Sagone : après une grève surprise, les facteurs obtiennent gain de cause

Rédigé le 21/10/2025
Léana Serve

En grève ce mardi matin, les douze facteurs du secteur de Sagone dénonçaient le non-versement d’une prime d’équipe promise depuis plusieurs semaines. Après plusieurs heures d’occupation du site, un accord a été trouvé avec leur direction : 80 % de l’acompte leur sera versé avant la fin du mois. Les tournées ont repris peu après midi.

Après une grève de quelques heures, un accord a été trouvé ce mardi en fin de matinée entre les facteurs du secteur de Sagone et leur direction. L’entreprise s’est engagée à leur verser 80 % de l’acompte sur la prime d’équipe avant la fin du mois. Les agents, qui dénonçaient le non-versement de cette prime attendue depuis plusieurs semaines, ont repris leur tournée peu après midi. « Ça a été efficace », résume Émilien, l’un des grévistes. La grève avait débuté tôt dans la matinée, et aucune tournée n’avait alors été assurée dans le secteur, puisque les facteurs des anciens bureaux de Vico, Cargèse, Calcatoggio, Soccia et Guagno, désormais regroupés sur le site de Sagone, avaient décidé de faire une opération « sac à terre », une grève inopinée avec occupation du site.
 

Les douze agents dénonçaient notamment le non-versement d’une prime d’équipe attendue depuis plusieurs semaines. « Pendant des années, on était sur des sites éclatés. Mais depuis septembre 2024, on est tous au départ de Sagone sur un grand centre qui rassemble tous les facteurs du secteur », expliquait Émilien. « C’est vrai qu’on est un peu mieux équipés, par contre, tout le monde est obligé de descendre sur Sagone pour commencer sa tournée. Ça rajoute des kilomètres en tournée, et des kilomètres avec son véhicule personnel aussi, surtout pour les facteurs les plus éloignés. »
 

Face à ce constat, « la direction nous a promis une prime d'équipe ». D’un montant total annuel de 650 euros, « elle se décompose en 223 euros tous les quatre mois ». Mais selon les facteurs, aucun versement n’a été effectué ce lundi, comme cela était prévu. « En début d’année, il y avait déjà eu des problèmes avec le paiement des heures supplémentaires de la période de Noël qui avait été décalé. Il n'y avait pas eu moyen d'avoir des acomptes, et ça avait mis les agents en difficulté, moi le premier, avec forcément un décalage pour payer notre loyer. Cette fois-ci, c’est vraiment la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. »
 

Plus largement, les agents évoquaient un ras-le-bol général, lié à un sentiment d’abandon de la part de leur hiérarchie. « Les sites ruraux de ce secteur sont mis de côté, alors qu’on a le même directeur que sur le site d’Afa-Baleone », déplore Émilien. « Là-bas, les facteurs ont toujours été traités à part, et ils obtiennent parfois des avantages ou des conditions intéressantes au niveau de leur salaire. Par exemple, un facteur qui travaille sur le site d’Afa-Baleone a presque une fois et demie ou deux fois le salaire d'un facteur d'ici, et c’est quelque chose qui dure depuis des années. »
 

Ce mardi matin, les facteurs avaient donc décidé de ne pas prendre leur service, et d’occuper le site de Sagone. « On ne fait jamais grève, on n’entend jamais parler de nous parce qu’on se dit que ça va pénaliser nos clients, mais hier, personne n’a eu la prime d’équipe, on passe encore pour les dindons de la farce, et on se dit que c’est enfin l'occasion de réclamer ce qui nous est dû et de réclamer une résolution rapide », estimait l’un des facteurs. Concrètement, les agents demandaient « un versement de l’acompte avant la fin du mois ». « On nous dit que ce sera versé sur le salaire du 20 novembre, mais ce n’est pas possible ! Il y a des gens qui comptent peut-être sur cet argent, qui ont des frais immédiats ce mois-ci, alors on demande une résolution avant la fin du mois. »

En milieu de matinée, aucune avancée concrète n’avait été enregistrée. Les agents avaient pu échanger avec leur directeur, mais uniquement par téléphone. « On a un directeur distant aussi bien géographiquement que humainement. Pour l'instant ça ne se passe que par téléphone, il y aurait a priori moyen de négocier 80 % de l’acompte, mais c'est une incertitude. C'est un fonctionnement global, c'est ce manque de considération qui touche les agents, au-delà de l'argent lui-même. » Après plusieurs heures de mobilisation, les agents ont obtenu un engagement de leur direction, et ont pu débuter leur tournée peu après midi.