La quatrième réunion du Comité stratégique sur l’avenir de la Corse, instance de négociation entre la Corse et Paris, se tiendra le 25 mai au ministère de l’Intérieur, Place Beauvau à Paris. Après une matinée d’échanges plus politiques, l’après-midi sera consacré à la question du foncier et du logement. Paul-André Colombani, député PNC de la 2nde circonscription de Corse du Sud, membre du groupe parlementaire LIOT, explique à Corse Net Infos les attentes et les propositions du parti autonomiste tant au niveau sectoriel sur des problèmes concrets que sur l’évolution constitutionnelle promise par le Chef de l’Etat.
- Dans quel état d’esprit, le PNC reprend-il les discussions avec Paris ?
- Le PNC a fait un appel du pied, il y a 15 jours, pour que la famille nationaliste puisse présenter un front uni à cette réunion, ou du moins présenter un projet qui pourrait être un socle commun de revendications. C’est une demande que nous avons faite conjointement avec Core in Fronte. Nous sommes ouverts à la discussion avec des propositions sous le bras concernant la partie sectorielle de la réunion qui va s’ouvrir sur le logement et le foncier. Nous aimerions aussi en même temps faire un point, tous ensemble, sur la partie institutionnelle. S’il est vrai que l’on ne peut pas construire le projet sans discussion sectorielle, il faut aussi que l’on ait une visibilité sur ce qui va être écrit dans la Constitution pour ne pas refaire les mêmes erreurs que lors des négociations avec l’ex-ministre Gourault. Nous avons eu quelques séances de discussion et puis, brutalement, on a vu arriver un article qui ne convenait à personne et que l’affaire Benalla a fini par enterrer.
- Finalement, votre appel a été entendu, la discussion entre Nationalistes a bien eu lieu. Comment s’est-elle passée et qu’avez-vous décidé ?
- Une rencontre a effectivement eu lieu entre les présidents de groupes de l’Assemblée de Corse, mais au moment où je vous parle, rien de concret n’en est encore sorti, et nous sommes encore loin du front uni qu’il faudrait présenter à Paris pour être plus efficace.
- Le PNC a fait un appel du pied, il y a 15 jours, pour que la famille nationaliste puisse présenter un front uni à cette réunion, ou du moins présenter un projet qui pourrait être un socle commun de revendications. C’est une demande que nous avons faite conjointement avec Core in Fronte. Nous sommes ouverts à la discussion avec des propositions sous le bras concernant la partie sectorielle de la réunion qui va s’ouvrir sur le logement et le foncier. Nous aimerions aussi en même temps faire un point, tous ensemble, sur la partie institutionnelle. S’il est vrai que l’on ne peut pas construire le projet sans discussion sectorielle, il faut aussi que l’on ait une visibilité sur ce qui va être écrit dans la Constitution pour ne pas refaire les mêmes erreurs que lors des négociations avec l’ex-ministre Gourault. Nous avons eu quelques séances de discussion et puis, brutalement, on a vu arriver un article qui ne convenait à personne et que l’affaire Benalla a fini par enterrer.
- Finalement, votre appel a été entendu, la discussion entre Nationalistes a bien eu lieu. Comment s’est-elle passée et qu’avez-vous décidé ?
- Une rencontre a effectivement eu lieu entre les présidents de groupes de l’Assemblée de Corse, mais au moment où je vous parle, rien de concret n’en est encore sorti, et nous sommes encore loin du front uni qu’il faudrait présenter à Paris pour être plus efficace.
- Quels types de propositions ferez-vous jeudi ?
- Le PNC a finalisé un éventail de propositions, environ une dizaine, de portée différente. Des propositions à droit constant, des propositions qui nécessitent de modifier le droit constant, et des propositions qui demandent impérativement de réviser la Constitution pour pouvoir améliorer la question du logement en Corse et l’accès à la propriété. Je prends toujours pour exemple le constat que personnellement je fais chaque jour dans ma commune à Zonza. Aujourd’hui à Zonza, des instituteurs ne peuvent plus se loger. Il est impossible de trouver un médécin remplaçant l’été pour la même raison. Pourquoi ? Parce qu’une spéculation sans nom s’opère sur ce village. Je parle de Zonza parce que j’y habite, mais aussi parce que ce village est une caricature : 70 % de résidences secondaires, c’est-à-dire 2800 résidences secondaires pour 2400 habitants, et 1380 permis délivrés pendant les deux dernières années de l’ancienne mandature avant que nous ne récupérions la mairie. Il y a de quoi faire à tous les niveaux. Il faut aider les maires à élaborer les documents d’urbanisme et changer les leviers fiscaux.
