À Bastia, l’État renforce les contrôles au port à l’arrivée des ferries

Rédigé le 25/06/2025
Léana Serve

À l’arrivée du ferry Paglia Orba ce mercredi matin à Bastia, une opération de contrôle d’envergure a mobilisé forces de l’ordre, douanes, services vétérinaires et inspection du travail. Aucun délit n’a été constaté, mais l’enjeu était aussi symbolique : marquer la présence de l’État à l’entrée de l’île et renforcer la prévention à l’approche de la saison touristique.

“Vous coupez le moteur et vous présentez votre permis et la carte grise du véhicule.” Il est un peu plus de 7h15 à Bastia lorsque le navire Paglia Orba de la compagnie maritime Corsica Linea amarre dans le port. Sur le quai, une vaste opération de contrôles, coordonnée par plusieurs services, se prépare. “Le quotidien des forces de sécurité intérieure, c’est de contrôler les aires d'accès aux départements, comme les ports et les aéroports, et c’est d’autant plus important de le faire à l’orée de l’été et de la saison, où nous avons plus de monde, mais également plus de marchandises qui entrent dans l’île. Le ministre de l'Intérieur nous a demandé, au titre du plan d’action départemental de restauration de la sécurité au quotidien, d’agir et de multiplier les contrôles, et nous sommes au rendez-vous”, indique Michel Prosic, préfet de Haute-Corse.
 

En ce mercredi matin, l’opération, menée conjointement par la police aux frontières, les douanes, la brigade cynophile, les services vétérinaires, l’inspection du travail et la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, s’est déroulée à deux endroits stratégiques : “la sortie du bateau pour le contrôle des piétons, et la sortie du port pour le contrôle des véhicules”. À la descente des premiers passagers, l’opération se met rapidement en place. Les agents de la police invitent les vacanciers ciblés à se décaler sur le côté, à l’écart du flux principal. Une fois isolés, ils sont priés de présenter leurs pièces d’identité. Pendant ce temps, la brigade cynophile s’approche pour inspecter les bagages un à un. Le malinois, formé à détecter les stupéfiants, passe méticuleusement sur les valises, sacs et cabas posés à terre.

Un peu plus loin, à la sortie du port de commerce, d’autres policiers procèdent au contrôle des véhicules - voitures et poids lourds - accompagnés des services vétérinaires, de la douane et de l’inspection du travail. L’objectif, au-delà de contrôler les identités, est de mener une vérification plus large des flux entrants. Les agents des services vétérinaires examinent notamment les carnets de santé et passeports des animaux transportés, afin de s’assurer du respect des obligations sanitaires. L’inspection du travail, quant à elle, veille à la régularité des salariés, traquant notamment les infractions liées au non-respect au travail dissimulé ou aux conditions de travail.

Cette opération a été plutôt bien reçue par les passagers contrôlés. “On a été contrôlé à notre embarquement à Marseille, et maintenant ici. Je trouve que c’est rassurant de voir que tout est surveillé”, déclare une vacancière, valise et sacs à la main. “Je viens ici tous les ans, je n’ai jamais été contrôlée, mais je comprends pourquoi cette opération est mise en place. Ça rassure, il y a une certaine sécurité”, indique pour sa part une autre passagère, alors que le chien de la brigade cynophile inspecte son véhicule.


Pas de saisies, mais une présence affirmée

Après presque une heure de contrôles, aucune infraction n’a été signalée et tous les passagers ont pu regagner leur lieu de vacances. Malgré ce résultat, la police s’estime satisfaite de l’opération. “Nous n’avons pas eu de résultats aujourd’hui en termes judiciaire, et finalement nous en sommes assez heureux. En revanche, nous avons encore une fois montré la présence de l'État. Il est important pour nous de montrer à nos touristes que nous sommes là pour veiller sur eux, et que nous sommes là pour faire en sorte que les règles soient respectées, et c'est une façon de le montrer en étant sur le port et dans la gestion des flux comme aujourd'hui”, explique Anne Valla, directrice interdépartementale de la police nationale de Haute-Corse.
 

Pour le préfet de Haute-Corse, il est nécessaire que les services de l’État poursuivent ces contrôles. “Les chiffres, depuis le début de l'année, nous montrent que nous sommes sur le bon chemin, avec des saisies de stupéfiants en hausse et des mises en cause en hausse également dans le département. Nous avons déjà saisi 15 kilos de cocaïne, 76 kilos de cannabis, et 155 personnes ont été mises en cause dans des affaires de stupéfiants. Nous travaillons aussi sur d’autres trafics, comme les cigarettes ou les marchandises illégales. Aujourd'hui, le résultat est négatif, mais ce n'est pas grave. L'essentiel, c'est que nous soyons présents, et que nous multipliions les contrôles pour augmenter les chances d’agir et d’avoir des résultats.”

Si les agents étaient là pour contrôler, la police assure que l’objectif était aussi de sensibiliser les citoyens, et notamment les vacanciers à leur arrivée en Corse. “Nous en profitons également pour évoquer la prévention autour de la sécurité routière. Nous savons que même si le paysage est beau, nos routes sont étroites et sinueuses, et nous essayons de prévenir nos touristes afin qu’ils soient très vigilants sur la route”, détaille Anne Valla. L’opération s’est poursuivie avec le contrôle du navire A Galeotta de Corsica Linea. Selon la police, ces opérations ont lieu régulièrement en haute saison, à raison “d’un ou deux contrôles coordonnés par semaine, en plus des contrôles réalisés indépendamment par chaque service”. Le but, comme l’indique le préfet de Haute-Corse, reste de “protéger nos concitoyens”.