La pianiste Marina Luciani prépare son premier album

Rédigé le 09/05/2025
Christophe Giudicelli

La pianiste cortenaise Marina Luciani dévoile "Troubles 2", le premier titre de son futur album. Connue pour ses collaborations avec de nombreux artistes corses elle signe aujourd’hui ses premières compositions en solo, ouvrant ainsi une nouvelle page de son parcours musical.

On vous connaît comme musicienne accompagnatrice, collaborant avec des artistes insulaires comme, Laurent Bruschini, Doria Ousset, Patrizia Gattaceca, Michè Dominici,  et également comme professeure de piano au conservatoire de Bastia. Aujourd’hui, vous franchissez un cap en passant à la composition, avec un album de neuf titres pour piano.
Je ne pensais pas être capable de composer, j’ai toujours été une interprète. J’ai débuté le piano au conservatoire, où l’on nous apprend à interpréter Chopin, Mozart, Beethoven. Nous sommes, pour ainsi dire, formatés pour rejouer des partitions déjà écrites, et nous travaillons sur l’interprétation. Je n’étais pas du tout dans le monde de la composition. Quand je suis revenue en Corse en 2019, j’ai commencé à faire des reprises de chansons corses que j’adore, au piano. On peut dire que c’est à ce moment-là qu’a débuté mon travail créatif, en apportant ma vision de ces chansons corses à travers le piano.

Le fait d’avoir collaboré sur des albums avec de nombreux  insulaires et d’évoluer dans un environnement créatif, cela ne vous a-t-il pas aussi donné l’envie et le besoin de présenter vos propres créations ?
Oui, aussi. Mais je pense surtout que ce sont toutes ces reprises qui m’ont peu à peu donné envie de créer. Faire des « covers » de chansons initialement écrites pour la guitare ou la batterie, ce n’est pas simple au piano. Il faut travailler les timbres, les hauteurs, et essayer de tout retranscrire sur cet instrument. Le piano offre énormément de possibilités. Et puis, chaque artiste avec qui j’ai travaillé m’a toujours dit : « Pourquoi tu ne fais pas tes propres créations ? Tu devrais te lancer. » Alors voilà !

Vous avez une formation classique et une forte implication dans la musique corse. Quel est le style de votre album ?
Mon apprentissage classique s’entend clairement. On n’est pas dans le jazz. Mais dans cet album, on retrouve l’influence de ma formation classique, mais aussi celle de tous les artistes que j’ai accompagnés. J’écoute beaucoup de musique classique, mais pas seulement : du rock, de la pop aussi. Tout cela a donné, j’ai envie de dire, un style un peu OVNI. Un musicien uniquement classique n’est pas forcément amené à suivre ce chemin.

Une première composition, puis neuf autres titres à paraître dans les jours et semaines qui viennent. Comment décririez-vous cet album ?
Il n’y a pas vraiment de trame ou d’histoire. Chaque morceau représente plutôt un moment de vie. Il y a un titre qui s’appelle Troubles, il est très sombre, il fait référence à la tempête, à l’hiver, aux nuages, à la faible luminosité. Troubles 2, un autre morceau fait référence au printemps, il est  plus lumineux, plus serein. Ce sont comme des photographies d’instants et d’émotions. On peut y retrouver de la joie, du désespoir… Des morceaux qui parlent de rêves, mais aussi de présence, d’absence, de nostalgie. Après, chacun a sa propre sensibilité et les interprétera à sa manière.

La Corse compte de nombreux musiciens talentueux, notamment des pianistes accompagnateurs. Mais c’est vrai que le piano, en tant qu’instrument soliste, n’est pas souvent mis en avant.
Non, ce n’est pas dans notre culture. Ce sont plutôt la guitare ou le violon qui sont valorisés. Mais je trouve que depuis quelques années, on entend de plus en plus de piano dans les chansons, et c’est très bien. Le piano est un instrument avec lequel on peut tout faire. Après, c’est un peu plus compliqué à transporter qu’une guitare ou un violon !

Justement, le piano est de plus en plus visible, comme vous le disiez, notamment sur les réseaux sociaux. De nombreux morceaux sont repris au piano dans les contenus en ligne, et on voit émerger des créateurs spécialisés qui réunissent des centaines de milliers d’abonnés.
Peut-être qu’il y a un effet de mode autour du piano. On assiste aussi à un retour du piano-voix, plus intimiste. Est-ce lié à une réduction des coûts ? Je ne sais pas. Mais comme je le disais, le piano peut faire tous les instruments, et il n’y a pas forcément besoin de plus pour accompagner un chanteur ou une chanteuse.