Réforme de l’enseignement agricole en Corse : le directeur régional de la DRAAF retenu au lycée de Borgo

Rédigé le 02/07/2025
Léana Serve

Les personnels des lycées agricoles de Borgo et de Sartène, soutenus par plusieurs syndicats, ont investi ce mercredi matin le conseil d’administration du lycée agricole de Borgo. Ils retiennent le directeur régional de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt de Corse, pour réclamer le maintien des dotations horaires nécessaires au fonctionnement des établissements. Cette action fait suite à une réunion jugée infructueuse lundi 30 juin à la préfecture d’Ajaccio.

Réforme de l’enseignement agricole en Corse : le directeur régional de la DRAAF retenu au lycée de Borgo

Le conseil d'administration ce mercredi matin

Les tensions monte autour de l’enseignement agricole en Corse. Les personnels des lycées agricoles de Borgo et de Sartène, soutenus par plusieurs syndicats, ont investi ce mercredi matin le conseil d’administration du lycée agricole de Borgo. Ils y retiennent le directeur régional de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (DRAAF) de Corse. Une mobilisation qui s’inscrit dans la continuité du mouvement entamé au mois de mars dernier. À l’époque, les élèves des lycées agricoles de Borgo et de Sartène et leurs professeurs avaient protesté contre la réforme portée par le ministère de l’Agriculture et la DRAAF visant à supprimer des filières et regrouper des classes. Pendant plus d'une semaine, les deux établissements avaient été bloqués, et les actions de protestation s’étaient multipliées devant les préfectures.

La mobilisation de ce mercredi matin fait suite à une réunion tripartite tenue lundi 30 juin à la préfecture d’Ajaccio entre les représentants syndicaux, les services de la DRAAF et les représentants de la collectivité. Une réunion jugée infructueuse par les syndicats. “Nous demandons les 1 842 heures de dotation que le ministère nous doit. Lors de la réunion de lundi, la DRAAF nous a dit qu’elle avait ‘mouillé la chemise’ et qu’elle avait réussi à en obtenir 500, mais il en manque encore plus de 1 300”, explique Marie-Françoise Poletti, enseignante au lycée agricole de Borgo et membre du STC. Ces 1 842 heures correspondent au volume nécessaire pour faire fonctionner les établissements “comme l’année dernière”, précise l’enseignante. Un volume horaire que les personnels jugent essentiel pour éviter des regroupements massifs de classes et garantir un enseignement de qualité. “Aujourd’hui, on nous propose à peine 500 heures, et pour le reste, ils veulent qu’on compense avec les pactes enseignants de 18, 24 ou 36 heures. Mais ils ne peuvent légalement pas être utilisés pour le dédoublement de classes. Même la DRAAF a reconnu ce matin que la proposition est bancale et peu réalisable”, poursuit-elle.

Au-delà de l’impact sur le personnel, les syndicats alertent sur les conséquences directes pour les élèves. “Ils veulent tout regrouper en une classe, mais on n’a pas les locaux pour avoir des classes à 32 élèves. C’est en plus en totale contradiction avec les référentiels donnés par le ministère qui demandent à ce que chaque enseignant de matière générale introduise dans ses cours la spécificité de l'épreuve de l'élève. Comment va-t-on faire avec trois options différentes par classe ? C’est impossible. Ça va créer des situations de stress, et l’enseignement ne sera pas de bonne qualité pour les élèves.”

À l’heure actuelle, le directeur régional de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt est toujours retenu dans la salle de réunion du conseil d’administration du lycée agricole de Borgo. “On a suspendu le conseil d’administration et on lui a demandé d’appeler la direction générale de l’enseignement et de la recherche à Paris pour leur demander les 1 842 heures que le ministère nous doit”, précise Marie-Françoise Poletti. Si aucune réponse n’a pour l’heure été donnée, les syndicats espèrent obtenir une réponse dans la journée. “On espère que Paris va être réactif, et sinon, on avisera. Mais on attend une réponse depuis des mois.”