Alors que la Corse s’apprête à entrer dans une nouvelle saison estivale sous haute tension, lors d'une conférence de presse ce jeudi, les responsables d'EDF Corse ont affirmé avoir pris toutes les mesures nécessaires pour faire face au "pic" et garantir l’alimentation électrique de l’île.
Le réseau électrique de la Corse tiendra-t-il tout au long de la saison sans rencontrer d’incident ? La question se repose chaque année à l’aune de l’été, alors que l’île se prépare à recevoir des centaines de milliers de touristes et à expérimenter des températures caniculaires. De quoi engendrer un « pic » de consommation important qui n’inquiète cependant pas outre mesure EDF Corse. À l’occasion d’une conférence de presse à Ajaccio ce jeudi matin, ses responsables ont souhaité porter un éclairage sur la situation du système électrique de la Corse avant l’été.
« L’été est pour nous une saison particulière puisqu’on change de façon assez radicale de configuration pour le système électrique. C’est pour nous la période la plus sensible », convient Patrice Rossi, directeur adjoint d’EDF Corse, en confiant qu’entre mi-juin et mi-septembre le fournisseur d’électricité doit s’adapter à des enjeux spécifiques, encore accrus sur la période tendue entre mi-juillet et mi-août. « Chaque année, on voit le pic de l’été augmenter de plus en plus », pose le directeur adjoint d’EDF Corse en pointant des températures de plus en plus chaudes couplées au développement de nouveaux usages comme la consommation des véhicules électriques et les climatisations de plus en plus nombreuses. Si bien qu’entre l’été 2023 et 2024, la consommation a augmenté d’une vingtaine de mégawatts. Une quantité d’énergie « assez énorme » selon les représentants d’EDF qui souligne que cela revient par exemple à devoir démarrer un moteur en plus sur la centrale du Vazzio.
Plus loin, au niveau même de la configuration du système électrique corse, l’été se distingue également du reste de l’année. Pour rappel, le mix énergétique insulaire dépend aujourd’hui d’une production répartie entre les centrales thermiques de Lucciana et du Vazzio, de turbines à combustion, de quatre grandes vallées hydrauliques, des liaisons avec l’Italie et la Sardaigne et des énergies renouvelables. « En tout cela représente 1000 mégaWatts de puissance théoriquement accessible », indique Amandine Bono, cheffe du service gestion du système électrique, « Sauf qu’en été à la pointe de consommation du soir, entre 19h et 21h, finalement on a moitié moins de puissance, ce qui rend l’exercice de l’équilibre offre-demande délicat. L’été dernier, nous avions par exemple une consommation à la pointe du soir de l’ordre de 440 mégawatts, pour une puissance disponible avec les moyens conventionnels de 455 MW ». Une marge très réduite qui découle de plusieurs facteurs. « L’été, nous avons d’abord des contraintes pour produire de l’énergie hydraulique. Nous ne pouvons pas utiliser l’eau des grands barrages comme nous le faisons durant le reste de l’année, déjà parce qu’il y a très peu d’entrant entre le mois de mai et le mois d’octobre, mais aussi pour des conditions de sûreté et parce qu’en plus nous devons partager la quantité d’eau disponible avec l’eau potable et l’eau agricole », détaille-t-elle. Par ailleurs, les liaisons avec l’Italie et la Sardaigne sont limitées et ne fournissent que 25 mégawatts à la pointe du soir sur les 100 mégawatts habituels. « Nous avons aussi des contraintes de congestion sur nos réseaux qui font que nous avons des difficultés à acheminer l’énergie depuis les moyens de production, plutôt installés dans la zone nord, vers les zones de consommation qui sont plutôt concentrées dans le sud durant la période estivale », ajoute la cheffe du service gestion du système électrique en notant encore : « Si elle nous aide en journée, le soir nous n’avons pas de production photovoltaïque et donc nous ne pouvons pas compter sur les plus de 200 mégawatts qui sont produits par cette source pour satisfaire la consommation ».
Pas de signaux d'alerte particulier sur les aménagements
Pour autant, du côté du fournisseur d’énergie on dit aborder la saison « plutôt sereinement ». « Beaucoup plus que l’année dernière où il manquait un groupe de production de 16 mégawatts à la centrale de Lucciana et où nous avions des difficultés sur l'approvisionnement en fioul de la centrale du Vazzio. Tout cela est rentré dans l'ordre et, pour l'instant, on n'a pas de signaux d'alerte particuliers sur nos aménagements », dévoile Amandine Bono en glissant que les équipes d’EDF se sont parées au mieux pour préparer l’été. « Les maintenances ont été faites sur tous nos moyens de production et nos réseaux pour être sûr d'avoir une disponibilité maximale, nos retenues d’eau sont remplies à 98%, et nous avons des moyens supplémentaires qui ont été approvisionnés avec 52 mégawatts de groupes électrogènes qui sont sur le territoire et qui sont mobilisables en moins de 15 minutes. De plus, nos équipes sont organisées pour intervenir rapidement lorsqu'il y a des aléas », détaille-t-elle.