- Quels leviers fiscaux ?
- Le crédit d’impôt Corse et la loi Pinel n’ont pas favorisé les Corses. Le crédit d’impôt Corse a favorisé le développement de résidences secondaires : nous sommes la seule région de France où quelqu’un peut construire une résidence secondaire, la mettre en location et bénéficier de 30 % d’abattement à l’entrée. Une fois cette résidence secondaire en location, c’est Airbnb qui tourne et nos hôteliers qui souffrent ! Avec à la sortie, une fiscalité favorable à 5 ans pour la revente. Il faut cependant faire la part des choses. Je prends toujours l’exemple de mon voisin qui est arrivé, il y a une quinzaine d’années de la Rochelle avec un projet de vie et passer sa retraite ici, il a marié ses enfants à Zonza, il n'a jamais mis sa maison en location. Il ne me dérange pas. Par contre, ces dernières années, nous avons vu arriver, pas seulement à Zonza, mais dans toute la Corse, des gens qui avaient juste la volonté de placer de l’argent en Corse à cause de ces outils fiscaux favorables. La boucle est bouclée, mais à la sortie, les instituteurs ne peuvent pas se loger ! Il y a, dans en Corse, des tas de lits froids, c’est-à-dire que l’hiver, les maisons sont vides, et l’été, tout est loué. Si on y ajoute l’augmentation du coût de la vie et le prix de l’essence, les Corses se retrouvent avec des loyers inaccessibles. C’est pour cela qu’il faut améliorer les dispositifs, mieux redéfinir les critères des zones tendues pour moduler les taxes sur les résidences secondaires.
- Mais ce n’est possible que dans les grandes agglomérations, comme Bastia, Aiacciu, la CAPA ou la CAB ?
- Cela a été étendu, mais on n’a pas encore le décret d’application. C’est ce que j’ai demandé au ministre il y a une quinzaine de jours dans une question orale. Cela dit, ça ne va pas encore assez loin. Peut-être faut-il étendre cette possibilité à toutes les communes qui sont en zone littorale ? C’est toujours très compliqué à mener parce que lorsqu’on taxe les résidences secondaires, il y a des chemins à trouver pour ne pas trop taxer les résidences patrimoniales des Corses. Un bon nombre de résidences secondaires sur la commune de Zonza appartiennent à des Corses qui ont une maison à la montagne. Au niveau de la législation, c’est très difficile de faire la différence entre les deux. Par contre, en travaillant, on y arrive. A Zonza, le maire et les services de la mairie ont effectué un travail énorme de révision des bases d’imposition. Les maisons dans les villages sont classées de zéro à huit, ce qui permet de jouer sur ces bases pour atteindre quelque chose d’équilibré. A droit constant, cela reste néanmoins difficile de faire bouger les choses. C'est un chemin de crête ! Mais il y a aussi d’autres aspects à mettre sur la table dans les négociations, notamment la question de la démographie.
- C’est-à-dire ?
- Nous étions 260 000 au début des années 2000, nous sommes 360 000 aujourd’hui. Quelle est le territoire de France qui a connu en 20 ans, une telle croissance ? Aucun ! Imaginez Paris devant absorber en 20 ans le tiers de sa population ! Cette croissance n’est pas due à un solde de naissance positif, mais à une population qui vient de l’extérieur s’installer chez nous. Je dis cela sans rentrer dans l’aspect identitaire, culturel ou linguistique même si se pose la question de savoir comment nous les Corses, nous allons vivre dans cette société-là où nous sommes de plus en plus dilués. Que va-t-il rester de ce que nous sommes dans cette Corse-là ? Je le dis en passant : je ne veux pas de ce qui se passe aux Antilles où il y a deux blocs qui ne se parlent pas. Ce n’est pas ma vision de la Corse de demain ! C’est un débat qu’il faudra de toute façon avoir aussi. Pour l’instant, je veux rester seulement sur l’aspect des ressources. Comment fait-on sur un territoire aussi petit que le nôtre pour accueillir tous ces gens ? Avec quelles ressources, notamment en eau ? Avec quelles infrastructures au niveau des routes, des déchets... ? Cet aspect-là, il faudra bien l’intégrer à un moment ou un autre dans la discussion. On ne peut pas dans la réflexion globale de l’avenir de la Corse ne pas prendre en compte la question de la démographie avec une population vieillissante. Ce sont souvent des retraités qui viennent s’installer dans notre île. Cela va avoir des conséquences sur la Corse de demain. Cela pose la question : comment va-t-on vieillir en Corse dans les années qui arrivent ? C’est tout un tas de réflexions qui doivent être menées pour fabriquer le statut de la Corse demain.
