Processus de discussion entre Paris et la Corse : la droite portera désormais ses propres propositions

Rédigé le 26/04/2023
Manon Perelli

Alors qu’une prochaine réunion à Beauvau est prévue dans quelques semaines, le groupe Un Soffiu Novu a fait savoir que suite à « une différence d’approche politique, méthodologie et démocratique », il entend désormais faire cavalier seul.

Processus de discussion entre Paris et la Corse : la droite portera désormais ses propres propositions

(Photo : Archive Michel Luccioni)

« Une diffĂ©rence d’approche politique, mĂ©thodologique, et dĂ©mocratique Â». Alors qu’une nouvelle rĂ©union doit se tenir Ă  Beauvau d’ici la mi-mai dans le cadre du processus de discussions avec l’État, pour les 17 Ă©lus du groupe de droite Ă  l’AssemblĂ©e de Corse, plus question d’afficher une unitĂ© avec l’ExĂ©cutif. 
 
Au premier rang des dissensions qui les opposent aux nationalistes, Jean-Martin Mondoloni, le co-prĂ©sident d’Un Soffiu Novu pointe ainsi tout d’abord le contexte de Â« violence exacerbĂ©e Â» que l’île a rĂ©cemment connu au-travers des incendies contre des mairies ou encore de la villa d’une Ă©lue ajaccienne. « Ce qui nous a vraiment distinguĂ©s Ă  cette occasion, c’est que sans porter de jugement sur les auteurs, nous avons condamnĂ©s les actes, ce que la majoritĂ© s’est montrĂ©e incapable de faire. Quand on monte ensemble Ă  Paris, il y a quand mĂŞme une cĂ©sure qui s’opère entre ceux qui condamnent ces violences, et ceux qui ne les condamnent pas Â», explique-t-il.
 
Par ailleurs, dans une « accroche de fond en termes de mĂ©thode Â», il indique : « Cela fait des mois et des mois que nous disons au prĂ©sident de l’ExĂ©cutif qu’il est nĂ©cessaire de nous rĂ©unir pour parler de ce qui pourrait ĂŞtre le projet de la Corse Ă  long terme Â». Il Ă©voque Ă  ce titre, des prĂ©occupations majeures des Corses« comme l’accès aux soins, l’accès Ă  l’eau, l’accès Ă  un toit, et l’accès Ă  une formation digne Â». « Sur ces sujets-lĂ , il n’y a pas besoin d’aller très loin en matière d’autonomie. Or, les seuls sujets sur lesquels il y a vraiment un travail, je veux bien le reconnaitre, ce sont les sujets institutionnels. Il y a une volontĂ© de la part de la majoritĂ© territoriale d’être très affectĂ©e sur ce sujet, mais sur le reste, je mets au dĂ©fi de faire savoir Ă  l’opinion ce que l’ExĂ©cutif pense en matière d’eau, de dĂ©chet, d’environnement ou en matière de grands Ă©quipements Â», note-t-il. « Nous aurions pu prendre le processus par les deux bouts : d’un cĂ´tĂ© sur l’une Ă©volution institutionnelle souhaitĂ©e par la majoritĂ©, et de l’autre sur les sujets qui prĂ©occupent les Corses Â», abonde-t-il en soufflant : « Sur ces derniers, je pense que nous aurions pu travailler ensemble. Je nourris cet espoir et j’ai relancĂ© Ă  plusieurs reprises. Mais au terme de 10 mois, nous comprenons qu’on n’a pas envie de travailler avec nous. La majoritĂ© n’a pas envie de travailler avec d’autres qu’eux-mĂŞmes, elle travaille en circuit fermĂ©, de façon consanguine. Nous en prenons acte Â».
 
Enfin, au niveau dĂ©mocratique il regrette que les discussions aient Ă©tĂ© longtemps circonscrites Ă  l’AssemblĂ©e de Corse. « Il y a des personnes que l’on ne consulte pas assez - au premier rang desquels les maires des grandes communes – et qui mĂ©riteraient d’être associĂ©es. Il faut qu’à un moment donnĂ© on puisse leur demander qu’est-ce qu’ils pensent de l’autonomie, et de quoi ils ont besoin. On a commencĂ© Ă  le faire, et on ne peut pas dire que l’autonomie revienne en haut des prioritĂ©s qui soient formulĂ©es Â», glisse-t-il.
 
Regrettant encore que l’ExĂ©cutif n’ait pas « proposĂ© une mĂ©thode pour qu’on travaille en commun en temps et en heure », il conclut : Â« Nous prenons acte de tout cela, et dĂ©sormais pour les rendez-vous Ă  Beauvau nous allons faire l’économie de travailler ensemble et nous allons monter avec nos propres propositionsLa dernière fois que nous nous sommes vus avec le ministre et le PrĂ©sident de la RĂ©publique, on nous a demandĂ© de faire des propositions sur des solutions pourraient ĂŞtre mises en place pour lutter contre les phĂ©nomènes spĂ©culatifs. Nous, nous avons des propositions Ă  faire. Et si la majoritĂ© en a tant mieux, mais nous ne les connaissons pas Â».