Municipales 2026. Philippe de La Foata veut incarner « une autre vision d’Ajaccio »

Rédigé le 12/10/2025
Patrice Paquier Lorenzi

L’ancien colistier de Michel Ciccada au sein de la liste « ras-le-bol » a annoncé, très tôt, sa candidature pour les prochaines élections municipales de la Ville d’Ajaccio qui auront lieu les 15 et 22 mars prochain. Issu du mouvement national, Philippe de La Foata se montre très critique sur le bilan de l’actuelle majorité municipale et propose une autre vision pour l’Ajaccio de demain « en reconnectant une colonne vertébrale entre la place Miot, la Citadelle et l’entrée de ville ».

Vous avez annoncé très tôt, votre candidature pour les prochaines élections municipales d’Ajaccio. Quel est le sens de votre démarche ?
 Je considère que le mode de gouvernance actuel de la ville d’Ajaccio ne me convient pas, et ne convient pas non plus à de nombreux Ajacciens. La construction de la ville telle qu’elle est proposée aujourd’hui est problématique, car elle annonce une gentrification d’Ajaccio. C’est inacceptable dans une ville où j’ai notamment été représentant des commerçants et des artisans, et où j’ai demandé la création d’une zone franche justement pour anticiper les travaux et les transformations qui allaient avoir lieu. Quand on voit l’état actuel de la ville, on comprend qu’on est dans une logique de destruction du tissu ajaccien et de la vie ajaccienne.
 
En quoi cette démarche est différente de celle entreprise aux côtés de Michel Ciccada au sein de la liste « Ras le bol » ?
 La démarche telle qu’elle était proposée à l’époque n’a plus la même logique. Michel Ciccada, était quelqu’un doté d’un ton d’humoristique, qui n’hésitait pas à dire des vérités parfois piquantes, mais sans la véritable ambition de transformer Ajaccio par les leviers politiques et économiques. Par mon passé et ma construction politique, j’ai forcément un regard plus grave et plus technique, sur la situation. Quand je parle d’un dossier, c’est parce qu’on l’a travaillé et qu’on le connaît. Et surtout, on propose des alternatives en co-construction, car on a déjà commencé à discuter avec les Ajacciens et les Ajacciennes. Cela nous a permis de créer des projets cohérents, qui collent aux besoins réels du quotidien, et qui ne sont pas déconnectés de la réalité comme peuvent l’être les projets actuels de la municipalité.
 
Justement, comment jugez-vous le bilan de l’actuelle majorité municipale ?
Ils se targuent de la réalisation de beaucoup de projets, c’est vrai. Mais, quand on regarde le budget, on parle de 285 millions d’euros investis sur dix ans : en réalité, c’est environ 600 millions d’euros qui ont été injectés dans la ville via les satellites – SPL, EPIC, etc. – qui échappent souvent aux contrôles citoyens et budgétaires. Alors oui, il y a eu des choses positives : le parking de la place du Diamant agrandi, le Conservatoire qui sort de terre. En revanche, d’autres projets sont totalement hors sol : le téléphérique, par exemple, n’a pas de cohérence avec la réalité du territoire. Quant à l’écoquartier du Finosello, comment peut-on parler de résilience environnementale en y prévoyant un parking souterrain de 600 places et des logements. Je regardais encore hier la question du port Charles-Ornano, dont la concession arrive à terme. Ce serait bien que la ville récupère enfin des recettes via cette régie personnalisée, car aujourd’hui elle ne rapporte peu ou rien du tout. Il y a une opacité dans la gestion de ces structures. Je ne remets pas en cause la morale des personnes qui les dirigent, mais je dénonce le manque de transparence. Nous, on prône la transparence.
 
Vous êtes issu du mouvement national. Pourquoi ne pas avoir rejoint le camp nationaliste ?
Je pense que la division du mouvement national est préjudiciable pour la Corse, surtout quand il y a des ambitions cachées en vue des territoriales ou des élections nationales. Le vrai sujet, c’est qu’à un moment donné, il faut poser un programme clair, que les gens puissent y adhérer, l’enrichir de leur réflexion, et construire quelque chose de concret pour Ajaccio. C’est ce que nous faisons. C’est ce que je propose aux différentes composantes de la vie politique ajaccienne. Des discussions sont engagées, et on devrait aboutir très vite à quelque chose de concret.

Vous êtes opposés à la Métropolisation du Pays Ajaccien, pourquoi ?
On est dans ce que j’appelle une cavalerie institutionnelle. La ville a une dette de 86 millions d’euros et une épargne nette négative (–3 millions). Elle ne peut plus investir, alors on crée des satellites pour continuer à emprunter et dépenser. La Communauté d’Agglomération (la CAPA) devrait être un soutien à la ville, mais en réalité, elle sert surtout à financer ce que la ville ne peut plus financer elle-même. Chaque commune de la CAPA reçoit environ 1 million d’euros, la ville d’Ajaccio en reçoit trois… Ce sont surtout Ajaccio et Sarrola-Carcopino, qui en profitent réellement. Les autres communes font de la figuration. Si demain on crée une métropole, on va encore éloigner les citoyens des décisions. Il faut une concertation réelle avec la CdC et entre les communes, dans un schéma territorial clair, avec des investissements lisibles et non superposés. Aujourd’hui, c’est illisible, tout se chevauche, on n’y comprend plus rien. Je milite plutôt pour une démocratie citoyenne participative. C’est le cœur de notre projet.

 
Pouvez-vous nous présenter les grands axes de votre projet ?
Nous voulons créer un nouvel espace de vie, place Miot, avec une marina destinée aux Ajacciens avec une place transformée en jardin méditerranéen planté d’essences locales, et un parking aérien végétalisé intégré dans le paysage. Il faut reconnecter cette colonne vertébrale entre la Place Miot, la citadelle et l’entrée de ville grâce également à un éco-échangeur pour fluidifier le trafic. Concernant la citadelle, justement, cela ne doit pas devenir un Airbnb géant. C’est un lieu d’histoire. Il doit appartenir aux Ajacciens. On veut y créer un musée d’Ajaccio, un musée de la Marine, des espaces pour les artisans, la culture, les familles, les enfants… Bref, un lieu vivant, ouvert, et non réservé aux promoteurs. Nous, on peut leur montrer qu’il existe d’autres modèles. Si la ville veut jouer collectif, on peut travailler ensemble sur un plan de financement différent, plus transparent, plus participatif. Notre programme global représente environ 200 millions d’euros, et nous avons déjà identifié des pistes de financement réalistes, même dans un contexte budgétaire tendu.