- Le PNC a finalisé un éventail de propositions, environ une dizaine, de portée différente. Des propositions à droit constant, des propositions qui nécessitent de modifier le droit constant, et des propositions qui demandent impérativement de réviser la Constitution pour pouvoir améliorer la question du logement en Corse et l’accès à la propriété. Je prends toujours pour exemple le constat que personnellement je fais chaque jour dans ma commune à Zonza. Aujourd’hui à Zonza, des instituteurs ne peuvent plus se loger. Il est impossible de trouver un médécin remplaçant l’été pour la même raison. Pourquoi ? Parce qu’une spéculation sans nom s’opère sur ce village. Je parle de Zonza parce que j’y habite, mais aussi parce que ce village est une caricature : 70 % de résidences secondaires, c’est-à-dire 2800 résidences secondaires pour 2400 habitants, et 1380 permis délivrés pendant les deux dernières années de l’ancienne mandature avant que nous ne récupérions la mairie. Il y a de quoi faire à tous les niveaux. Il faut aider les maires à élaborer les documents d’urbanisme et changer les leviers fiscaux.
- Quels leviers fiscaux ?
- Le crédit d’impôt Corse et la loi Pinel n’ont pas favorisé les Corses. Le crédit d’impôt Corse a favorisé le développement de résidences secondaires : nous sommes la seule région de France où quelqu’un peut construire une résidence secondaire, la mettre en location et bénéficier de 30 % d’abattement à l’entrée. Une fois cette résidence secondaire en location, c’est Airbnb qui tourne et nos hôteliers qui souffrent ! Avec à la sortie, une fiscalité favorable à 5 ans pour la revente. Il faut cependant faire la part des choses. Je prends toujours l’exemple de mon voisin qui est arrivé, il y a une quinzaine d’années de la Rochelle avec un projet de vie et passer sa retraite ici, il a marié ses enfants à Zonza, il n'a jamais mis sa maison en location. Il ne me dérange pas. Par contre, ces dernières années, nous avons vu arriver, pas seulement à Zonza, mais dans toute la Corse, des gens qui avaient juste la volonté de placer de l’argent en Corse à cause de ces outils fiscaux favorables. La boucle est bouclée, mais à la sortie, les instituteurs ne peuvent pas se loger ! Il y a, dans en Corse, des tas de lits froids, c’est-à-dire que l’hiver, les maisons sont vides, et l’été, tout est loué. Si on y ajoute l’augmentation du coût de la vie et le prix de l’essence, les Corses se retrouvent avec des loyers inaccessibles. C’est pour cela qu’il faut améliorer les dispositifs, mieux redéfinir les critères des zones tendues pour moduler les taxes sur les résidences secondaires.
- Mais ce n’est possible que dans les grandes agglomérations, comme Bastia, Aiacciu, la CAPA ou la CAB ?
- Cela a été étendu, mais on n’a pas encore le décret d’application. C’est ce que j’ai demandé au ministre il y a une quinzaine de jours dans une question orale. Cela dit, ça ne va pas encore assez loin. Peut-être faut-il étendre cette possibilité à toutes les communes qui sont en zone littorale ? C’est toujours très compliqué à mener parce que lorsqu’on taxe les résidences secondaires, il y a des chemins à trouver pour ne pas trop taxer les résidences patrimoniales des Corses. Un bon nombre de résidences secondaires sur la commune de Zonza appartiennent à des Corses qui ont une maison à la montagne. Au niveau de la législation, c’est très difficile de faire la différence entre les deux. Par contre, en travaillant, on y arrive. A Zonza, le maire et les services de la mairie ont effectué un travail énorme de révision des bases d’imposition. Les maisons dans les villages sont classées de zéro à huit, ce qui permet de jouer sur ces bases pour atteindre quelque chose d’équilibré. A droit constant, cela reste néanmoins difficile de faire bouger les choses. C'est un chemin de crête ! Mais il y a aussi d’autres aspects à mettre sur la table dans les négociations, notamment la question de la démographie.
