Vilayet Saint-Dominique de Bastia : un collectif citoyen pour respecter la volonté du légataire ?

Rédigé le 17/05/2025
Léana Serve

Toujours en vente cinq mois après sa mise sur le marché, le site du Vilayet Saint-Dominique, composé d’un terrain de 11 870 m² et d’une surface bâtie de 850 m² sur les hauteurs de Bastia, légué en 1910 à l’hospice civil de Bastia par Aimé Sisco, suscite de nouvelles réactions. La dernière en date émane Parti communiste français - Section de Bastia, et de Michel Stefani qui appellent à un projet public tourné vers le social. Pour soutenir cette démarche, le parti annonce la création d’un collectif citoyen.

 Vilayet Saint-Dominique de Bastia : un collectif citoyen pour respecter la volonté du légataire ?

Crédit photos : Ferdinand Simeoni

Vilayet Saint-Dominique, un site situé sur les hauteurs de la ville, et toujours en vente plus de cinq mois après sa mise sur le marché, fait encore parler de lui. Le bien appartient au centre hospitalier de Bastia, qui a lancé une procédure de vente au mois de décembre 2024. À l’époque, la décision avait notamment suscité une première réaction du PCF, qui n'avait pas manqué d'exprimer ses inquiétudes sur l’avenir de ce site dont beaucoup de Bastiais ignorent jusqu'à l'existence. 
Pourtant…
 Composé d’un terrain de 11 870 m² et d’une surface bâtie de 850 m², le Vilayet Saint-Dominique avait été légué le 20 août 1910 à l’hospice civil de Bastia par Aimé Sisco, alors responsable de la compagnie des transports maritimes à vapeur à Marseille.
Lors de sa mise en vente, le PCF avait rappelé que ce bien immobilier “provient d’un legs testamentaire avec l’obligation de satisfaire à un objet social et non lucratif”. Un point sur lequel le parti insiste encore. “Il y a d'abord le respect de ce que le légataire a signifié au moment où il a fait le legs à l'hospice. Aimé Sisco a fait ce legs avec une demande et une volonté de maintenir ce lieu dans la sphère sociale, et c'est la raison pour laquelle le bien est revenu à l’hôpital de Bastia”, explique Michel Stefani, secrétaire régional du Parti communiste en Corse.

Pour lui, le site présente un intérêt qui dépasse sa seule valeur immobilière. “Il y a un parc relativement important et arboré, et un bâti de plus de 800 m². C’est un élément du patrimoine de la ville et de la Corse, et il mériterait quand même d’être préservé.” Michel Stefani évoque également le fait que ce bien pourrait être vendu “à la découpe”, c’est-à-dire séparé en plusieurs lots, ce qui, selon lui, irait à l’encontre de la cohérence et de l’intérêt global du site. “Ce choix ne fait qu’aggraver le risque de voir la volonté du légataire détournée dans une opération privée possiblement spéculative”, déclare-t-il. Contacté, le centre hospitalier de Bastia n’a pour le moment pas répondu à nos sollicitations.


Un appel à la mobilisation des institutions

 Vilayet Saint-Dominique de Bastia : un collectif citoyen pour respecter la volonté du légataire ?

Vue imprenable sur le Vieux-port et la mer

Dans son communiqué, le PCF avance plusieurs pistes d’aménagement pour le Vilayet Saint-Dominique. Le lieu pourrait, selon lui, accueillir un établissement destiné aux personnes âgées, ou au contraire être tourné vers la jeunesse, sous la forme d’un centre d’accueil ou d’activités. “Tout ça se réfléchit, en tout cas l’important est de rester dans un cadre conforme à la volonté du légataire”, estime Michel Stefani. Le parti insiste sur la nécessité de conserver l’ensemble du site, sans dissocier le bâtiment du jardin.
 

Pour porter un tel projet, le PCF propose de faire appel à l’Office foncier de la Corse, un établissement public déjà sollicité “quand il s’agissait de préserver les maisons des Américains ou pour l’opération dite de l'îlot de la Poste à Bastia”, et qui “peut jouer un rôle déterminant dans l’accomplissement d’un tel projet”. Michel Stefani suggère également que la ville de Bastia soit désignée comme “chef de file” afin de lancer “un appel à projet” associant la Collectivité de Corse, la ville de Bastia, la Communauté d’Agglomération de Bastia, le ministère de la Santé et l'Agence Régionale de la Santé et le centre hospitalier de Bastia. Contactée, la mairie n’a pas souhaité réagir.

Souhaitant poursuivre cette démarche, le PCF annonce la création prochaine d’un collectif citoyen. Selon Michel Stefani, une vingtaine de personnes ont déjà adhéré à ce projet. “L’intérêt, c’est que les usagers puissent profiter de tout le parc. Si le jardin est vendu séparément, cela n’a plus le même sens”, explique-t-il. Il précise aussi que ce collectif pourrait entreprendre des actions si le site venait à être vendu à un acteur privé. “Ce serait scandaleux, d’abord parce que ça trahirait la volonté du légataire, et ensuite parce que ce serait très probablement une opération spéculative. Il ne faut pas se faire d’illusions.”