Habitat marin : l’agence de l’eau renforce son plan de reconquête en Méditerranée

Rédigé le 13/07/2025
VL

Protection des nurseries côtières, réduction de la pollution plastique, restauration active de la Posidonie : face à un littoral méditerranéen fragilisé par le changement climatique, l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse muscle son intervention pour la période 2025-2030.

Habitat marin : l’agence de l’eau renforce son plan de reconquête en Méditerranée

Crédit photo Pexels

Température en hausse, pressions multiples sur le littoral, déclin de la biodiversité… La Méditerranée est en première ligne face au réchauffement climatique. Dans ce contexte, l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse annonce une série de mesures renforcées pour les cinq prochaines années. Objectif : restaurer les habitats marins dégradés et accompagner les acteurs du littoral dans cette reconquête. « Plus la nature est forte, mieux elle résiste », rappelle l’agence, qui consacre chaque année près de 100 millions d’euros à la protection du littoral méditerranéen. Un effort qui s’inscrit dans les engagements pris lors de la dernière Conférence des Nations Unies sur l’océan.

Premier axe : les nurseries naturelles, souvent détruites par les aménagements du littoral. L’agence ambitionne de restaurer 100 % des fonctions écologiques des zones côtières altérées, notamment via l’équipement de ports en modules artificiels pour la faune juvénile. Après 56 ports aménagés depuis 2019, 34 supplémentaires devraient l’être d’ici 2030, avec l’espoir d’une hausse de 20 à 40 % des populations de poissons juvéniles.

Autre priorité : la réduction des apports de plastiques, notamment lors des épisodes de pluie. Des filets de rétention seront installés sur les réseaux d’assainissement et les vallons côtiers, afin de piéger les déchets avant qu’ils n’atteignent la mer.

Un effort spécifique sur la Posidonie
L’agence de l’eau se félicite par ailleurs d’une amélioration de l’état des herbiers de Posidonie, notamment en lien avec la baisse des mouillages anarchiques. Grâce à la réglementation et à l’installation de zones de mouillage encadrées, le nombre de mouillages de navires de plus de 24 mètres sur les herbiers a chuté de 93 % entre 2022 et 2024. Des signes encourageants sont observés à Marseille ou encore en Corse orientale, où les herbiers recolonisent naturellement les zones côtières. Des programmes comme REPIC ou PRIME permettent aussi la transplantation manuelle de Posidonie dans les zones impactées, avec à ce jour une estimation de 100 hectares restaurables par cette méthode sur l’ensemble de la façade méditerranéenne française.

Mais malgré ces avancées, des fragilités persistent. L’agence reconnaît que certaines portions du littoral restent en mauvais état : à Fos-sur-Mer, entre Fréjus et Sainte-Maxime, ou encore autour de Bastia, où les herbiers sont plus dégradés. En parallèle, les milieux sableux, longtemps négligés, font l’objet de nouvelles études tant leur biodiversité s’avère plus riche qu’attendu. « Nous ne minimisons pas les défis à venir », admet Nicolas Mourlon, directeur général de l’agence de l’eau. L’agence prévoit désormais des aides pouvant aller jusqu’à 80 % pour soutenir les projets locaux. Une dynamique de long terme, insiste-t-il, qui repose sur l’engagement des élus, des services de l’État, des gestionnaires, mais aussi des usagers et des acteurs économiques.