- C’est-à-dire ?
- Nous étions 260 000 au début des années 2000, nous sommes 360 000 aujourd’hui. Quelle est le territoire de France qui a connu en 20 ans, une telle croissance ? Aucun ! Imaginez Paris devant absorber en 20 ans le tiers de sa population ! Cette croissance n’est pas due à un solde de naissance positif, mais à une population qui vient de l’extérieur s’installer chez nous. Je dis cela sans rentrer dans l’aspect identitaire, culturel ou linguistique même si se pose la question de savoir comment nous les Corses, nous allons vivre dans cette société-là où nous sommes de plus en plus dilués. Que va-t-il rester de ce que nous sommes dans cette Corse-là ? Je le dis en passant : je ne veux pas de ce qui se passe aux Antilles où il y a deux blocs qui ne se parlent pas. Ce n’est pas ma vision de la Corse de demain ! C’est un débat qu’il faudra de toute façon avoir aussi. Pour l’instant, je veux rester seulement sur l’aspect des ressources. Comment fait-on sur un territoire aussi petit que le nôtre pour accueillir tous ces gens ? Avec quelles ressources, notamment en eau ? Avec quelles infrastructures au niveau des routes, des déchets... ? Cet aspect-là, il faudra bien l’intégrer à un moment ou un autre dans la discussion. On ne peut pas dans la réflexion globale de l’avenir de la Corse ne pas prendre en compte la question de la démographie avec une population vieillissante. Ce sont souvent des retraités qui viennent s’installer dans notre île. Cela va avoir des conséquences sur la Corse de demain. Cela pose la question : comment va-t-on vieillir en Corse dans les années qui arrivent ? C’est tout un tas de réflexions qui doivent être menées pour fabriquer le statut de la Corse demain.
- Sur la question institutionnelle, ne craignez-vous pas de vous retrouver au final dans la même impasse qu’avec la ministre Gourault ?
- Lors des discussions, il faudra trouver un certain nombre de points d’équilibre. Une fois que l’on aura ajuster les questions sectorielles, il faudra trouver un point d’accord avec les autres composantes présentes à Paris. Nous voulons construire un statut pour tous les Corses, pas seulement pour les Nationalistes contre les autres. Cela m’étonnerait que nous arrivions à avancer, si le Sénat et la droite insulaire ne sont pas en partie alignés avec nous.
- C’est plutôt mal barré ? La droite fait cavalier seul et a annoncé qu’elle ne s’alignerait pas sur vos revendications constitutionnelles, mais sur un consensus à minimà !
- Ce sont les bonnes vieilles recettes de la droite ! Mais il y a bien un moment où la droite doit prendre en compte la situation politique. Quand on est ultra minoritaire en Corse et majoritaire à Paris au Sénat, il y a un fait démocratique qui est contrarié ! C’est peut-être aussi ce que les gens veulent dire dans la rue ! Il faudra bien qu’un jour, la droite insulaire prenne aussi ses responsabilités face à l’histoire ! C’est aussi de sa responsabilité de dire à Paris qu’en Corse, les choses ont changé. Je le répète : il ne s’agit pas de construire quelque chose contre la droite, mais de trouver des points d’équilibre. Peut-être des réflexions à mener sur le mode de scrutin, sur la répartition des compétences entre les différentes collectivités, les intercommunalités, les communes et la collectivité de Corse pour ne pas avoir une région ultra jacobine ? Il y a des choses que dit la droite que l’on peut entendre nous aussi.
- La réforme constitutionnelle du président Macron parait compromise dans le contexte national sur les retraites. Selon vous, ces deux questions peuvent-elles se phagocyter ?
