En Corse, le Collectif Lycéen & Citoyen veut redonner une voix à la jeunesse

Rédigé le 04/11/2025
Léana Serve

Né au mois d’avril, le Collectif Lycéen & Citoyen ambitionne de rassembler les jeunes autour de propositions communes. Après une campagne d’information menée sur l’île, ses membres préparent désormais un programme national qu’ils comptent soumettre au ministre de l’Éducation nationale.

En Corse, le Collectif Lycéen & Citoyen veut redonner une voix à la jeunesse

Pierre-François Quercioli lors de la distribution de tracts (Crédit : Collectif Lycéen & Citoyen)

« On était écoutés, mais on ne se sentait pas entendus. » C’est cette phrase qui résume le constat à l’origine de la création du Collectif Lycéen & Citoyen, né en Corse avant de s’étendre sur l’ensemble du territoire. Pour son fondateur, les instances de représentation existantes ne permettaient plus aux jeunes de faire valoir leurs idées. « On ne se sent plus représentés ni écoutés », déplore Pierre-François Quercioli, président du collectif. « J’ai été élu au conseil de la vie lycéenne dans mon établissement, puis au conseil académique, et quand on faisait des réunions une à deux fois par an et qu’on proposait des projets, on nous expliquait que ce n’était pas possible. »
 

Face à ce sentiment, il fonde, avec des jeunes du continent, un collectif indépendant pour redonner une voix aux élèves et proposer des solutions concrètes. L’association, créée au mois d’avril, s’est depuis dotée d’un conseil d’administration de 12 membres et revendique plus d’une centaine d’adhérents répartis dans toutes les régions de France. « On a pas mal de jeunes engagés un peu partout, on essaie de se faire connaître aussi sur les réseaux sociaux. En fait, l’idée, c’est de créer une union : au vu du contexte actuel, on ne peut pas travailler chacun de son côté, ce n'est pas possible. Je pense sincèrement que c'est en s'alliant, en s'unissant qu'on va pouvoir vraiment déboucher sur quelque chose. »
 

Une campagne d’information à travers la Corse
 

Après sa création, le Collectif Lycéen & Citoyen a récemment mené une action en Corse, où il a organisé il y a quelques semaines une vaste campagne d’information et de sensibilisation. L'objectif : faire connaître le mouvement, présenter ses propositions et encourager les jeunes à s’unir autour d’une même voix. Pendant plusieurs jours, des membres du collectif ont sillonné les principales communes de l’île, d’Ajaccio à Bastia, en passant par L’Île-Rousse et Belgodère.
 

Plus de 2 000 tracts ont été distribués, accompagnés d’échanges directs avec des passants, des commerçants et des élus locaux. « Le but, c’est déjà de faire connaître notre collectif, notre proposition, ce qu'on soutient et ce qu'on projette. L'essentiel de cette campagne de communication, c'est d'appeler à l'union, et sur le tract, c'est marqué en grand, que l'union nationale de la jeunesse fera notre force. Je l’ai toujours dit et je continuerai à le répéter, il faut s'unir, c'est une nécessité. On a rencontré des gens dans la rue qui nous ont dit que c'était très bien et qu'il fallait que la jeunesse s'engage, et aujourd'hui je suis très content de porter l'idée de ce collectif, moi qui m’implique depuis plusieurs années. »
 

Un programme national en préparation
 

Fort du succès de sa campagne insulaire, le Collectif Lycéen & Citoyen s’attèle désormais à un projet plus ambitieux : l’élaboration d’un programme commun national, qu’il souhaite soumettre au ministre de l’Éducation nationale. Un travail qui réunit aujourd’hui plus d’une dizaine d’associations partenaires, chacune mobilisée sur un thème spécifique. Parmi les sujets abordés figurent « la lutte contre le harcèlement, la transition écologique, mais aussi la défense des langues régionales ». « Ça me tient à cœur parce que je suis Corse, mais également parce qu’on a des jeunes qui viennent de la Réunion, de Nouvelle-Calédonie, et tout ce qui touche à l’identité régionale est important », détaille Pierre-François Quercioli.

Pour élaborer le programme, les jeunes souhaitent « réunir toutes les organisations lycéennes de France à Paris ». « On profiterait de cette journée pour parler de ce qui se passe au sein de la jeunesse, pour exprimer nos avis, bien évidemment nos craintes, afin d’échanger et de mener un projet commun. » Le collectif souhaite ensuite poursuivre son action en rencontrant le ministre de l’Éducation nationale afin de lui soumettre l’idée du projet. « Aujourd'hui, on est face à une réalité dans nos établissements scolaires, c'est qu’on a un système à bout de souffle qui devient de plus en plus obsolète, et qu'il faut remplacer au plus vite. Ce qu'on attend du ministre, déjà c'est d'être reçus, d'être écoutés, et ensuite c'est de coopérer ensemble pour mettre en œuvre ce programme. »

Et les membres ont déjà une idée de la mise en place de leur action : « On pourrait par exemple créer un programme test, dans un établissement que pourrait choisir le ministère de l'Éducation nationale, et appliquer certaines de nos propositions, pour voir si cela fonctionne ou pas. En tout cas, on travaille jour et nuit pour créer ce programme, parce que quand on veut aller devant le ministre, on veut arriver avec un vrai programme qui a été construit sur une base, une volonté commune de changement, et bien évidemment, qui soit représentatif du pluralisme aujourd'hui dans la démocratie et notamment chez les jeunes. »