Le Rassemblement National, l’Union des droites pour la République et Mossa Palatina ont officialisé, samedi à Quasquara, la création d’une alliance inédite. Baptisée Unione di i Patriotti, elle vise à défendre une identité corse et à présenter des listes communes aux prochaines élections.
C’est devant la croix de Quasquara que le Rassemblement National (RN), l’Union des droites pour la République (UDR) et Mossa Palatina ont officialisé, samedi, la création d’une plateforme électorale commune. Une image symbolique, assumée par les trois mouvements comme un marqueur culturel et identitaire fort. « C’est un des symboles de ce que nous sommes, dans notre identité, dans notre culture », a justifié François Filoni, délégué territorial du RN, évoquant une volonté de s’inscrire dans une démarche « patriotique ».
Baptisée Unione di i Patriotti, cette alliance inédite vise à fédérer les différentes composantes de la droite dite souverainiste en Corse, en vue des prochaines échéances électorales. « La gauche a réussi, malgré des différences profondes, à se réunir et à proposer des candidats de qualité. Ce qui nous manquait, c’était justement cette union », a estimé François Filoni. Pour Alexandre-Guillaume Tollinchi, représentant de l’UDR, cette plateforme est une déclinaison locale de la stratégie d’union des droites portée par son mouvement au niveau national. « Depuis la création de l’UDR, nous cherchons à casser le plafond de verre pour faire en sorte que les droites puissent se parler et puissent travailler ensemble pour éviter à chaque fois de perdre les élections, ce qu’il se passe depuis des années parce que nous ne sommes pas en mesure de nous unir. »
Une plateforme fondée sur « la défense de l’identité corse »
Les trois mouvements affirment s’être retrouvés autour d’un socle idéologique commun : la défense de l’identité corse. Un thème présenté comme central dans le projet de la plateforme. « Le principal axe idéologique, c’est tout simplement la défense de l’identité », résume Alexandre-Guillaume Tollinchi, évoquant une identité « occidentale » à l’échelle nationale, et « corse » à l’échelle locale.
Nicolas Battini, leader de Mossa Palatina, insiste sur la volonté de rassembler deux électorats qui se recoupent partiellement. « Une part importante de l’électorat nationaliste vote Marine Le Pen au niveau national, mais se tourne vers des listes nationalistes aux élections locales. Le travail de Mossa Palatina au sein de cette plateforme, c’est de rallier cet électorat et de s'adresser à lui en lui disant qu’en votant Unione di i Patriotti, ils voteront pour les deux en même temps. »
Dans cette logique, la question linguistique est également mise en avant. François Filoni annonce la création d’un Institut de la protection de la langue corse, validée, selon lui, par la direction nationale du RN. « Tout le monde a convenu qu'on va mettre des moyens supplémentaires pour la langue. J'ai fait acter le principe de création de l'Institut de la protection de la langue corse par Jordan Bardella et Marine Le Pen. On va multiplier par six ou sept les moyens pour l'enseignement de la langue. Il faut permettre aussi aux adultes de l’apprendre, en dehors de l’école. »
Mossa Palatina, de son côté, revendique une approche de « corsisation de la droite » et de « droitisation du nationalisme ». « Notre démarche politique se structure autour de la volonté de sauver le peuple corse, de le défendre et de le conserver sur la terre de ses ancêtres. On se retrouve sur la nécessité de défendre des politiques qui font la part belle à la promotion linguistique, culturelle, au fait de faire en sorte que les Corses soient priorisés chez eux et qu'ils puissent rester chez eux pour vivre et travailler décemment sans avoir besoin de s'exiler et tout simplement mettre en place tout ce qui est indispensable et nécessaire à la sauvegarde d'une identité qui est quand même multiséculaire », détaille Nicolas Battini.
Des ambitions électorales
Si la création de la plateforme Unione di i Patriotti s’inscrit dans une démarche idéologique, elle marque aussi le point de départ d’une stratégie électorale structurée. Les représentants des trois mouvements l’assurent : cette alliance vise à présenter des listes communes dès les prochaines municipales. « L'objectif est très clair, et il va bien au-delà des municipales », note Nicolas Battini. « C’est une plateforme électorale que l'on veut reconduire et dont on veut se servir aussi bien pour les municipales que pour les territoriales, les législatives et que toutes les autres élections pour faire entendre la pertinence de nos arguments. Pour qu'elle s'implante vraiment et durablement en Corse, il ne faut pas faire sans les aspirations des Corses qui sont des aspirations à sauvegarder, à promouvoir ce qui fait le fond et la structure de leur identité communautaire. »
De son côté, Alexandre-Guillaume Tollinchi parle quant à lui d’une « démarche sur le moyen et le long terme ». « Aujourd'hui, on offre à ces électeurs une plateforme pour mettre leurs idées au diapason de leurs votes. Ce n'est pas une position de rejet, c'est une position d'ouverture. Notre démarche est évidemment plus large que celle des municipales, mais concernant les municipales, cette plateforme a vocation à servir de base pour la constitution de listes, à Ajaccio, Bastia ou ailleurs. Moi-même, je suis engagé à Ajaccio. Je ne sais pas encore sous quelle forme, les commissions d'investiture, notamment à l'UDR, ne sont même pas encore réunies, mais si demain je me présente et si je fais campagne, c'est pour exercer le pouvoir. Ce n'est pas pour être dans l'opposition, ça ne m'intéresse pas. »
François Filoni ajoute : « Le but, c'est de se regrouper, de faire une force à travers une plateforme où on va faire en sorte de désigner des têtes de liste. C'est une plateforme commune dans laquelle on s'engage, sur une vision des choses, avec des principes qui sont identité, liberté, méritocratie. Il y aura des candidats qui seront présentés par la plateforme et qui seront issus de Mossa Palatina, de l'UDR ou du RN. Je rappelle quand même qu’aux dernières élections législatives, le RN a fait 53 600 voix sur la Corse, c'est-à-dire qu'on est la première force de Corse, et qu'avec l'admission des autres, on est en phase de pouvoir se donner les moyens d'accéder aux affaires. L’objectif, c'est bien ça, c'est de transformer notre société pour le bonheur des Corses, pas simplement se présenter pour se présenter. »