- Non ! Cela n’a rien à voir ! Il y aura d’autres sujets avant la fin de la mandature sur lesquels nous ne serons pas en phase avec le gouvernement. On ne peut pas lier le sujet des retraites à la réforme constitutionnelle. Il faut rappeler que cette réforme est indispensable pour un autre territoire : la Nouvelle-Calédonie. Début 2024, lorsque les accords de Nouméa auront pris fin, la Nouvelle-Calédonie n’aura plus d’institutions et aura besoin d’un nouveau statut. S’il n’y a pas une réforme constitutionnelle et un nouveau statut, il y aura de graves désordres en Nouvelle-Calédonie. La Corse est dans le deuxième wagon. Nous allons nous servir de cette réforme constitutionnelle pour créer un article sur la Corse dans la Constitution.
- Pourtant Laurent Marcangeli a lié les deux questions à votre soutien au projet de loi du groupe LIOT sur les retraites. Comment réagissez-vous à sa mise en garde ?
- Cela n’a évidemment pas de sens de lier la question de la réforme des retraites à celle des discussions autour de l’avenir institutionnel de la Corse, à moins de vouloir prendre le processus de Beauvau en otage ! Ce processus, c’est à la fois le fruit des évènements douloureux que nous avons traversés l’an passé, mais également de 50 ans de lutte. Nous ne le laisserons pas devenir une monnaie d’échange dans une combine politicienne : l’avenir de la Corse et des Corses ne se troque pas contre un vote ! Je pense qu’il est urgent de prendre de la hauteur vis-à-vis de notre fonction de député : nous sommes les représentants des Corses, et ces derniers nous ont aussi élus pour nous opposer à cette réforme qu’ils estiment injustes. Notre position sur la question des retraites et connue de tous depuis un an : nous nous sommes engagés à la combattre et nous respecterons notre engagement. Il me semble que la minorité présidentielle est particulièrement en difficulté et fébrile face à l’idée d’aller au vote, pour autant, cela ne justifie pas de recourir à des pratiques de chantage au vote, que l’on a trop souvent dénoncées en Corse ! D’ailleurs, s’ils sont si inquiets d’être battus démocratiquement, je leur conseille de concentrer leurs efforts à s’assurer de faire le plein des voix dans leur propre camp, où certaines risqueraient de leur manquer. Disons-le clairement : le but de notre proposition de loi n’est pas de faire tomber le Gouvernement, c’est d’abroger une réforme injuste, c’est de laisser les parlementaires s’exprimer et clore définitivement le débat. Ce que nous offrons au Gouvernement, c’est une porte de sortie, à savoir l’opportunité de sortir de cette crise sociale par le haut et de redonner de la crédibilité à un Parlement trop souvent bafoué.
- Le président Macron a fait allusion à la Nouvelle Calédonie, mais pas à la Corse dans son dernier discours. Restez-vous néanmoins confiant ?
- Le président Macron est venu à la dernière réunion du Comité stratégique pour la Corse. C’est un pas très important qui nous rend plutôt confiants, puisque jamais un Président de la République n’a participé à ce niveau-là de discussions dans un processus engagé. Le Président a pris pour engagement d’en dire plus le 14 juillet. Nous attendons donc le 14 juillet pour voir exactement ce qu’il en est. Au-delà de la question corse, il y a une véritable volonté de différenciation des territoires dans toutes les régions de France. Nous ne sommes pas les seuls à demander plus d’autonomie dans les régions, la réflexion est nationale. Maintenant, si le Gouvernement octroie à la Corse de la différenciation et pas de l’autonomie, pour nous, cela ne suffira pas !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Lors des discussions, il faudra trouver un certain nombre de points d’équilibre. Une fois que l’on aura ajuster les questions sectorielles, il faudra trouver un point d’accord avec les autres composantes présentes à Paris. Nous voulons construire un statut pour tous les Corses, pas seulement pour les Nationalistes contre les autres. Cela m’étonnerait que nous arrivions à avancer, si le Sénat et la droite insulaire ne sont pas en partie alignés avec nous.
- C’est plutôt mal barré ? La droite fait cavalier seul et a annoncé qu’elle ne s’alignerait pas sur vos revendications constitutionnelles, mais sur un consensus à minimà !
