L214 et Global Earth Keeper : une pétition pour demander la fermeture de l'abattoir de Porto-Vecchio

Rédigé le 07/08/2025
Manon Perelli

Après que l’association L214 a diffusé une vidéo révélant de graves dysfonctionnements dans l’abattoir de Porto-Vecchio la semaine dernière, une vingtaine de défenseurs de la cause animale s’est rassemblée ce jeudi devant la préfecture de Corse à Ajaccio pour demander la fermeture de la structure. Une pétition ayant déjà recueilli 74 500 signatures, dont 2 500 en Corse, a également été transmise aux services de l’État.

Des animaux saignés encore conscients après des étourdissements ratés, égorgés sans maintien de leur tête ou encore un usage abusif des aiguillons électriques. Révélées par L214 le 31 juillet dernier, ces images de « dysfonctionnements graves » au sein de l’abattoir de Porto-Vecchio ont rapidement fait le tour de l’île. Après avoir déposé une plainte pour « sévices graves et mauvais traitements » dans la foulée, l’association animaliste, soutenue par l’ONG Global Earth Keeper, appelait au rassemblement devant la préfecture de Corse à Ajaccio ce jeudi matin, afin de demander la fermeture de la structure, au moins le temps que ces dysfonctionnements soient corrigés. 
 
Représentants de L214, membres de Global Earth Keeper et soutiens de la cause animale, en tout c’est une petite vingtaine de personnes qui a répondu à l’appel et en a profité pour tenter de sensibiliser la population à travers la distribution de tracts. « Nous espérons faire entendre la voix des animaux à cette occasion », martèle Laurence Constantin la cofondatrice et présidente de Global Earth Keeper. Dans la même ligne, Fabienne Chambon, vétérinaire à Ajaccio, a tenu à être présente alors que peu «  de mobilisation sont organisées en Corse contre l’élevage intensif et les abattoirs ». « J’ai à cœur de faire le maximum de choses pour défendre les animaux. Le but est de sensibiliser les personnes qui continuent de fermer les yeux sur le type d’images qu’a révélé L214. Ce qui nous inquiète aujourd’hui, c’est le manque de transparence des abattoirs », souligne-t-elle en reprenant : « L214 est décrié pour ses méthodes pour obtenir les vidéosMais si les abattoirs avaient une communication transparente sur leurs méthodes, cela les obligeraient à travailler dans de meilleures conditions ». L’action a toutefois suscité des réactions en demi-teinte auprès du public. « C’est un sujet qui divise », concède ainsi Fabienne Chambon, « On sent qu’il y a un intérêt dès qu’on parle des animaux, mais en même temps, la majorité des gens mangent de la viande et quelque part, tout le monde est donc responsable de ce qui se passe dans les abattoirs. Ce n’est pas quelque chose d’anodin, donc on observe soit des réactions de rejet, soit on voit que les gens sont déjà sensibilisés à la question ».
 
Mais plus loin, le but de ce rassemblement était également de présenter une pétition aux représentants de l’État afin de tenter de faire bouger les choses. « Nous avons remis cette pétition qui a recueilli 74 500 signatures, dont 2 500 signatures corses, au directeur de cabinet du préfet de Corse-du-Sud. Celle-ci relate des manquements au niveau de l'abattage. Les règles exigent en effet que les étourdissements soient bien réalisés avant que les animaux ne soient tués. On a aussi constaté que cet abattoir tue des porcelets alors qu’il ne dispose pas de l’agrément pour le faire, et que cela veut dire qu’il ne dispose pas des outils nécessaires à cet abattage », explique Laurence Constantin. Lors d’un entretien de quelques minutes, le directeur de cabinet du préfet de Corse-du-Sud a tenu à assurer les associations de la mobilisation des services de l’État. « Il nous a dit que des enquêtes internes qui sont menées et qu’il y a déjà quelques rectifications qui sont menées sur des pratiques n’avaient pas lieu d'être », dévoile la présidente de Global Earth Keeper en confiant ne pas avoir obtenu plus de précision. 
 
Après la diffusion de la vidéo par L214, à travers un communiqué de presse, les services de l’État en Corse-du-Sud avaient indiqué qu’ « aucun élément constaté lors des contrôles réguliers menés par les services de l’État ne justifie à ce jour une fermeture immédiate de l’établissement ». « Les vidéos diffusées par L214 permettent cependant d'observer des non-conformités, qui n'avaient pas été constatées lors des inspections. Elles conduiront à des investigations approfondies, engagées dès aujourd'hui, et feront l'objet d'une procédure contradictoire avec l'exploitant, conformément à la réglementation en vigueur », avaient-ils toutefois ajouté.
 
Des justifications qui laissent les associations dubitatives. « La réalité, c'est qu'il y a tous les jours une personne, un technicien des services vétérinaires in situ. Donc, même si pendant des contrôles en plus inopinés, les services de l’État n'ont pas détecté de dysfonctionnements, comme ils sont là tous les jours, on ne comprend pas comment ils peuvent ne pas avoir vu ces dysfonctionnements », souffle Laurence Constantin en indiquant : « Après cette vidéo, nous voudrions pouvoir avoir des audits de tous les abattoirs, un suivi, ainsi que la mise en place de caméras avec possibilité de visionnage par des personnes indépendantes du système de l'abattoir ». Des mesures qui pourraient aussi contribuer à rassurer certains éleveurs qui, selon la présidente de l’association Global Earth Keeper, se sont dits « outrés du traitement infligé à leurs bêtes » après le visionnage de la vidéo de L214. « Certains ont fait des communiqués pour soutenir l'abattoir, mais d’autres étaient complètement choqués et nous ont fait savoir qu'ils pourraient communiquer là-dessus, pour montrer leur indignation. Nous savons que c'est peut-être compliqué de faire entendre cette voix-là, mais on compte quand même sur eux pour dire qu’ils souhaitent prendre soin de leurs bêtes au maximum tout au long de leur vie, et s’opposer à de telles pratiques », livre-t-elle encore.  
 

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Les associations ont remis une pétition demandant la fermeture de l'abattoir de Porto-Vecchio aux services de l'État ce jeudi matin