Encourager des lycéennes à se lancer dans les métiers techniques et industriels de l’énergie, une filière surreprésentée par les hommes, c’est l’objectif du challenge Energie mixte 2025, auquel ont participé onze Porto-Vecchiaises de Terminale. Leur projet, le seul présenté en Corse, a été récompensé par une deuxième place, parmi onze établissements participants.
Ce challenge était organisé pour la septième année consécutive par le Campus d’Excellence Industrie du futur Sud, avec le soutien méthodologique de l’association IPE (Ingénieurs pour l’école). Il bénéficie de l’appui du groupe EDF, dans le cadre de sa convention avec la Région académique Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et comme c’est le cas depuis 2023, l’académie de Corse a été conviée à présenter un projet. Le choix s’est porté sur la classe de Terminale inscrite en spécialité physique, chimie et NSI (numérique et services de l’informatique) du lycée Jean-Paul de Rocca-Serra de Porto-Vecchio. Mais pas la classe dans son entièreté : seulement les jeunes filles qui la composent, soit « entre 35 à 40 % » des élèves que Franck Canu, leur professeur de physique chimie, a eu en classe durant l’année scolaire.
"Il faut faire du lobbying pour convaincre des lycéennes..."
Un concours réservé aux filles ? Loin d’être une mauvaise idée, estime le professeur porto-vecchiais, « car on a un gros souci pour avoir des filles dans l’enseignement de cette spécialité. Suite à la réforme du bac, beaucoup de lycéennes font le choix de filière SES (sciences économiques et sociales) ou HGGSP (histoire géographie, géopolitique et sciences politiques) », constate le professeur, qui estime que l’ancien bac S (scientifique) permettait de brasser plus large, convaincant dès lors plus de lycéennes à suivre la voie des métiers techniques de l’énergie. « Or, aujourd’hui, il faut faire du lobbying pour convaincre des lycéennes d’aller dans notre spécialité », déplore M. Canu. Et quand bien même, « la majorité de celles qu’on a en cours veulent faire médecine », pointe le professeur, inquiet de voir le fossé potentiellement se creuser dans le secteur de l'industrie de l'énergie, au détriment des femmes.
Responsable du pôle étude et raccordement chez EDF, Florence Bodilis a encadré les onze lycéennes porto-vecchiaises durant leur projet. Et elle n’est pas forcément d’accord avec le constat dressé par Franck Canu : « Je trouve qu’aujourd’hui , il y a plus de femmes qu’à mon époque dans ces secteurs. Mais oui, ça reste compliqué, car ça évolue trop timidement. Je pense que c’est dû à une méconnaissance de ces métiers. Beaucoup de filles continuent de penser que ces métiers techniques sont faits par des hommes. » C’est toute l’ambition de ce challenge Energie mixte : « Sensibiliser les jeunes filles à l’importance de la mixité professionnelle dans un secteur encore largement masculin, afin d’identifier et déconstruire les stéréotypes qui influencent leurs choix d’orientation », développe sur son site internet l’académie PACA, qui a initié ce challenge.
"Un débat féministe" avec un camarade masculin
Les lycéennes porto-vecchiaises n’y voient aucune discrimination : « C’est pour permettre de favoriser l’accès à des métiers auxquels en tant que jeune fille, on n’aurait pas forcément pensé », souligne Maria Gomes Barros, qui confie avoir eu « un débat féministe » avec un de ses camarades garçons, qui ne comprenait pas pourquoi ce projet était réservée aux seules filles de la classe. Pour autant, la lycéenne ne changera pas de vocation professionnelle : « Je veux être médecin. Mais je ne connaissais pas du tout ces métiers, et j’ai pu découvrir qu’on pouvait être médecin dans l’industrie. Ca me donne des idées pour plus tard. »
"Il faut faire du lobbying pour convaincre des lycéennes..."
Un concours réservé aux filles ? Loin d’être une mauvaise idée, estime le professeur porto-vecchiais, « car on a un gros souci pour avoir des filles dans l’enseignement de cette spécialité. Suite à la réforme du bac, beaucoup de lycéennes font le choix de filière SES (sciences économiques et sociales) ou HGGSP (histoire géographie, géopolitique et sciences politiques) », constate le professeur, qui estime que l’ancien bac S (scientifique) permettait de brasser plus large, convaincant dès lors plus de lycéennes à suivre la voie des métiers techniques de l’énergie. « Or, aujourd’hui, il faut faire du lobbying pour convaincre des lycéennes d’aller dans notre spécialité », déplore M. Canu. Et quand bien même, « la majorité de celles qu’on a en cours veulent faire médecine », pointe le professeur, inquiet de voir le fossé potentiellement se creuser dans le secteur de l'industrie de l'énergie, au détriment des femmes.
Responsable du pôle étude et raccordement chez EDF, Florence Bodilis a encadré les onze lycéennes porto-vecchiaises durant leur projet. Et elle n’est pas forcément d’accord avec le constat dressé par Franck Canu : « Je trouve qu’aujourd’hui , il y a plus de femmes qu’à mon époque dans ces secteurs. Mais oui, ça reste compliqué, car ça évolue trop timidement. Je pense que c’est dû à une méconnaissance de ces métiers. Beaucoup de filles continuent de penser que ces métiers techniques sont faits par des hommes. » C’est toute l’ambition de ce challenge Energie mixte : « Sensibiliser les jeunes filles à l’importance de la mixité professionnelle dans un secteur encore largement masculin, afin d’identifier et déconstruire les stéréotypes qui influencent leurs choix d’orientation », développe sur son site internet l’académie PACA, qui a initié ce challenge.
