Le Partitu di a Nazione Corsa tenait son assemblée générale ce dimanche dans l’amphi Ettori de la Fac de Droit à Corte avec comme ordre du jour l’adoption d’une motion d’orientation politique censée faire une mise à jour du logiciel du parti, mais au-delà du mouvement national. Et cela passe aussi par le lancement d’un véritable projet politique pour les 25 prochaines années.
L’assemblée générale du Partitu di a Nazione Corsa (PNC) a été l’occasion d’un débat nourri autour de la motion d’orientation politique, en présence de militants, de sympathisants, mais aussi de toutes celles et ceux désireux de participer. « Le débat fut riche, car nous sommes convaincus qu’il faut recréer du lien et redonner du sens à notre engagement auprès du peuple corse », a affirmé Pascal Zagnoli, secrétaire national du PNC.
Il a pointé un désenchantement croissant : « Trop de Corses se sentent abandonnés par des élus peut-être embourgeoisés, et ne se reconnaissent plus dans des structures militantes parfois dépassées. » Pascal Zagnoli a évoqué la précarité grandissante, les difficultés d’accès au logement, à l’emploi, à des besoins élémentaires, comme faire le plein ou remplir un caddie. À cela s’ajoutent le chômage, le décrochage scolaire, les addictions. « Si notre peuple, confronté à tout cela, est menacé de disparition, alors nous avons failli, et il nous faut en tirer les conséquences », a-t-il martelé, en appelant à « un discours de vérité, loin des violences et des atteintes aux outils économiques ou agricoles. »
Revenant sur la victoire électorale de 2015, Pascal Zagnoli a reconnu que l’espoir né ce 13 décembre s’est essoufflé. « L’avènement d’un pays nouveau est encore loin. La Corse est en perte de repères, et l’explosion démographique menace jusqu’à l’existence même de notre langue et de notre peuple. » Il a défendu le droit des jeunes à « vivre, travailler et se loger in terra nostra ».
Face à ce constat alarmant, il a lancé un appel à toutes les composantes du mouvement national pour une introspection sincère. « Il est temps de revenir dans le monde réel sans renier nos fondamentaux. Le mouvement national doit aujourd’hui être capable de définir une véritable stratégie. » Il a critiqué l’inertie de la majorité territoriale et l’absence de résultats concrets face aux difficultés quotidiennes des Corses. « Les Corses attendent des nationalistes un projet ambitieux pour bâtir une société corse à l’horizon 2050. »
Motion d’orientation politique adoptée à l’unanimité
Cette ambition prend forme dans la motion d’orientation politique, adoptée à l’unanimité. Elle appelle à une refonte interne et à la construction d’une nouvelle matrice politique, adaptée aux enjeux actuels – qu’ils soient sociaux, économiques ou environnementaux. Le PNC réaffirme que l’avenir de la Corse passe par une solution politique, fondée sur la reconnaissance du peuple corse, l’autonomie et la fin des logiques répressives contre les militants nationalistes.
Dans cette perspective, le PNC plaide pour une fiscalité territorialisée, une péréquation des financements, un plan de rattrapage historique et des transferts financiers adéquats – des leviers jugés essentiels pour contrer la montée des extrêmes, et notamment de l’extrême droite, dont « l’ultra-jacobinisme représente une menace mortelle pour la Corse que nous voulons construire. »
Riacquistu naziunale
Le parti propose une ambition politique de long terme, qualifiée de « riacquistu naziunale », pour les 20 années à venir. Elle s’appuie sur les propositions formulées lors du processus de Beauvau et s’étend bien au-delà des revendications historiques, en intégrant des enjeux contemporains : autodétermination dans un cadre méditerranéen et européen, laïcité paoliste, diplomatie de la Corse autonome, réforme des outils de la CdC, statut hors norme de l’Académie de Corse, transition énergétique, agricole et environnementale.
Cette motion doit permettre au PNC de retrouver des responsabilités pour transformer la Corse. « Cela passe par un déploiement de nos militants dans tous les territoires et une présence active dans les démarches municipales. 2026 doit marquer notre retour à l’échelle communale et intercommunale. »
Renouvellement