La récolte des clémentines a débuté en Corse : 1 200 saisonniers marocains en renfort

Rédigé le 20/10/2024
Andrea Petitjean

Depuis lundi dernier, la campagne de récolte des clémentines a officiellement débuté sur l'île. Pour faire face à l'accroissement de la production et à l'absence d'un main d'œuvre locale suffisante, le recours aux saisonniers marocains est devenu systématique afin d’assurer la récolte de l'agrume emblématique de l’île.

La saison des clémentines a bien démarré en Corse. C’est ce qu’affirme Jean-Paul Mancel, agrumiculteur et président de l’association pour la promotion de la clémentine corse. « La saison a bien débuté. Les fruits ont une belle coloration, on a du jus, on a de l'acidité, donc je suis très satisfait de ce début de saison. Pourtant, cette année, on pensait avoir du retard en raison de la coloration des fruits qui nous semblaient très verts. » 
En revanche, comme chaque année, le manque de main-d’œuvre locale persiste.

 
Et en Corse, le besoin ne faiblit pas. Après la pandémie, le nombre de saisonniers en France avait fortement baissé en 2020, et la Corse n'avait pas été épargnée. 
Pour répondre à cette pénurie, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) avait organisé l’acheminement des travailleurs marocains via des charters. Cette initiative découle d'une convention signée en juillet dernier entre l'Ofii, la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) et un organisme public marocain dédié à l’emploi. L'objectif est clair : faciliter le recrutement de saisonniers pour soutenir une production agricole en constante augmentation.  


Installé à Valle-di-Campoloro en Haute-Corse, Jean-Paul Mancel explique néanmoins qu'il est contraint de faire face à cette problématique bien avant la pandémie de Covid-19.
Selon lui, la situation dure depuis plus d'une décennie. « J'ai 15 saisonniers qui viennent tous les ans, certains depuis plus de 15 ans. C'est pour vous dire à quel point ces diffcultés liées à la récolte remontent. Et ça ne va pas en s'arrangeant puisque, cette année encore, on pense expédier au moins 20 % en plus de clémentines que l'année précédente. En 2023, on a envoyé 30 000 tonnes de clémentines, et cette année, la récolte est plus importante, donc on a un besoin exponentiel de main-d’œuvre, qu’il est impossible de trouver localement. » 


Main-d'œuvre : "comment trouver 1 200 personnes pour travailler deux mois ?"
Interrogé sur les raisons pour lesquelles il fait venir des saisonniers marocains sur son exploitation, il répond sans détour : « Le problème, c'est qu'on aurait besoin de plus de 1 000 personnes pour nous aider lors des récoltes. En Corse, comment trouver 1 200 personnes pour travailler deux mois ? C'est impossible. Et je comprends très bien. Je veux dire, un travail de deux mois, qui ça peut bien intéresser ? D'autant qu'il s'agit d'une tâche qui est compliquée, qui n'est peut-être pas tellement valorisée, valorisante. Le souci, c'est qu'on a besoin de plus en plus de personnel et qu'on n’a pas assez de gens qui répondent à l'appel chez nous. Donc on doit chercher ailleurs. »
L'an dernier,1 200 saisonniers étaient  venus du Maroc lors de la campagne de récolte des clémentines dans les exploitations de l'île. Cette année, les chiffres devraient être quasiment identiques.



Après leur période de travail, ces saisonniers doivent retourner au Maroc, où ils sont tenus de se présenter à l’antenne de l'Ofii à leur arrivée.
Selon les données de l’Ofii, le nombre de saisonniers marocains employés en France a explosé ces dernières années, atteignant 16.000 en 2022 contre seulement 6.300 en 2018.