Les pêcheurs de loisirs militent pour un conseil maritime de façade spécifique à la Corse

Rédigé le 21/06/2025
Julien Castelli

Une dizaine de personnes ont répondu à l’invitation de la Fédération corse des pêches récréatives, ce samedi 21 juin à Porto-Vecchio, au cours d’une réunion publique qui a servi à faire émerger des stratégies de protection de la pêche de loisirs, en même temps que des mesures de gestion de la ressource halieutique.

Les pêcheurs de loisirs militent pour un conseil maritime de façade spécifique à la Corse

La fédération corse des pêches récréatives a animé une réunion publique, ce samedi 21 juin à Porto-Vecchio.

Il y a un an et demi naissait cette fédération qui regroupe cinq associations de pêcheurs de loisirs insulaires : Pesca Passione, Bastia Offshore Fishing, U Falcone, Pesca e Natura ouest Cap Corse et Pesca e Natura est Cap Corse. L’idée était d’unir leurs voix pour mieux se faire entendre face aux instances décisionnaires qui ont ces dernières années instauré des moratoires sur les pêches du mérou, du corb et du denti en Méditerranée. « On n’est pas là pour détruire, on veut construire un avenir durable de la ressource », a rappelé à toutes fins utiles Philippe Piccoli, le vice-président de la fédération. S’ils ont pu contester ces moratoires sur le fond, attaquant même les différents arrêtés au tribunal administratif, les pêcheurs récréatifs insulaires souffrent surtout « d’avoir été évincés des mesures de gestion, sans que l’on ait pu donner notre avis », regrette Jean-Jacques Riutort, qui préside la fédération.

"La Corse est une entité particulière"

Lundi, ils ont été reçus par les services de l’État, aux Affaires maritimes : « On nous a encouragés à demander une place au conseil maritime de façade, pour pouvoir au moins débattre », a rapporté Jean-Jacques Riutort, qui dit en avoir fait la demande dans la foulée : « On sait très bien qu’on ne va pas être majoritaires, mais au moins on pourra arriver avec nos idées, face à tous ces gens qui auront décidé que l’on protège telle ou telle espèce. » Leur volonté va même au-delà de siéger dans l’instance : ils revendiquent la création « d’un équivalent du conseil maritime de façade, spécifique à la Corse. Car on est convaincu que la Corse est une entité particulière. » Présent à la réunion, le conservateur de la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio, Jean-Michel Culioli, a abondé dans leur sens : « En Corse, on a quand même 1 000 kilomètres de côtes. C’est exactement le même linéaire en face, avec des spécificités différentes. » Lui se dit prêt à accorder toute sa place aux pêcheurs récréatifs dans son comité de gestion : « Dans notre groupe de travail sur la pêche récréative, vous y serez à chaque fois », a-t-il garanti. 

"L'eau se réchauffe à vitesse grand V"

Pêcheur sous-marin et président de Pesca Passione, Emmanuel Duborget atteste d’un changement quand il part en mer : « On voit des populations de poissons différentes, notamment des  poissons-perroquets sur la côte est de la Corse. » Jean-Michel Culioli confirme : « Ce que l’on a aujourd’hui, on ne l’aura pas demain. La pêche sera complètement différente, car l’eau se réchauffe à vitesse grand V. En ce moment, toutes les semaines, on prend un degré de plus et les poissons descendent de plus en plus profond. »

Parmi les revendications, Jean-Jacques Riutort s’estime en droit de demander « le développement en Corse d’une pêche de loisirs réservée prioritairement aux insulaires. Car on veut bien faire des efforts de gestion, mais on veut aussi être les premiers à en bénéficier. »  Enfin, Philippe Piccoli a demandé aux pêcheurs récréatifs insulaires de se montrer attentifs aux décisions futures, afin qu’ils se tiennent prêts à s’y opposer démocratiquement : « C’est important de réagir aux consultations publiques, car, quand il y aura 20 000 signatures, ça commencera à porter ses fruits. »