Corte : deux journées de réflexion sur le droit au bonheur, à l’occasion du tricentenaire de Pascal Paoli

Rédigé le 09/04/2025
Mario Grazi

Organisé par l’UMR LISA dans le cadre du tricentenaire de la naissance de Pasquale Paoli et de la revue Lumi, un colloque se tient à Corte les 10 et 11 avril autour d’une idée formulée dès 1755 dans la Constitution corse : le droit au bonheur. Juristes, historiens et chercheurs venus de plusieurs universités européennes y croisent leurs regards.

À l’occasion du tricentenaire de la naissance de Pasquale Paoli, l’UMR LISA consacre deux journées de réflexion au droit au bonheur, en partenariat avec la revue Lumi, dirigée par Jean-Guy Talamoni. Un thème choisi en référence directe à la Constitution de 1755, dont le préambule contenait déjà cette idée, considérée comme novatrice pour son époque. « La Corse a été pionnière sur cette question. Aujourd’hui, on retrouve le droit au bonheur dans de nombreuses constitutions, c’est un droit qui non seulement existe, mais émerge », indique Petr’Antò Tomasi, responsable scientifique du colloque.

Réunissant à Corte une vingtaine d’intervenants venus de l’Université de Corse et de plusieurs établissements européens, le colloque adopte une approche transdisciplinaire. Il mobilise principalement des juristes, mais aussi des historiens, des sociologues, des économistes et des enseignants de littérature, en présentiel ou en visioconférence.

La première journée s’est ouverte par une conférence d’Antonio Trampus, professeur d’histoire moderne à l’Université de Venise, considéré comme l’un des principaux spécialistes du sujet. « Le thème peut surprendre, mais il est très présent dans la jurisprudence de droit public, notamment aux États-Unis, où il figure dans la Déclaration d’indépendance et dans plusieurs constitutions d’États fédérés »,a rappelé Jean-Guy Talamoni. Mais selon lui, la première mention du droit au bonheur dans un texte constitutionnel remonte bien à la Corse. « C’est reconnu par l’ensemble des chercheurs, y compris ceux extérieurs à l’île. Le professeur Trampus lui-même consacre un chapitre à la Constitution de Paoli dans son ouvrage Il diritto alla felicità, storia di un’idea. Il y affirme que c’est la Corse qui a montré l’exemple. »

Le colloque aborde également la question de la portée juridique de ce droit. Peut-il être opposable ? Jean-Guy Talamoni nuance : « On ne peut pas faire un procès à l’État si l’on est malheureux. Mais cela impose à la puissance publique de ne pas nuire à la recherche du bonheur des citoyens, et de mettre en œuvre des politiques qui y contribuent, dans des domaines comme la santé, l’éducation ou les droits sociaux. »

Les travaux se poursuivront ce jeudi à partir de 10 heures dans l’amphithéâtre Ribellu de la faculté de lettres, avec une conférence de Carine David, professeure de droit public à l’Université d’Aix-Marseille.