A Corte, le député sortant, Jean-Félix Acquaviva, lance sa campagne pour les législatives

Rédigé le 16/06/2024
MV

Jean-Félix Acquaviva, député sortant de la deuxième circonscription de Haute-Corse, a officiellement annoncé sa candidature pour un troisième mandat consécutif à l'Assemblée nationale. C’est ce dimanche, sur la place Paoli à Corte, que l’autonomiste a dévoilé ses ambitions devant plus de 200 militants venus le soutenir

A Corte, le député sortant, Jean-Félix Acquaviva, lance sa campagne pour les législatives

Le député sortant Jean-Félix Acquaviva er sa suppléante, la balanine Marie Jeanne Andreani. Photo CNI.

Sept ans après avoir accédé à la députation, Jean-Félix Acquaviva brigue un troisième mandat consécutif à l'Assemblée nationale où il a notamment siégé au sein du groupe Liot. Le 30 juin prochain, l'élu autonomiste défendra son bilan dans les urnes sous la bannière "Femu a Corsica". C'est d’ailleurs en présence de plus de 200 militants, dont de nombreux élus de la majorité territoriale et le père d’Yvan Colonna qu’il a officialisé ce dimanche, à Corte, sa candidature. "L'heure est importante." a-t-il lancé, insistant sur les enjeux de cette élection. Face à ce qu’il décrit comme une "crise historique d'une gravité sans précédent",  le député sortant appelle à la responsabilité et à l'engagement pour la Corse. "Ce qui se passe avec la dissolution de l'Assemblée nationale et le contexte politique français impacte inévitablement la Corse. Il est crucial de faire preuve de responsabilité, de lucidité, de clarté et d'engagement," a-t-il souligné.
Pour lui, il est impératif de "prendre en compte la colère exprimée par les citoyens aux élections européennes" tout en faisant barrage aux extrêmes "menaçant l’identité, la langue et la culture corses."

L'ancien maire de Lozzi a également pointé les divisions au sein des partis traditionnels, "À droite comme à gauche, nous assistons à des explosions et des scissions, que ce soit chez Les Républicains, entre Marion Maréchal et Éric Zemmour, ou même chez la gauche," a-t-il noté.  "Nous assistons à des explosions et des scissions."  Dans ce contexte, Jean-Félix Acquaviva entend offrir à la Corse un discours clair et dédié exclusivement à son intérêt et à celui de son peuple. "Nous devons poursuivre notre travail sur les institutions et l'économie de notre région, tout en faisant barrage aux extrêmes."

Après deux années d’un mandat avorté par la dissolution de l’Assemblée nationale celui qui est député depuis 2017 redoute  que le processus de Beauvau, déjà mis entre parenthèses après la dissolution de l'Assemblée nationale, soit définitivement abandonné si le Rassemblement National confirme sa percée aux prochaines législatives. "Notre voix, c’est celle des intérêts de la Corse et du peuple corse qui doit avoir la maîtrise de son destin," a-t-il affirmé. "Nous ne sommes pas les représentants de partis parisiens en Corse mais les députés des Corses. Nous avons constitué un groupe indépendant à Paris pour défendre l’intérêt supérieur de la Corse." 

"Le RN a capté la colère" : un vote de sanction ou de conviction? 
Du score de l’extrême droite en Corse où les listes cumulées du candidat du Rassemblement national, Jordan Bardella (40,8 %), et de la candidate de Reconquête !, Marion Maréchal (8,4 %), ont rassemblé la moitié des suffrages au terme d’un scrutin qui a mobilisé quatre électeurs sur dix, Jean Félix Acquaviva ne se soucie pas trop. "L'ascension record de l'extrême droite en Corse est  un vote de sanction contre le Président Macron" observe-t-il. "On connaît le paradoxe de l'électorat insulaire, qui vote nationaliste aux élections locales mais penche vers l'extrême droite aux élections nationales," Toutefois, l'élu autonomiste avertit : "Si cette tendance devait se confirmer aux législatives, cela pourrait avoir des répercussions significatives sur le projet d'autonomie de l'île."  S'il faut prendre en compte la colère des électeurs, selon lui, il ne faut pas pour autant diluer l'identité corse. "Nous ne pouvons pas nous permettre d'assimiler l'identité corse, sa langue et sa culture avec des gens qui captent des colères, mais sont favorables aux résidences secondaires." Il rappelle que certains députés se sont opposés à leurs amendements contre la spéculation ou encore pour la reconnaissance de la langue et de la culture corses. "Imaginez l'instabilité politique dans laquelle nous pourrions nous retrouver demain si nous ne faisons pas les bons choix aujourd'hui. Nous ne sommes pas des candidats caméléons. Nous affichons notre bilan et nos couleurs," avertit-il. "Nous avons travaillé pour la Corse, là où d'autres étaient absents. Ces élections ne sont pas l'occasion pour certains de simplement réinvestir le terrain après deux ans d'absence totale."
 

A Corte, le député sortant, Jean-Félix Acquaviva, lance sa campagne pour les législatives

Environ 200 personnes étaient présentes à Corte.

Un  match compliqué 
La campagne s'annonce ardue pour l'ancien maire de Lozzi, qui devra affronter à nouveau François-Xavier Ceccoli, son adversaire coriace de 2022 qui avait perdu de seulement 156 voix lors du second tour. Malgré ce défi, Jean-Félix Acquaviva se dit confiant "Je n'ai jamais été aussi serein dans une élection. C'est une victoire qui nous attend, pas la mienne mais celle de tous. Le contexte des candidatures et des soutiens qui me seront apportés n'est pas le même. Il y a un sursaut démocratique, je sens un regain de mobilisation électorale." 

​En défendant son mandat et celui de deux autres députés nationalistes qui ont réussi "à arracher des spécificités pour la Corse" ,le candidat souligné l'importance de la continuité de leur action pour la Corse. "Nous nous sommes battus sur beaucoup de sujets sociaux et économiques en nous opposant notamment à la réforme des retraites, à l'assurance chômage, en luttant en faveur de l'allocation concernant les adultes handicapés ou encore pour le crédit d'impôt" a-t-il rappelé.  "Il n'y aurait rien de plus grave aujourd'hui que la voix des députés corses à Paris soit enterrée. L'utilité que notre action a eu jusqu'à ce jour est indéniable. Il faut être des députés de combat à Paris qui oeuvrent pour une politique favorable à l'ile. Je suis persuadé que les Corses refuseront de faire confiance à des candidats caméléons qui n'affichent pas leur couleur ou encore à la 'polarisation baronique locale' qui veut prendre une vengeance alors qu'ils ont eu le pouvoir par le passé et qui l'ont mal utilisé."  


Pas d’union nationaliste 
Malgré son optimisme, un autre facteur qui pourrait toutefois lui être défavorable est l'absence d'union au sein de la famille nationaliste. Le candidat minimise : "J'estime que l'enjeu de cette élection réside dans le choix entre deux voies : celle de mon bilan et de mes actions à l'Assemblée nationale, et celle des autres candidats." 

À moins de deux semaines du premier tour de cette campagne éclair, Jean-Félix Acquaviva assure qu'il ne "lâchera rien pour le peuple corse, ni aujourd'hui ni jamais."