En parallèle, EDF compte également jouer sur la demande en comptant sur la coopération des consommateurs. Pour ce faire, depuis 3 ans eCorsicaWatt, « la météo électrique de la Corse », vient les informer en direct de la situation du réseau. « Cette application disponible sur mobile sensibilise les usagers et les invitent à décaler leurs usages en fonction de la demande. Quand on a un signal vert, c'est que le réseau est détendu et qu’il n'y a pas d'alerte particulière. Si on a un signal orange, c’est que les marges se réduisent et donc il est bien de modérer ou décaler ses usages. Et quand on a un signal rouge, c’est que nous sommes dans une situation très contrainte où il faut vraiment réduire ses usages pour éviter d’avoir une coupure électrique », éclaircit Amandine Bono en indiquant que les données d’eCorsicaWatt seront cette année très largement relayées afin de toucher tous les consommateurs, qu’ils soient locaux ou touristes. « Cette année, nous faisons aussi apparaitre des tranches horaires grises, qui correspondent au moment où l'électricité est la plus carbonée, où il faut donc réduire ou décaler sa consommation », précise Mario Capaï, directeur de cabinet d’EDF Corse.
Des aménagements qui permettront de détendre la situation dans les prochaines années
Mais malgré toutes ces précautions, les équipes du fournisseur d’énergie concèdent toutefois que le retour d’expérience des années passées a démontré que des incertitudes sont toujours présentes. À l’instar d’aléas techniques comme l’été dernier où un accrochage du câble SARCO entre la Corse et la Sardaigne avait privé l’île de cette liaison entre fin juin et début août. « Il peut se passer beaucoup de choses que nous ne maitrisons pas complètement, même si nous essayons de prévoir le maximum de choses », souffle Amandine Bono en notant que dans les prochaines années plusieurs évolutions devraient détendre la situation à l’instar de la future centrale du Ricanto, de la fin du chantier SACOI 3 d’ici 2030 qui renforcera les liaisons avec la Sardaigne et l’Italie, ou encore de la future station de transfert de l’énergie par pompage (STEP) de Lugo di Nazza- Ghisoni qui permettra de « pouvoir utiliser les 44 mégawatts de Sampolo tous les jours à la pointe du soir ». « Ce sera un levier intéressant pour l’équilibre offre-demande », appuie la cheffe du service gestion du système électrique, « Le dossier est en cours de finalisation et est suspendu à la validation de la PPE ». En attendant, pour inciter les consommateurs à décaler leurs usages en dehors de la tranche 19h-21h, une expérimentation est en cours pour mettre en place des heures creuses aux heures du pic solaire, afin de pouvoir bénéficier de la production photovoltaïque.
« L’été est pour nous une saison particulière puisqu’on change de façon assez radicale de configuration pour le système électrique. C’est pour nous la période la plus sensible », convient Patrice Rossi, directeur adjoint d’EDF Corse, en confiant qu’entre mi-juin et mi-septembre le fournisseur d’électricité doit s’adapter à des enjeux spécifiques, encore accrus sur la période tendue entre mi-juillet et mi-août. « Chaque année, on voit le pic de l’été augmenter de plus en plus », pose le directeur adjoint d’EDF Corse en pointant des températures de plus en plus chaudes couplées au développement de nouveaux usages comme la consommation des véhicules électriques et les climatisations de plus en plus nombreuses. Si bien qu’entre l’été 2023 et 2024, la consommation a augmenté d’une vingtaine de mégawatts. Une quantité d’énergie « assez énorme » selon les représentants d’EDF qui souligne que cela revient par exemple à devoir démarrer un moteur en plus sur la centrale du Vazzio.
