vie chère.
« Il faut mettre fin au scandale de la cherté de la vie en Corse. » C’est avec ce message fort que le Parti communiste français a réagi, lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi matin à Bastia, à l’amende infligée aux opérateurs pétroliers de l’île. Pour rappel, l’Autorité de la concurrence a indiqué ce lundi infliger une sanction de 187,5 millions d’euros à deux sociétés du groupe Rubis, à TotalEnergies Marketing France et à EG Retail pour la mise en œuvre d'une entente dans le secteur de la distribution de carburants routiers. Une « pratique anticoncurrentielle susceptible d’évincer leurs concurrents non-actionnaires », et qui a pu être « défavorable in fine au consommateur en entraînant un renchérissement du prix des carburants à la pompe ».
Pour le Parti communiste, il est indispensable que cette sanction profite directement aux ménages insulaires. Le parti réclame ainsi que les 187,5 millions d’euros d’amende soient convertis en un chèque carburant pour chaque foyer, afin de réparer le préjudice subi par les automobilistes corses, jugés « les premières victimes » de ces pratiques. « Nous nous félicitons de la décision de l’Autorité de la concurrence, mais nous demandons aussi qu'elle soit suivie des faits », souligne Michel Stefani, secrétaire régional du Parti communiste français. « Il y a un préjudice qui a été subi par les automobilistes. Par conséquent, il est nécessaire qu'il y ait une réparation à l'égard des automobilistes et que cette amende soit convertie en un chèque carburant pour chaque ménage insulaire. » Selon le parti, chaque ménage pourrait toucher 1 500 €. Pour appuyer ses revendications, le parti a lancé une pétition « afin d’obtenir satisfaction ».
Salaires, TVA, carburants : les revendications du PCF
Au-delà de la redistribution de l’amende, le Parti communiste français souhaite inscrire cette action dans un combat plus global contre la vie chère en Corse. Parmi les premières mesures proposées, le parti suggère de s’inspirer du décret Lurel, déjà utilisé dans les Outre-mer, pour bloquer et faire baisser les prix à la pompe. « Il est possible de contrôler les prix et de les faire baisser », a indiqué Michel Stefani, avant de rappeler « que le ministre Serge Papin a eu une réponse tout à fait dilatoire à ce propos. » Le secrétaire régional fait référence à la séance de questions au gouvernement de ce mardi à l’Assemblée nationale.
Paul-André Colombani, député de la 2e circonscription de Corse-du-Sud, a interrogé le ministre des PME, du Commerce et de l'Artisanat sur la régulation du prix des carburants. « Depuis plus de six ans, j'interpelle votre ministère sur la situation de monopole que connaît le marché des carburants en Corse. J'ai posé de multiples questions écrites, orales, des amendements, et même une proposition de loi pour vous demander une chose simple : la régulation des prix », a-t-il rappelé en pointant que « cette régulation est la règle dans les territoires ultramarins insulaires où les décrets Lurel ont démontré leur efficacité à maîtriser les prix, et ce malgré les contraintes logistiques plus lourdes qu'en Corse ».
En réponse, Serge Papin a indiqué : « Vous évoquez la situation en Outre-mer, mais la situation de la Corse n'est pas comparable. Le prix des carburants en Corse est plus élevé pour trois raisons : il y a des surcoûts qui sont liés à la géographie, il y a la forte saisonnalité des ventes qui joue, tout comme l'absence de stations-service des enseignes des grandes et moyennes surfaces, qui fait qu’il n’y a sans doute pas assez de concurrence. » Une réponse qui ne satisfait pas le PCF. « Il s'est désintéressé de la situation que nous connaissons ici depuis près de 40 ans. Les Corses savent très bien que la vie est chère et qu'il y a des dispositifs qui sont censés garantir aux consommateurs des prix qui devraient être identiques à ceux pratiqués sur le continent. Les dispositifs en question ont été instaurés pour surmonter les handicaps d'insularité. Il faut, par conséquent, faire la clarté sur les prix pratiqués en Corse. »
Le PCF pointe également du doigt les réfactions de TVA, un allègement fiscal censé compenser le surcoût lié à l’insularité. « La question du détournement des réfactions de TVA ne peut être évacuée. Si l'Autorité de la concurrence s'est saisie en 2020 après avoir constaté une situation de monopole déjà mise en évidence par le rapport de l'Inspection générale des finances, cette dernière a également mis en évidence le mécanisme de surmarges d'autant plus incompréhensible que le taux de TVA applicable aux carburants en Corse est de sept points inférieurs à celui en vigueur sur le continent où les prix à la pompe sont quand même plus bas. Il est donc impératif de savoir pourquoi ce dispositif fiscal de solidarité nationale ne bénéficie pas aux consommateurs en Corse. »
Le parti rappelle également que la lutte contre la vie chère passe par « l’augmentation des salaires » et « la revalorisation et l'extension de la prime de vie chère ». « Il faut que des mesures soient prises et nous portons cette exigence à travers l'augmentation des salaires, la revalorisation et l'extension de la prime de vie chère à tous et aux retraités compris. »


