A Corte, Via Campagnola rend hommage à Pierre Alessandri

Rédigé le 17/05/2025
Mario Grazi

Deux mois jour pour jour après l’assassinat de Pierre Alessandri, président de Via Campagnola pour la Corse-du-Sud, le syndicat agricole a tenu son assemblée générale ce samedi dans les locaux de l’Open Spaziu de Corte. L’événement a été l’occasion de lui rendre un hommage appuyé et de réaffirmer la détermination du syndicat à poursuivre son combat en faveur des terres agricoles et des agriculteurs

Après une réunion du bureau, les adhérents ont été conviés à l’assemblée générale ordinaire.
La séance a débuté par le vote du compte administratif, puis s’est poursuivie avec le bilan moral présenté par Laetitia Simeoni, présidente de la section Haute-Corse, élue en mars dernier. D’entrée, elle a rappelé le souvenir de Pierre Alessandri : « Son assassinat remonte à deux mois, jour pour jour. Certains se sont étonnés de notre silence, d’autres l’ont interprété à leur manière. En réalité, nous avons été sonnés, puis nous avons choisi de nous taire par respect pour sa famille. Mais le temps du silence est terminé. Jean-Dominique Musso lui rendra aujourd’hui l’hommage qu’il mérite. »
Laetitia Simeoni est également revenue brièvement sur les incidents qui ont empêché la tenue d’une réunion sur la gestion de l’eau, la veille à Ghisonaccia, condamnant « fermement les débordements et la manière inacceptable dont certains s’adressent aux gens ».
Elle a rappelé que Via Campagnola est désormais le syndicat majoritaire en Corse, fort de sa contribution à l’élection de Jean-Baptiste Arena à la tête de la Chambre régionale d’agriculture.
« Nous repartons sur des bases solides, avec des comptes assainis. La force de Via Campagnola, c’est l’unité et la solidarité. Cette cohésion nous permet d’avancer, de proposer, de construire, tout en maintenant nos combats historiques. »
Elle a insisté sur la priorité donnée à la défense des terres agricoles et à la lutte contre la spéculation foncière : « Ces terres n’ont pas vocation à être bétonnées. Il faut le marteler, car trop de forces cherchent à nous en déposséder. »
Le modèle agricole défendu par le syndicat repose sur la diversité, la complémentarité des exploitations et une production respectueuse de l’homme comme de l’environnement : « Nous ne privilégions ni la montagne ni la plaine, ni les cochons plutôt que les vaches. Nous défendons une agriculture de production, porteuse de savoir-faire, tournée vers l’avenir et soucieuse des générations futures. »
La présidente a également appelé à une rupture nette avec l’ancienne majorité. « Nous espérons que la nouvelle Chambre incarnera les valeurs que nous défendons depuis toujours : une agriculture insulaire, durable, accompagnée techniquement et humainement. Il est temps de travailler en synergie avec tous les acteurs du monde agricole. »
Via Campagnola a notamment obtenu de l’ODARC des aides à l’investissement pour les petites structures polyvalentes, contribué à la création de magasins de producteurs et mis en place un circuit de collecte et de distribution de produits fermiers, ainsi que la marque collective Altrimente.
 
Un hommage fort et une interpellation des pouvoirs publics
L’assemblée a ensuite entendu l’intervention très attendue de Jean-Dominique Musso, qui a pris la parole pour rendre un hommage poignant à Pierre Alessandri :
« Son assassinat revêt un caractère particulier. Pierre n’a pas été victime d’un règlement de comptes ou d’un fait divers tragique. Il a été assassiné chez lui parce qu’il était notre secrétaire général, parce qu’il était un syndicaliste. C’est une attaque contre ce que nous sommes. »
Il a rappelé que le syndicalisme est un pilier de la démocratie, et que celle-ci repose sur des institutions garantes de la protection des personnes et des libertés fondamentales.
« Alors, dans quelle démocratie sommes-nous quand un syndicaliste est tué pour ses idées ? Quand défendre les terres agricoles devient un risque mortel ? Où sont les pouvoirs publics ? »
Il a dénoncé le silence des autorités, estimant qu’il est « intolérable et inacceptable ».
« À ceux qui parlent de sursaut populaire, nous disons : ce sursaut, nous l’avons déjà eu. Et aujourd’hui, c’est à l’État de faire le sien. Nous exigeons des réponses, et nous les obtiendrons. Par tous les moyens nécessaires : juridiques, judiciaires, syndicaux. »
Il a conclu en affirmant vouloir poursuivre le chemin tracé par Pierre Alessandri. « Produire pour vivre. Produire pour nourrir la Corse. Et refuser que cet engagement soit une condamnation. Nous n’abandonnerons pas Pierre. »
L’assemblée s’est levée pour saluer la mémoire de Pierre Alessandri dans un long moment d’applaudissements.