Le Golo est sorti de son lit ce jeudi à la suite de fortes précipitations, inondant une vingtaine d’exploitations agricoles en Plaine orientale. Au lendemain de cet incident, Jean-Baptiste Arena, président de la Chambre d’Agriculture, s’est rendu à Vescovato pour aller à la rencontre des agriculteurs touchés par ces intempéries. Face à la récurrence des crues, tous appellent à une réaction rapide des institutions et à la mise en place de solutions durables.
“C’est la troisième fois en un an et demi que cela se produit, cela devient trop récurrent. Avant cela ne se produisait qu'une fois tous les 25 à 30 ans”. De l'eau jusqu'aux chevilles, Jean-Baptiste Arena, président de la Chambre d’Agriculture de Corse, constate les dégâts avec une certaine amertume. Ce vendredi matin, il s’est rendu dans la plaine de Vescovato à la rencontre des agriculteurs touchés par une nouvelle crue du Golo. Le fleuve est sorti de son lit, jeudi, en raison des fortes intempéries, et a inondé les champs alentour. Parmi la vingtaine d’agriculteurs impactés par cet événement, Jacques-François Geronimi, maraîcher, a perdu une grande partie de son exploitation. “On va faire le point sur les cultures, mais les pertes vont être considérables”, se désole-t-il. “On a déjà tout perdu en décembre, et on perd tout à nouveau quelques mois plus tard. Il y a une exaspération parce que ça devient trop récurrent. Une chose, qui arrivait historiquement tous les 20 ans, se répète aujourd’hui tous les ans.”
Plusieurs facteurs
Bien que Jean-Baptiste Arena estime qu’il n’y a pas de “responsable défini”, tous sont persuadés que cet épisode est dû “à l’addition de plusieurs facteurs”. “Il y a d’abord la modification de l’espace avec l’urbanisation, et donc beaucoup de béton, mais aussi la voie rapide où certains bassins de rétention ont peut-être été mal pensés. Il y a également l’entretien des canaux du Golo, que ce soit sur la rive droite ou la rive gauche, qui ne sont plus effectués depuis un quart de siècle, et bien entendu l’embouchure du Golo qui est, elle-même, victime du fait qu’on ne peut plus nettoyer les lits de rivières comme on l’entend", indique le président de la Chambre d'Agriculture.
Jacques-François Geronimi, quant à lui, déplore “des éléments que les agriculteurs ne peuvent pas maîtriser. Il doit y avoir un problème de dimensionnement des éléments d’évacuation des eaux pluviales, et peut-être un problème d’entretien. Le problème, c’est qu’on n’est pas prévenu. On est dans nos champs, et, d’un coup, on se retrouve pris au piège par l’eau qui monte très vite. Quand le Golo sort de son lit, on peut vite se retrouver piégé". Le maraîcher précise “avoir relevé certains problèmes avec la communauté de communes. On a pointé les endroits qui posaient problème et des travaux vont être entrepris de leur part, dès le mois de septembre. Malheureusement, on ne peut pas attendre que les travaux se mettent en place. Que va-t-il se passer dans six mois, dans un an ? On ne peut pas continuer comme ça, ce n’est pas possible ! ”
Une réponse d’urgence et une vision à long terme
Face à cette situation alarmante, Jean-Baptiste Arena appelle à une action rapide et coordonnée entre les différentes institutions. “Il va falloir se mettre rapidement autour d’une table avec la Collectivité de Corse, les deux intercommunalités concernées, et bien entendu les deux communes concernées, même si elles n’auront pas les moyens d’assumer seules l’entretien de tous les canaux du Golo.” Ces dernières années, des efforts ont bien été amorcés, notamment dans le cadre de l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme (PLU), mais, selon le président de la Chambre d’Agriculture, cela ne suffit pas : “Nous payons presque 30 ans de ‘lascia corra’, donc il va falloir rectifier rapidement le tir.” Une réunion est d’ores et déjà prévue à la préfecture de Bastia dans les prochains jours. Elle doit réunir les services de l’État, la DRAAF, la Collectivité de Corse et les élus locaux.
Pour Jean-Baptiste Arena, cette rencontre devra permettre d’envisager une réponse en deux temps : “À court terme, il faut des mesures économiques fortes pour éviter l’effondrement des exploitations touchées. À moyen terme, il faudra engager un vrai chantier de fond, notamment sur l’entretien des canaux et sur une gestion plus cohérente de l’urbanisation. Nous n’avons pas les moyens financiers suffisants, mais notre rôle sera de jouer la courroie de transmission entre les services de l’État, de la Collectivité de Corse et les intercommunalités.” Un travail que l’intercommunalité de la Casinca a déjà commencé, avec des travaux qui doivent débuter au mois de novembre pour une durée de cinq à sept ans. De son côté, Jacques-François Geronimi espère “une indemnisation à très court terme” pour tous les agriculteurs touchés. “Dans un deuxième temps, il faudra mettre en œuvre un plan d’action et des travaux pour éviter que ça se reproduise à l’avenir.”