Ponte Novu : "O Corsu un ti scurda di a to storia"

Rédigé le 08/05/2025
Charles Monti

Le jour où la France célèbre la victoire de 1945, c’est une défaite sanglante des Corses de Pasquale Paoli face aux armées du roi de France, en 1769, qui est commémorée à Ponte-Novu, un hommage aux quelques centaines de partisans de Paoli tombés pour défendre la république indépendante de Corse proclamée en novembre 1755, et renouvelé tous les ans par u Ricordu di Ponte Novu.

"O Corsu un ti scurda di a to storia" proclame Ricordu di Ponte Novu qui annuellement célèbre cette date en organisant des conférence, messe, procession et veillée sur le site historique.


Cette année, le rassemblement a débuté par une conférence de Kevin Petroni, il s'est poursuivi par la traditionnelle messe en langue corse et une procession à laquelle ont pris part de nombreuses confréries et I Naziunali, puis par une Veghja Nustrale et un banquet près du pont où, quelques heures auparavant personnalités politiques corses, associations et simples particuliers avaient jeté des gerbes de fleurs dans les eaux du Golu, moments émouvants qui se sont déroulés avec I Fochi Paoli également presents "pè i 300 ani di a nascita di Pasquale Paoli incu a fiaccula in memoria di u Babbu di a Patria."

L'avant Ponte-Novu

La Corse était depuis quatre siècles une possession de la République de Gènes. Sous la conduite de Pasquale Paoli, Babbu di a Patria, une révolution inspirée des idées de Voltaire et Rousseau, mais aussi de la naissance d’un sentiment national, a éclaté en Corse et en novembre 1755, une république de Corse est proclamée avec Corte  pour capitale.
Les Génois ne contrôlant plus quelques ports ont tenté de reprendre le contrôle de l’île qui s’était organisé en État indépendant avec sa constitution et sa monnaie. N’y parvenant pas, Gênes a fini par céder « provisoirement » ses droits sur la Corse à la France, qu’elle charge de « pacifier » l’île et est de lui restituer en échange de 40 millions de livres, le paiement de son intervention.
Les premières batailles ont tourné en faveur des indépendantistes, mais le royaume de France a envoyé de gros renforts, épaulés par des mercenaires prussiens.
Les partisans de Pascal Paoli ont fini par être écrasés à la bataille de Ponte Novu, les 8 et 9 mai 1769. Paoli va s’exiler à Londres et la France prendre le contrôle de toute l’île qui devient une province française en 1770.