Plus loin, au niveau même de la configuration du système électrique corse, l’été se distingue également du reste de l’année. Pour rappel, le mix énergétique insulaire dépend aujourd’hui d’une production répartie entre les centrales thermiques de Lucciana et du Vazzio, de turbines à combustion, de quatre grandes vallées hydrauliques, des liaisons avec l’Italie et la Sardaigne et des énergies renouvelables. « En tout cela représente 1000 mégaWatts de puissance théoriquement accessible », indique Amandine Bono, cheffe du service gestion du système électrique, « Sauf qu’en été à la pointe de consommation du soir, entre 19h et 21h, finalement on a moitié moins de puissance, ce qui rend l’exercice de l’équilibre offre-demande délicat. L’été dernier, nous avions par exemple une consommation à la pointe du soir de l’ordre de 440 mégawatts, pour une puissance disponible avec les moyens conventionnels de 455 MW ». Une marge très réduite qui découle de plusieurs facteurs. « L’été, nous avons d’abord des contraintes pour produire de l’énergie hydraulique. Nous ne pouvons pas utiliser l’eau des grands barrages comme nous le faisons durant le reste de l’année, déjà parce qu’il y a très peu d’entrant entre le mois de mai et le mois d’octobre, mais aussi pour des conditions de sûreté et parce qu’en plus nous devons partager la quantité d’eau disponible avec l’eau potable et l’eau agricole », détaille-t-elle. Par ailleurs, les liaisons avec l’Italie et la Sardaigne sont limitées et ne fournissent que 25 mégawatts à la pointe du soir sur les 100 mégawatts habituels. « Nous avons aussi des contraintes de congestion sur nos réseaux qui font que nous avons des difficultés à acheminer l’énergie depuis les moyens de production, plutôt installés dans la zone nord, vers les zones de consommation qui sont plutôt concentrées dans le sud durant la période estivale », ajoute la cheffe du service gestion du système électrique en notant encore : « Si elle nous aide en journée, le soir nous n’avons pas de production photovoltaïque et donc nous ne pouvons pas compter sur les plus de 200 mégawatts qui sont produits par cette source pour satisfaire la consommation ».
Pas de signaux d'alerte particulier sur les aménagements
Pour autant, du côté du fournisseur d’énergie on dit aborder la saison « plutôt sereinement ». « Beaucoup plus que l’année dernière où il manquait un groupe de production de 16 mégawatts à la centrale de Lucciana et où nous avions des difficultés sur l'approvisionnement en fioul de la centrale du Vazzio. Tout cela est rentré dans l'ordre et, pour l'instant, on n'a pas de signaux d'alerte particuliers sur nos aménagements », dévoile Amandine Bono en glissant que les équipes d’EDF se sont parées au mieux pour préparer l’été. « Les maintenances ont été faites sur tous nos moyens de production et nos réseaux pour être sûr d'avoir une disponibilité maximale, nos retenues d’eau sont remplies à 98%, et nous avons des moyens supplémentaires qui ont été approvisionnés avec 52 mégawatts de groupes électrogènes qui sont sur le territoire et qui sont mobilisables en moins de 15 minutes. De plus, nos équipes sont organisées pour intervenir rapidement lorsqu'il y a des aléas », détaille-t-elle.
En parallèle, EDF compte également jouer sur la demande en comptant sur la coopération des consommateurs. Pour ce faire, depuis 3 ans eCorsicaWatt, « la météo électrique de la Corse », vient les informer en direct de la situation du réseau. « Cette application disponible sur mobile sensibilise les usagers et les invitent à décaler leurs usages en fonction de la demande. Quand on a un signal vert, c'est que le réseau est détendu et qu’il n'y a pas d'alerte particulière. Si on a un signal orange, c’est que les marges se réduisent et donc il est bien de modérer ou décaler ses usages. Et quand on a un signal rouge, c’est que nous sommes dans une situation très contrainte où il faut vraiment réduire ses usages pour éviter d’avoir une coupure électrique », éclaircit Amandine Bono en indiquant que les données d’eCorsicaWatt seront cette année très largement relayées afin de toucher tous les consommateurs, qu’ils soient locaux ou touristes. « Cette année, nous faisons aussi apparaitre des tranches horaires grises, qui correspondent au moment où l'électricité est la plus carbonée, où il faut donc réduire ou décaler sa consommation », précise Mario Capaï, directeur de cabinet d’EDF Corse.
Des aménagements qui permettront de détendre la situation dans les prochaines années
Mais malgré toutes ces précautions, les équipes du fournisseur d’énergie concèdent toutefois que le retour d’expérience des années passées a démontré que des incertitudes sont toujours présentes. À l’instar d’aléas techniques comme l’été dernier où un accrochage du câble SARCO entre la Corse et la Sardaigne avait privé l’île de cette liaison entre fin juin et début août. « Il peut se passer beaucoup de choses que nous ne maitrisons pas complètement, même si nous essayons de prévoir le maximum de choses », souffle Amandine Bono en notant que dans les prochaines années plusieurs évolutions devraient détendre la situation à l’instar de la future centrale du Ricanto, de la fin du chantier SACOI 3 d’ici 2030 qui renforcera les liaisons avec la Sardaigne et l’Italie, ou encore de la future station de transfert de l’énergie par pompage (STEP) de Lugo di Nazza- Ghisoni qui permettra de « pouvoir utiliser les 44 mégawatts de Sampolo tous les jours à la pointe du soir ». « Ce sera un levier intéressant pour l’équilibre offre-demande », appuie la cheffe du service gestion du système électrique, « Le dossier est en cours de finalisation et est suspendu à la validation de la PPE ». En attendant, pour inciter les consommateurs à décaler leurs usages en dehors de la tranche 19h-21h, une expérimentation est en cours pour mettre en place des heures creuses aux heures du pic solaire, afin de pouvoir bénéficier de la production photovoltaïque.