- Ce sont les bonnes vieilles recettes de la droite ! Mais il y a bien un moment où la droite doit prendre en compte la situation politique. Quand on est ultra minoritaire en Corse et majoritaire à Paris au Sénat, il y a un fait démocratique qui est contrarié ! C’est peut-être aussi ce que les gens veulent dire dans la rue ! Il faudra bien qu’un jour, la droite insulaire prenne aussi ses responsabilités face à l’histoire ! C’est aussi de sa responsabilité de dire à Paris qu’en Corse, les choses ont changé. Je le répète : il ne s’agit pas de construire quelque chose contre la droite, mais de trouver des points d’équilibre. Peut-être des réflexions à mener sur le mode de scrutin, sur la répartition des compétences entre les différentes collectivités, les intercommunalités, les communes et la collectivité de Corse pour ne pas avoir une région ultra jacobine ? Il y a des choses que dit la droite que l’on peut entendre nous aussi.
- La réforme constitutionnelle du président Macron parait compromise dans le contexte national sur les retraites. Selon vous, ces deux questions peuvent-elles se phagocyter ?
- Non ! Cela n’a rien à voir ! Il y aura d’autres sujets avant la fin de la mandature sur lesquels nous ne serons pas en phase avec le gouvernement. On ne peut pas lier le sujet des retraites à la réforme constitutionnelle. Il faut rappeler que cette réforme est indispensable pour un autre territoire : la Nouvelle-Calédonie. Début 2024, lorsque les accords de Nouméa auront pris fin, la Nouvelle-Calédonie n’aura plus d’institutions et aura besoin d’un nouveau statut. S’il n’y a pas une réforme constitutionnelle et un nouveau statut, il y aura de graves désordres en Nouvelle-Calédonie. La Corse est dans le deuxième wagon. Nous allons nous servir de cette réforme constitutionnelle pour créer un article sur la Corse dans la Constitution.
- Pourtant Laurent Marcangeli a lié les deux questions à votre soutien au projet de loi du groupe LIOT sur les retraites. Comment réagissez-vous à sa mise en garde ?
- Cela n’a évidemment pas de sens de lier la question de la réforme des retraites à celle des discussions autour de l’avenir institutionnel de la Corse, à moins de vouloir prendre le processus de Beauvau en otage ! Ce processus, c’est à la fois le fruit des évènements douloureux que nous avons traversés l’an passé, mais également de 50 ans de lutte. Nous ne le laisserons pas devenir une monnaie d’échange dans une combine politicienne : l’avenir de la Corse et des Corses ne se troque pas contre un vote ! Je pense qu’il est urgent de prendre de la hauteur vis-à-vis de notre fonction de député : nous sommes les représentants des Corses, et ces derniers nous ont aussi élus pour nous opposer à cette réforme qu’ils estiment injustes. Notre position sur la question des retraites et connue de tous depuis un an : nous nous sommes engagés à la combattre et nous respecterons notre engagement. Il me semble que la minorité présidentielle est particulièrement en difficulté et fébrile face à l’idée d’aller au vote, pour autant, cela ne justifie pas de recourir à des pratiques de chantage au vote, que l’on a trop souvent dénoncées en Corse ! D’ailleurs, s’ils sont si inquiets d’être battus démocratiquement, je leur conseille de concentrer leurs efforts à s’assurer de faire le plein des voix dans leur propre camp, où certaines risqueraient de leur manquer. Disons-le clairement : le but de notre proposition de loi n’est pas de faire tomber le Gouvernement, c’est d’abroger une réforme injuste, c’est de laisser les parlementaires s’exprimer et clore définitivement le débat. Ce que nous offrons au Gouvernement, c’est une porte de sortie, à savoir l’opportunité de sortir de cette crise sociale par le haut et de redonner de la crédibilité à un Parlement trop souvent bafoué.
- Le président Macron a fait allusion à la Nouvelle Calédonie, mais pas à la Corse dans son dernier discours. Restez-vous néanmoins confiant ?
- Le président Macron est venu à la dernière réunion du Comité stratégique pour la Corse. C’est un pas très important qui nous rend plutôt confiants, puisque jamais un Président de la République n’a participé à ce niveau-là de discussions dans un processus engagé. Le Président a pris pour engagement d’en dire plus le 14 juillet. Nous attendons donc le 14 juillet pour voir exactement ce qu’il en est. Au-delà de la question corse, il y a une véritable volonté de différenciation des territoires dans toutes les régions de France. Nous ne sommes pas les seuls à demander plus d’autonomie dans les régions, la réflexion est nationale. Maintenant, si le Gouvernement octroie à la Corse de la différenciation et pas de l’autonomie, pour nous, cela ne suffira pas !
Propos recueillis par Nicole MARI.