Convalescent, l’hôpital de Bonifacio s’accroche à ses projets pour sortir de la crise

Rédigé le 15/08/2025
Julien Castelli

Ce mardi, le ministre de la Santé Yannick Neuder a conclu sa visite en Corse à Bonifacio, où il est allé à la rencontre du personnel de l’hôpital et des élus locaux. L’établissement, qui traverse une zone de turbulences dans sa gouvernance, a un nouveau directeur par intérim depuis fin juillet. S’il s’est tenu à l’écart de ce contexte, le ministre a encouragé l’hôpital bonifacien à aboutir sur ses projets.

Un hôpital de jour en oncologie, c’est le projet phare de l’hôpital bonifacien, qui doit voir le jour en juin 2026. L’hôpital de jour, c’est un mode de prise en charge alternatif à l’hospitalisation complète qui rendra possible, sur place, l’administration et la surveillance de cures de chimiothérapie ciblées. Ce projet va de pair avec l’acquisition d’un scanner, qui permettrait à une personne accueillie aux urgences de réaliser une image instantanément, sans être envoyée aux centres d’imageries les plus proches, à Porto-Vecchio. Autre projet structurant qui est à l’étude : l’installation d’un plateau technique de rééducation.
 
« Le centre hospitalier de Bonifacio est un acteur clé des soins de proximité et renforce son offre avec le futur hôpital de jour d’oncologie », a salué le ministre sur ses réseaux sociaux, à l’heure de reprendre l’avion pour Paris. A Bonifacio, a également été évoqué le projet de maison de santé pluridisciplinaire, qui doit accueillir deux nouveaux médecins généralistes en complément de leur activité au sein de la maison de santé de Pianottoli-Caldarello. Pour les accueillir à Bonifacio, la municipalité a pu trouver un local qu'elle mettra à leur disposition. « La présentation du nouveau cabinet médical, avec l’accueil de deux nouveaux médecins généralistes, illustre cette dynamique. Je tiens à saluer l’engagement des professionnels de santé et des élus de Bonifacio au service de la santé de leurs habitants », a poursuivi Yannick Neuder.
 
Climat larvé de tensions à l'hôpital

C’est un fait, les projets et les bonnes volontés ne manquent pas à Bonifacio pour étoffer l’offre de soin et la prise en charge des patients. Mais l’hôpital est traversé depuis plusieurs années par des tensions et des conflits de personnes entre les organisations syndicales, l’encadrement et les directions successives, ce qui a conduit l’Agence régionale de santé à réaliser une médiation en fin d’année dernière. Les mouvements de grève se sont succédé, et la situation s’est envenimée en juillet, après un événement malheureux survenu entre deux agents de l’hôpital, qui a débouché sur la prescription de deux jours d’ITT à l’endroit du délégué syndical STC de l’hôpital.

Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, qui préside également le conseil de surveillance de l’établissement, déplore « ce contexte instable. J’ai milité avec les médecins et le personnel soignant pour que la sortie de crise se fasse par le haut, c’est-à-dire en déroulant une ambition pour l’établissement. » Ce qui passera forcément par la concrétisation des projets d’hôpital de jour en oncologie, de scanner et de plateau technique de rééducation.

"Une visite de politesse"
 
Suite à l’événement malheureux du mois de juillet ayant impliqué son délégué syndical, le STC avait demandé un rendez-vous en urgence à Ajaccio, auprès de l’Agence régionale de santé. Une délégation avait été reçue au lendemain même de la demande, le 25 juillet. Au sortir de cette réunion, décision a été prise de nommer un directeur par intérim jusqu’à la fin du mois de septembre, lequel n’est autre que Jean-Luc Pesce, le président du directoire de l’hôpital d’Ajaccio. Une nomination qui a contenté le STC, syndicat majoritaire de l’hôpital bonifacien : « C’est quelqu’un de sérieux, il est dans le travail et le respect des règles, estime Antoine-Pierre Culioli, animé d’une volonté d’apaisement. On va faire notre possible pour que ça se passe bien. » De son côté, la CFDT, syndicat minoritaire, a profité de la venue du ministre pour « rappeler que les projets médicaux portés par l’établissement ne pouvaient voir le jour et se développer sereinement avec un conflit social permanent ». Antoine-Pierre Culioli est d’accord : « Pour moi, la visite du ministre, c’était une visite de politesse et rien d’autre. Des annonces, il n’y en a pas eues. »