Jet de fumigène lors de SCB - Red Star : six mois de prison avec sursis et cinq ans d’interdiction de stade

Rédigé le 15/12/2025
Léana Serve

Le tribunal correctionnel de Bastia a condamné ce lundi João-Paulo Miranda à six mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de deux ans ainsi que d’une interdiction de stade pendant cinq ans et une obligation de pointage au commissariat les soirs de match. Il était poursuivi pour le jet d’un fumigène le 5 décembre dernier lors du match SCB - Red Star ayant blessé un défenseur francilien.

Dans le cadre d’une comparution immédiate ce lundi, le tribunal correctionnel de Bastia a condamné João-Paulo Miranda, 30 ans, à six mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de deux ans, avec obligation de soins. Il s’est également vu infliger une interdiction de stade pendant cinq ans, assortie d’une obligation de pointage au commissariat les soirs de match. L’homme était poursuivi pour plusieurs infractions liées à un même fait : le jet d’un projectile lors d’une manifestation sportive, l’usage d’un engin pyrotechnique dans une enceinte sportive ainsi que des violences n’ayant pas entraîné une incapacité de travail. Cette dernière infraction a été retenue en état de récidive légale, le prévenu ayant déjà été condamné en octobre 2022 à Nice pour des faits similaires.
 

L’affaire remonte au 5 décembre dernier, lors du match opposant le SCB au Red Star dans le cadre de la 16e journée de Ligue 2. La rencontre avait été interrompue à la 57ème minute après qu’un engin pyrotechnique, jeté depuis la tribune Est, avait atteint Bradley Danger, défenseur du club francilien. Après une longue interruption et une réunion de crise, l’arbitre du match, Pierre Gaillouste, avait finalement décidé d’arrêter définitivement la rencontre. Le parquet de Bastia avait rapidement ouvert une enquête pour « violences volontaires aggravées », ce qui avait entraîné la mise en examen d’un homme, placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Borgo en attente de son procès.
 

Le parquet réclame huit mois de prison avec sursis
 

Lors de l’audience, la présidente du tribunal est longuement revenue sur le déroulement des faits et a rappelé que João-Paulo Miranda avait déjà été impliqué dans un fait similaire l’année dernière, au sein de la même enceinte sportive, en « dégradant avec un engin pyrotechnique la toiture de la tribune Nord » du stade Armand Cesari. À la barre, le prévenu a reconnu les faits et exprimé ses regrets, évoquant un geste irréfléchi commis sous le coup de la frustration. « Il ne m’a pas fallu plus d’une seconde pour me dire que j’avais commis une énorme bêtise », a-t-il déclaré, assurant n’avoir jamais voulu blesser un joueur.
 

Maître Jean Gour, avocat de la Ligue de Football Professionnel, constituée partie civile, a indiqué que « le rôle de la Ligue est de protéger les acteurs du jeu, les supporters, les clubs et les stades de football ». « Son rôle n’est pas de dire s’il doit aller en prison, mais ce qui interpelle, c’est son attitude, dans le sens où il dit aujourd’hui qu’il s’agissait d’un coup de sang où, sur une action anodine, il a jeté un projectile. On est au stade, on est passionné, on peut comprendre la frustration, mais celle-ci semble exagérée. » Sans se prononcer sur la peine, l’avocat de la LFP a plaidé pour une interdiction de stade assortie d’une obligation de pointage, « afin d’empêcher la réitération des faits ». La LFP a sollicité 1€ de dommages et intérêts ainsi que 2 000 euros au titre des frais de procédure.
 

Maître Anthony Rampa, représentant Maître Baptist Agostini-Croce, avocat du SCB, aussi constituée partie civile, a mis en avant « des conséquences importantes pour le club » qui sera « certainement sanctionné le 22 décembre par la Ligue » (la commission de discipline de la LFP doit se prononcer sur les sanctions qui pourraient être imputées au SCB, ndlr). Il a également souligné que le geste de João-Paulo Miranda, avait porté atteinte à l’image du club lors du match marquant le 120e anniversaire du SCB. « Ce n’est pas un acte de supporter qui a été fait le 5 décembre », a-t-il déclaré, évoquant les sanctions possibles comme « une amende importante ou la fermeture d’une tribune ». À ce titre, l’avocat a demandé une interdiction de stade avec exigence de pointage, mais aussi un renvoi sur intérêt civil pour statuer sur le montant des dommages et intérêts réclamés par le SCB.
 

Dans ses réquisitions, le parquet a souligné que le prévenu « ne pouvait ignorer que son geste pouvait entraîner un contact avec les joueurs, stadiers ou autres personnes » et « qu’il ne pouvait avoir d'autre intention que d’atteindre quelqu’un ». Il a ainsi requis huit mois de prison avec un sursis probatoire de 18 mois, une obligation d’effectuer 250 heures de travaux d’intérêt général ainsi qu’une interdiction de stade pendant cinq ans et une obligation de pointer au commissariat les soirs de match.
 

Aucune intention de blesser, selon la défense
 

La défense a quant à elle demandé à ce que ne soit retenue que l’infraction de jet de projectile, plaidant qu’il s’agissait d’un acte commis sans intention de blesser. « Ça résulte d’un excès de colère mais il n’y avait pas d’intention à porter atteinte à l’intégrité physique de quelqu’un. Quelle était la probabilité pour que ça atteigne quelqu’un en l’allumant et en le lançant en une seconde ? », a interrogé Maître Antoine Giudici, soulignant que son client « avait l’intention de se manifester auprès de M. Ferrandi » après son geste, comme il l’avait fait en 2024 pour le premier incident, mais qu’il a pris peur. « Il a néanmoins reconnu les faits avant d’être confronté aux images après s’être présenté devant les policiers. » À ce titre, l’avocat a demandé « une peine qui lui permette de poursuivre son activité », João-Paulo Miranda étant gérant d’un bar. Il a demandé à ce que la peine de prison soit réduite à six mois avec sursis, indiquant que son client « s’est puni lui-même ».

Au terme de près de deux heures d’audience, le tribunal correctionnel de Bastia a finalement condamné João-Paulo Miranda à six mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de deux ans, avec obligation de soins, ainsi qu’une interdiction de stade pendant cinq ans, assortie d’une obligation de pointage au commissariat les soirs de match. Il a également été condamné à verser 1€ symbolique à la LFP et à Bradley Danger, constitué partie civile. Du côté des dommages et intérêts réclamés par le SCB, l’affaire a été renvoyée au 7 avril pour statuer sur cette décision. Maître Anthony Rampa a indiqué que cette audience permettra de « chiffrer le préjudice de ce geste ». De son côté, Maître Antoine Giudici a salué une peine « proportionnée » et tenant compte de la personnalité de son client.