"Un débat féministe" avec un camarade masculin
Les lycéennes porto-vecchiaises n’y voient aucune discrimination : « C’est pour permettre de favoriser l’accès à des métiers auxquels en tant que jeune fille, on n’aurait pas forcément pensé », souligne Maria Gomes Barros, qui confie avoir eu « un débat féministe » avec un de ses camarades garçons, qui ne comprenait pas pourquoi ce projet était réservée aux seules filles de la classe. Pour autant, la lycéenne ne changera pas de vocation professionnelle : « Je veux être médecin. Mais je ne connaissais pas du tout ces métiers, et j’ai pu découvrir qu’on pouvait être médecin dans l’industrie. Ca me donne des idées pour plus tard. »
Les jeunes Porto-Vecchiaises venant de passer le bac, « elles ont déjà fait leurs choix sur Parcoursup... », souligne Florence Bodilis, qui suggère de proposer plutôt ce type de challenge à des élèves un peu plus jeunes, « de seconde ou de première », pour les inciter à choisir cette voie des métiers techniques de l’industrie énergétique. Parmi les lauréates du concours, c’est la vocation d’Emma Perche, qui veut travailler dans l’aéronautique, « depuis que je suis tout petite, et ce n’est pas parce que je suis une femme que je ne pourrai pas réussir », rappelle-t-elle, déterminée.
"Tricastin, ça fait dix fois la taille de Gedimat..."
Ce challenge, s’il ne chamboulera probablement pas les plans de carrière des lycéennes porto-vecchiaises primées, a déjà le mérite de « valoriser la réussite des filles dans la filière », se réjouit Franck Canu, qui s’en servira d’exemple pour convaincre, demain, des lycéennes de se projeter dans cette voie-là. Mais il est conscient qu’en Corse, les débouchés dans l’industrie de l’énergie demeurent rares : « Oui, il y en a très peu. A tel point que nous, professeurs, on a du mal à leur montrer des mises en situation. Quand elles voient une centre nucléaire comme Tricastin qui fait dix fois la taille de Gedimat... »
S’il parle de Tricastin, c’est parce que c’est là-bas que les lycéennes porto-vecchiaises sont parties recevoir leur 2e prix, le 13 mai dernier. Devant un jury de professionnels de l’industrie de l’énergie et de l’Education nationale, elles ont présenté et défendu leur projet, qui était de concevoir un jeu de société pédagogique avec des QR-Code donnant accès à des questions sur les centrales nucléaires, la transition énergétique ou bien la place des femmes dans l’industrie de l’énergie. Florence Bodilis n’a pas tari d’éloges sur leur prestation : « Vous avez été incroyables au moment de la présentation. Quand vous avez terminé, je me suis dit : que pouvaient-elles faire de mieux ? Pour la suite, je vous dit d’oser. Et si on vous dit que ce n’est pas possible, allez-y encore plus ! » L’une des lycéennes porto-vecchiaises, Livia Francesconi, ne tire que du positif de cette expérience : « Ca nous a donné la force d’aller jusqu’au bout de nos projets. »
"Tricastin, ça fait dix fois la taille de Gedimat..."
Ce challenge, s’il ne chamboulera probablement pas les plans de carrière des lycéennes porto-vecchiaises primées, a déjà le mérite de « valoriser la réussite des filles dans la filière », se réjouit Franck Canu, qui s’en servira d’exemple pour convaincre, demain, des lycéennes de se projeter dans cette voie-là. Mais il est conscient qu’en Corse, les débouchés dans l’industrie de l’énergie demeurent rares : « Oui, il y en a très peu. A tel point que nous, professeurs, on a du mal à leur montrer des mises en situation. Quand elles voient une centre nucléaire comme Tricastin qui fait dix fois la taille de Gedimat... »
S’il parle de Tricastin, c’est parce que c’est là-bas que les lycéennes porto-vecchiaises sont parties recevoir leur 2e prix, le 13 mai dernier. Devant un jury de professionnels de l’industrie de l’énergie et de l’Education nationale, elles ont présenté et défendu leur projet, qui était de concevoir un jeu de société pédagogique avec des QR-Code donnant accès à des questions sur les centrales nucléaires, la transition énergétique ou bien la place des femmes dans l’industrie de l’énergie. Florence Bodilis n’a pas tari d’éloges sur leur prestation : « Vous avez été incroyables au moment de la présentation. Quand vous avez terminé, je me suis dit : que pouvaient-elles faire de mieux ? Pour la suite, je vous dit d’oser. Et si on vous dit que ce n’est pas possible, allez-y encore plus ! » L’une des lycéennes porto-vecchiaises, Livia Francesconi, ne tire que du positif de cette expérience : « Ca nous a donné la force d’aller jusqu’au bout de nos projets. »