Quel avenir pour l’AC Ajaccio ? Trois scénarios, une seule issue possible

Rédigé le 17/07/2025
Patrice Paquier Lorenzi

Au lendemain de la conférence de presse organisée par les dirigeants ajacciens, les interrogations demeurent quant à l’avenir du club acéiste, qui accuse aujourd’hui près de 13 millions d’euros de dettes. Plusieurs scénarios restent sur la table, mais les cartes ne semblent plus être totalement entre les mains de l’actuel propriétaire. Le club attend désormais les attendus de la DNCG pour faire appel le plus rapidement possible. Première conséquence de la situation actuelle : le match amical prévu face à Nice, samedi, est annulé, et tous les entraînements du groupe professionnel sont suspendus.

Le scénario privilégié par les dirigeants : le maintien en Ligue 2
« C’est normal que vous vous interrogiez sur la décision de la DNCG, nous aussi ! » s’étonnait toujours Alain Orsoni, en préambule de la conférence de presse organisée hier après-midi au stade Michel Moretti. « Comment en sommes-nous arrivés à la situation d’hier ? L’avocat Arnau Baqué Roig que je vous ai présenté ici même s’est engagé au rachat du club. Il a pris des dispositions pour transformer sa garantie notariale en liquidités. Mais pour cela, le délai était trop long. Arnau Baqué Roig est venu avec nous à la DNCG pour maintenir et réaffirmer son intention d’achat. Nous avons donc mis en place une situation transitoire. Cette solution, présentée à la DNCG est la suivante : l’actionnaire principal du club a réalisé un virement de 2.5M€ au profit du club et s’est porté garant auprès de la Bank Of Scotland pour une garantie à hauteur de 15M€. ».

Clairement pour Alain Orsoni, seul le temps a manqué pour permettre à l’ACA de sauver sa place en Ligue 2. Dès lors, les dirigeants ajacciens vont saisir le CNOSF dans les prochains jours, après réception des attendus. Si l’argent arrive réellement sur le compte dans les prochains jours, l’instance olympique pourrait alors donner un avis favorable pour réintégrer l’ACA en Ligue 2. Il faudrait cependant que le COMEX de la FFF revoit sa position en possession des nouveaux éléments financiers. Un volte-face rarement arrivé ces dernières années d’autant que le temps presse. Le début du championnat fixé au 8 août laisse peu d’espoir en raison des délais.

Le scénario le plus probable : le National 1

Alain Orsoni n’a cessé de le répéter hier après-midi devant la presse et les nombreux supporters présents : « On va tout faire pour se maintenir en Ligue 2, mais au pire, ce sera le National 1 ! Si par malheur, le CNOSF ne reconnaît pas notre bonne foi, on sera obligés de présenter un budget pour le National 1. Cela nous permettra de garder le statut professionnel, le centre de formation et continuer à exister. » Aujourd’hui, officiellement, l’ACA est un pensionnaire du championnat de National 1. Le club a d’ores et déjà prévu de présenter un budget de 5 millions d’euros, qui semble réaliste. Pour Franck Leloup, il est même suffisant pour espérer jouer les premiers rôles : « Nancy et Le Mans sont montés avec des budgets de 5 millions d’euros. Sochaux et Valenciennes avaient des budgets de 14 et 12 millions d’euros et ont terminé 9e et 12e du championnat. Il ne faut pas se focaliser dessus. »

L’avantage du National 1 est qu’il permettrait au club ajaccien de garder son statut pro au moins un an, d’autant que le championnat est amené à se transformer en Ligue 3 professionnelle dès la saison prochaine. De plus, le club pourrait conserver son centre de formation, même si des coupes budgétaires et des licenciements sont à redouter : « Nous rencontrerons l’ensemble des salariés ce jeudi. Si nous ne réintégrons pas la Ligue 2, cela aura des conséquences sur le fonctionnement du club. Nous ne pourrons pas maintenir le même train de vie. » a déjà prévenu Alain Orsoni.

Le scénario catastrophe : le dépôt de bilan
« Inenvisageable » selon Alain Orsoni, le dépôt de bilan reste cependant un scénario crédible. Avec la rétrogradation en National 1, le club va perdre les 1,8 million d’euros de droits TV de la Ligue 2 et ne devrait toucher que 300 000 euros l’année prochaine. Mais le National 1 signifie également une baisse des subventions, des recettes billetterie et du sponsoring, de manière mécanique et logique. Comment, dès lors, présenter un budget crédible devant la DNCG fédérale ? « Il n’y aura pas de problème si on reçoit bien l’argent promis par Arnau Baque Roig. » C’est bien là tout le nœud du problème.

Absent hier à la conférence de presse, le club mise tout sur le repreneur catalan pour éponger une partie de ses dettes et présenter un budget solide en National 1. Mais après cette rétrogradation, aucune déclaration officielle de l’intéressé n’est venue confirmer les propos d’Alain Orsoni : « Arnau Baque Roig nous a confirmé qu’il était toujours intéressé par le rachat du club. »

Clairement, le destin de l’AC Ajaccio dans le giron professionnel dépend surtout de la volonté de l’avocat espagnol à s’investir pleinement dans ce nouveau projet. Même si Alain Orsoni, en fin de réunion, n’écartait pas une nouvelle hypothèse, en lâchant une mystérieuse information : « D’autres repreneurs sont toujours intéressés pour reprendre l’AC Ajaccio… »

Dans tous les cas, les supporters ajacciens vont encore devoir patienter avant de savoir dans quelle division évoluera leur club l’année prochaine. Et surtout : avec quel véritable patron ?