La campagne nationale de recrutement des policiers adjoints se déploie aussi en Corse. À Bastia, les équipes de la police nationale vont à la rencontre du public pour présenter ce métier accessible dès 18 ans, sans condition de diplôme, avec possibilité d’être affecté localement. Un levier de proximité pour répondre aux besoins et ouvrir de nouvelles perspectives aux jeunes insulaires.
Depuis plusieurs semaines, la police nationale mène une campagne de recrutement à l’échelle du pays. En Haute-Corse, les services ont choisi de la décliner sur le terrain, au plus près des jeunes. Vendredi soir, ils ont installé leur stand, sur la place Saint-Nicolas, au cœur de Bastia pour présenter le métier de policier adjoint, un poste accessible de 18 à 30 ans, sans condition de diplôme, avec la possibilité, désormais, de choisir son affectation à Bastia ou Ajaccio. “Le policier adjoint, c’est celui qui assiste le gardien de la paix dans toutes ses missions”, explique Anne Valla, directrice interdépartementale de la police nationale de Haute-Corse. “Il est toujours sous l’autorité et la responsabilité d’un gardien de la paix. Lorsqu’il est en commissariat, il fait les missions d’accueil, de patrouille, de contrôles routiers, d’interpellation. Il peut aussi travailler à l’aéroport, et il suit les gardiens de la paix qui gèrent la sécurisation de l’aéroport. En fait, il se calque sur les policiers, ils assurent les mêmes missions.”
Avant leur prise de poste, les policiers adjoints suivent trois mois de formation en école de police, mais l’accompagnement ne s’arrête pas là. “Une fois affectés, ils continuent d’apprendre au quotidien : on continue de les former, on les accompagne, et ils ne restent jamais seuls.”
Alexandre, 20 ans, est l’un de ces jeunes engagés. Après son baccalauréat général, il a passé les épreuves du concours - écrits, oral, tests sportifs - avant de rejoindre l’école de Nîmes pour sa formation. Aujourd’hui affecté en service de nuit, il vit cette première expérience comme une étape vers une longue carrière. “J’ai toujours voulu devenir policier et aider la population, c’était un rêve. Je suis en service de nuit depuis le mois de mai, c’est une très bonne aventure.” La prochaine étape pour le jeune policier sera de passer le concours interne pour devenir gardien de la paix, qu’il commencera en septembre.
Une stratégie de proximité
Si la police nationale a choisi de s’installer en plein cœur d’un festival de musique, ce n’est pas un hasard. Si les campagnes de recrutement se sont longtemps cantonnées à des affiches, des posts sur les réseaux sociaux ou des journées portes ouvertes dans les commissariats, la stratégie est désormais d’aller là où se trouvent les jeunes. “On s'est rendu compte qu’il pouvait être difficile pour les jeunes de pousser la porte d’un commissariat”, détaille Anne Valla. “On fait beaucoup de campagnes de recrutement, mais il faut qu’on puisse aller là où sont les jeunes qui ne savent peut-être pas ce qu’ils veulent faire dans la vie, et qui hésitent à entrer dans la police.”
Avec cette présentation, la police nationale entend répondre aux questions des jeunes, mais aussi repérer les profils intéressés. “Il y a des policiers en tenue, des policiers en civil, et ce de tout âge, ce qui permet de venir un peu plus facilement. Ça nous permet aussi de repérer les personnes intéressées mais qui n’osent peut-être pas s’approcher, et encore moins entrer dans un commissariat.” Au-delà de l’information, l’accompagnement joue un rôle central dans ce dispositif. Pour les jeunes intéressés mais hésitants, la police propose un suivi, allant de l’aide à l’inscription aux conseils pour préparer les épreuves. “On discute avec eux pour voir quelles sont leurs motivations, et on leur explique les démarches qui peuvent être faites afin de leur faciliter le parcours. On peut aussi leur donner rendez-vous au commissariat pour continuer l’accompagnement. Le but, c'est qu'ils sachent où ils vont et pourquoi ils y vont.”
Autre argument fort de cette campagne 2025 : la possibilité de rester en Corse. Jusque-là, les jeunes recrutés comme policiers adjoints étaient affectés partout en France, une contrainte souvent dissuasive. “Pour des jeunes qui vivent chez leurs parents et qui n’ont pas forcément les moyens ou l’envie de partir loin, c’était un frein. Désormais, ils peuvent choisir d’être affectés à Bastia ou Ajaccio. Pour nous, ça a quand même un sacré intérêt, parce qu’il est bon que les enfants de la société soient aussi parmi nous. On n'est pas à côté d'eux, on est tous ensemble, et je trouve qu’il est important qu’on puisse prendre nos jeunes et les intégrer dans nos services localement.”
En créant ainsi des viviers locaux, la police nationale espère susciter des vocations durables. “Parfois, on a des jeunes qui décrochent, qui ne sont pas faits pour l'école, qui ont eu des épisodes dans leur vie qui font qu'ils ne sont pas allés jusqu'au baccalauréat. Mais on pense qu’ils peuvent être accueillis dans une structure qui les emmène un petit peu plus loin. Ce qui est important, c'est la personnalité du jeune qu'on va avoir. Il faut un sens de la moralité, des valeurs de service public et une ouverture aux autres, c'est ça qui est important. Ensuite, on fait ce qu'il faut pour qu'il puisse obtenir les épreuves.”