Violences conjugales : en Haute-Corse, une vigilance de chaque instant, même en été

Rédigé le 24/08/2025
Léana Serve

En Haute-Corse, la police nationale a procédé à treize interpellations en dix jours pour des faits présumés de violences conjugales. Si la Fondation des Femmes alerte chaque été sur une hausse des violences et une baisse de la capacité d’accueil des victimes, les services de police locaux assurent rester mobilisés toute l’année, sans constater de pic saisonnier net.

Les violences conjugales ne connaissent pas de trêve, même au cœur de l’été. La police nationale de Haute-Corse a annoncé ce mardi avoir interpellé treize personnes en dix jours pour des faits présumés de violences conjugales. La plupart ont été jugées en comparution immédiate par le tribunal judiciaire de Bastia, et les autres le seront prochainement. Un phénomène de recrudescence des faits de violences conjugales loin de toucher uniquement le département, mais qui se ressent aussi au niveau national, et que dénonce, comme chaque année, la Fondation des Femmes, à l’occasion d’une campagne de sensibilisation lancée au début de la saison estivale.
 

Sur leur site Internet, ils écrivent : “Chaque été, c’est la même réalité alarmante : les violences faites aux femmes augmentent tandis que les dispositifs d’aide et de protection tournent au ralenti. [...] Avec les congés et les vacances scolaires, les habitudes sociales sont rompues : plus d’échappatoire au travail, moins d’interactions sociales avec les collègues et proches, plus d’aller-retour à l’école pour déposer les enfants. Le conjoint violent installe alors un huis clos délétère qui transforme le foyer ou le lieu de vacances en prison. Effet de huis-clos, chaleur, alcool… autant de contextes estivaux qui aggravent ces violences.”
 

Pourtant, en Haute-Corse, difficile de confirmer ce lien direct entre chaleur, alcool et augmentation des faits de violences conjugales. “Il n’y a pas, après analyse des faits depuis l’année 2022, une augmentation particulière sur les mois de juin, juillet et août, et on n’arrive pas à savoir pourquoi ça augmente. Il y a une espèce de légende urbaine, qui en est à moitié une, qui dit que l'été, il fait chaud et les gens boivent de l'alcool, alors il y a plus de violence, mais on n'a pas d'analyse qui permet de dire avec certitude la raison pour laquelle il y a plus de violence”, explique Anne Valla, directrice interdépartementale de la police nationale pour la Haute-Corse.
 

Une vigilance constante, au-delà de l’été
 

Dans le département, les policiers restent donc pleinement mobilisés, sans attendre les éventuels pics saisonniers. “Il n'y a évidemment pas de vacances pour les auteurs de violences conjugales, même si ce ne sont néanmoins pas des mois sur lesquels on constate une augmentation tous les ans. En revanche, on ne relâche pas nos efforts durant les mois de juillet et d’août”, souligne Anne Valla. D’autant que contrairement à d’autres départements, la présence touristique ne semble pas influer sur les chiffres. “Cette année, on a eu beaucoup de faits au mois de juin, et on en aura probablement beaucoup en août. En revanche, au mois de juillet, on était dans la moyenne des autres mois. Surtout, les touristes ou les gens de passage ne déposent quasiment pas plainte. Ça a pu arriver, mais ce n'est vraiment pas du tout caractéristique.”
 

De plus, certains mois, comme janvier, mars ou octobre, peuvent parfois enregistrer des hausses soudaines et inexpliquées. “En regardant les autres mois, il nous arrive d’avoir sur certaines périodes en hiver, en automne ou au printemps où ça explose, et on ne peut pas non plus l’expliquer.”
Résultat : aucun dispositif spécifique n’est mis en place l’été pour renforcer l’action des forces de l’ordre, mais une vigilance constante est de mise tout au long de l’année. “Étant donné qu’il n'y a absolument pas de baisse de cette délinquance-là, de cette violence-là durant les mois de juillet et d’août, on continue à travailler de la même façon que le reste de l'année.”

En ce qui concerne l’accompagnement des victimes, en particulier lors de la période estivale, certaines structures, comme la Fondation des Femmes, dénoncent “des associations, déjà sous-financées, qui manquent de bras et de moyens pour répondre à l’urgence” et accueillir les victimes. Mais en Haute-Corse, la directrice interdépartementale de la police nationale assure “qu’on n’a pas eu de difficultés du tout”. “On oriente assez peu de femmes sur ces structures, ce sont souvent leur famille qui les prennent en charge quand elles en ont besoin.”