Consolidation des falaises de Bonifacio : les maisons seront inspectées dès le 1er juillet

Rédigé le 30/06/2025
Julien Castelli

Ce lundi après-midi, les services de l’État ont organisé une réunion publique en mairie de Bonifacio, dans le but d’informer les Bonifaciens du déroulement de l’étude structurelle sur le bâti des falaises : une trentaine de riverains, directement concernés par les risques d’effondrement, ont répondu présent. L’étude, qui doit aboutir au printemps prochain, va commencer par une mission d’inspection des maisons sur la falaise.

Consolidation des falaises de Bonifacio : les maisons seront inspectées dès le 1er juillet

Perchées sur la falaise, les maisons bonifaciennes devront être inspectées pour pouvoir faire l'objet d'un traitement au cas par cas.

En septembre dernier, de premières expertises étaient venues écarter les risques de péril imminent pesant sur ces habitations emblématiques de Bonifacio. « Il n’y a pas de péril imminent, on peut donc travailler sereinement », a voulu rassurer Baptiste Vignerot, le directeur régional du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) devant la trentaine de Bonifaciens qui avaient fait le déplacement en mairie. Ce diagnostic est valable pour vingt-huit de ces immeubles avec vue sur la Sardaigne. Mais pas pour deux d’entre eux, a rappelé le sous-préfet de l’arrondissement de Sartène, Anthony Barraco : « On sait qu’il y a deux immeubles qui sont concernés par une situation spécifique de décrochage massif. » En prévention, l’ordre avait été donné d’évacuer deux maisons, via une procédure d’expropriation ayant visé les propriétaires concernés.

La réunion publique de ce lundi 30 juin, organisée à l’initiative de l’État, concernait surtout les propriétaires des autres logements contenus dans ce périmètre restreint, qui va de la place Manichella jusqu’aux escaliers du Roy d’Aragon. « Pour eux, on sait qu’il ne peut pas y avoir de décrochage massif. On peut donc potentiellement engager avec les propriétaires un certain nombre d’actions. »

"C'est dans votre intérêt"
La première d’entre elles, c’est d’ouvrir les maisons. Pour aboutir à l’étude la plus précise possible, l’État a besoin d’inspecter un maximum de logements. Il a confié cette mission d’inspection au groupe APAVE Infrastruture et Construction. « L’intérêt pour les propriétaires, c’est de se manifester », a encouragé le maire Jean-Charles Orsucci, devant ses administrés pas réticents à l’idée. « C’est dans votre intérêt, a abondé le sous-préfet. Si on refuse l’étude, on se refuse le droit de pouvoir prétendre à la jouissance de son bien. »

Ces visites d’inspection se dérouleront en deux salves : la première est imminente, à partir de ce mardi 1er juillet et jusqu’au vendredi 4 juillet. Des propriétaires ont déjà répondu favorablement à la demande de l’État, mais tous ne sont pas forcément présents en ce moment à Bonifacio. Par conséquent, une deuxième salve des visites a été programmée fin août, début septembre. « On a besoin de connaître les natures précises des constructions, explique Laurent Sialelli, qui pilote la mission pour le groupe APAVE. Par exemple, contiennent-elles des caves ou d’anciens réservoirs d’eau ? Si on regarde le sous-sol, le rez-de-chaussée, un étage courant et la charpente quand c’est possible, on connaîtra 90 % du bâtiment. » Cette première phase d’inspection va s’accompagner d’une modélisation des façades et toitures, via le survol de drones et un scanner 3D (de juillet à septembre). 

Consolidation des falaises de Bonifacio : les maisons seront inspectées dès le 1er juillet

Une trentaine de personnes ont assisté à la réunion publique en mairie de Bonifacio.

Lors de la deuxième phase préalable à l’étude, le groupe APAVE se livrera d’octobre à décembre à des examens approfondis du bâti inspecté : localisation des murs porteurs, possibilité de sondage dans les planchers (suivi de leur remise en état), localisation des éventuelles pathologies existantes et définition des types de soubassements (voutes, caves…).

Des solutions "au cas par cas"

Enfin, la troisième phase (de novembre à février) consistera à analyser les données « pour voir comment les bâtiments se comportent et imaginer des solutions techniques pour du confortement », ont informé les experts. Les résultats de cette étude, - financée entièrement par l’État « pour plus de 300 000€ » a annoncé Anthony Barraco - sont attendus au printemps 2026. Dans la salle, les Bonifaciens présents ont pris acte du calendrier. « On a six mois de retard par rapport au délai qu’on nous avait indiqué en septembre... » fait remarquer un riverain. « La capacité d’engager le marché n’a été voté que tardivement, a reconnu Jean-Hugues Vos, le directeur adjoint de la Direction départementale des territoires (DDT). C’est un retard lié à la conjoncture budgétaire."
 

Consolidation des falaises de Bonifacio : les maisons seront inspectées dès le 1er juillet

De gauche à droite : le sous-préfet Anthony Barraco, le maire Jean-Charles Orsucci et le directeur adjoint de la DDT Jean-Hugues Vos.

« Pour les propriétaires qui auront des charges assez lourdes à supporter, quelles seront les aides financières ? », a sondé une Bonifacienne. « On ne pourra pas y répondre ce soir », a éludé Anthony Barraco. Néanmoins, une fois que toute les informations auront été collectées, des solutions pourront être apportées « au cas par cas », se projette le représentant de l’État. Avec le fonds Barnier (de prévention des risques naturels majeurs), l’État peut financer des travaux réalisés par les particuliers et petites entreprises pour réduire la vulnérabilité de leurs habitations ou locaux. Reste à savoir dans quelle mesure les propriétaires bonifaciens pourraient en bénéficier. « Aujourd’hui, le fonds Barnier ne peut intervenir que sur les falaises », a souligné Anthony Barraco.

Résidences principales et secondaires logées à la même enseigne ?

Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, s’est dit prêt à mettre la main à la poche : « La commune est aux côtés des commerçants quand il s’agit de rénover des façades, alors je ne vois pas comment on ne sera pas aux côté des habitants pour les aider à rester dans leurs appartements… », s’est-il engagé, avant d’assumer vouloir aider en priorité les Bonifaciens qui vivent dans la cité des Falaises toute l’année. Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir Aurélien Drach, fils du cinéaste Michel Drach et de la comédienne bonifacienne Marie-José Nat, et dont la maison familiale a été visée par une procédure d’expropriation : « Il m’est difficile d’entendre cette distinction entre propriétaires de résidences principales et propriétaires de résidences secondaires. En tant que fils de Bonifacienne et petit-fils de Bonifaciens, j’ai un peu de mal... ». Jean-Charles Orsucci lui a répondu : « Ce serait facile et populiste de dire : "pas de distinguo". Mais face à des contraintes budgétaires, il faudra opérer des choix, et ce ne sera pas le seul critère », a tempéré l’élu, laissant entendre qu’il regardera aussi  quels seront les moyens financiers de chacun. « J’ai le sentiment que si ça avait été ma résidence principale, j’aurais eu un relogement », conclut, amer, Aurélien Drach qui n’a plus accès à sa maison de famille depuis cet arrêté préfectoral d’expulsion daté d’octobre 2022.