A défaut de pluies abondantes, des « REUT » providentielles pour nettoyer Porto-Vecchio

Rédigé le 16/10/2025
Julien Castelli

En période de sécheresse, la réutilisation des eaux usées est une nouvelle solution qui peut permettre le nettoyage des rues. C’est ce que Kyrnolia, par le biais de sa maison mère Veolia, a proposé au territoire de l’Extrême-Sud de la Corse - toujours confronté à une alerte sécheresse renforcée - en livrant ce jeudi matin, 16 octobre, à Porto-Vecchio, par ferry, deux unités de réutilisation des eaux usées traitées (REUT).

A défaut de pluies abondantes, des « REUT » providentielles pour nettoyer Porto-Vecchio

Les deux unités de REUT ont été débarquées du ferry, ce jeudi matin au port de Porto-Vecchio.

L’arrêté est tombé le 5 octobre au Journal Officiel, et pour l’Extrême-Sud de la Corse, il s’avère aussi providentiel que des pluies abondantes qui, elles, se font toujours attendre, en dépit de quelques précipitations mardi et mercredi. « Cet arrêté, on ne s’y attendait pas, il tombe à point nommé », s’en félicite Jean-Christophe Angelini, le maire de Porto-Vecchio, qui est confronté depuis fin septembre à une situation de crise sans précédent sur le front de l’approvisionnement en eau.

La « REUT » ? Derrière cet acronyme acrobatique (prononcez « réhute ») se cache un principe de réutilisation des eaux usées, après traitement en station d’épuration, qui est encore très marginal en France, puisqu’il représente autour d’1 % du volume total des eaux traitées. En comparaison, l’Espagne (14 %), l’Italie (8 %) et surtout Israël (86 %) sont bien plus avancés sur le procédé. 

Deux unités installées à Porto-Vecchio et Sainte-Lucie

En France, la REUT est principalement utilisée pour irriguer des terrains agricoles ou pour entretenir des espaces verts très étendus (golfs, parcs…). Elle est strictement encadrée par la loi, chaque projet devant faire l’objet d’une autorisation préfectorale. L’arrêté publié le 5 octobre franchit une étape supplémentaire en incluant notamment le nettoyage des voiries. Partant de là, Kyrnolia, par le biais de sa maison mère Veolia, s’est manifesté auprès des élus de l’Extrême-Sud, en vue de proposer cette solution, « en parallèle » des restrictions d’eau qui sont toujours en cours, confirme Jérôme Salvi, le directeur général de la Société des eaux de Corse (SDEC), qui dépend de Kyrnolia. 

Deux unités ont ainsi été acheminées par ferry du Continent, et débarquées ce jeudi 16 octobre au port de Porto-Vecchio, avant d’être installées par camion dans les deux unités de traitement principales de l’Extrême-Sud : la station d’épuration porto-vecchiaise de Capu di Padula et celle de Sainte-Lucie de Porto-Vecchio, qui est rattachée au SIVOM du Cavu. Bonifacio n’est pas concernée car la commune « est en avance sur le sujet, elle est déjà équipée d’un système de réutilisation des eaux usées, intégré à sa station d’épuration », souligne Jérôme Salvi.

"Des traitements complémentaires"

Les deux REUT pourront retraiter « de petits volumes d’eau », poursuit le directeur général de la SDEC, « de l’ordre de 10 m³ par heure ». Il se veut rassurant sur la qualité de l’eau à la sortie : « L’avantage, sur Capu di Padula et Sainte-Lucie, c’est qu’on est déjà sur des eaux qui sont à un niveau de traitement important. On va venir faire des traitements complémentaires, pour s’assurer d’inerter complétement et de limiter tout problème sanitaire, en plus d’une javellisation qui permettra d’utiliser cette eau pour d’autres usages, qui seront déterminés par les services de l’État, que ce soit l’ARS ou la police de l’eau. » En effet, une telle mise en œuvre devra recevoir le feu vert de l’administration, dans une temporalité qui n’est pas encore connue à ce jour. Dans l’attente, la SDEC va procéder au raccordement des REUT aux stations d’épuration, et procéder à des analyses « pour montrer que le système fonctionne ».

 

Si tel est le cas, les eaux usées pourront être réutilisées pour le nettoyage des rues et l’arrosage des espaces verts communaux, et ainsi permettre l’économie non négligeable de volumes d’eau potable. « Si la situation doit durer plusieurs mois, il est évident qu’on ne peut pas laisser une ville sans aucun nettoyage », convient Jérôme Salvi. La REUT devrait aussi pouvoir permettre l’arrosage des greens du golf de Lezza, qui a dû le stopper complètement depuis le déclenchement de l’alerte sécheresse renforcée, fin septembre.

Jean-Christophe Angelini s’en réjouit : « C’est toujours bon à prendre, en attendant le retour de la pluie. » Le maire de Porto-Vecchio disposera de cet équipement « le temps qu’il faudra ». Ces REUT, tient-il à préciser, « nous ne les louons pas, elles nous ont été proposées par le fermier à taux zéro. Il n’y aura donc aucun impact sur le prix de l’eau. »