Le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles de Haute-Corse a inauguré ce lundi à Bastia un accueil de jour destiné aux femmes victimes de violences intrafamiliales. Ce nouvel espace vise à faciliter la prise de parole et à offrir un accompagnement adapté. Sur place, les femmes pourront bénéficier du soutien de juristes, d’une conseillère en insertion professionnelle et d’une psychologue, pour les aider dans leurs démarches et leur reconstruction.
Un lieu d’écoute et de répit. Le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) de Haute-Corse a inauguré ce lundi un accueil de jour dédié aux femmes victimes de violences intrafamiliales et à leurs enfants. Situé à Lupino, cet espace garantit un accompagnement confidentiel et un soutien immédiat aux victimes.
L’ouverture de cette structure fait suite à une visite du préfet Michel Prosic, il y a un an et demi, dans les anciens locaux jugés inadaptés. "Ils nécessitaient beaucoup de travaux et ne garantissaient pas un accueil confidentiel", souligne Aurélia Dominici-Campagna, présidente du CIDFF. "L’important était d’offrir un lieu digne, où femmes et enfants puissent se poser et s’exprimer en toute sécurité", ajoute le préfet.
Désormais, les victimes peuvent être reçues sans rendez-vous, à tout moment de la journée. "Si elles souhaitent quitter leur domicile, nous mettons des casiers à disposition pour leurs affaires. Elles peuvent se reposer, prendre une douche ou changer leurs enfants", précise Aurélia Dominici-Campagna.
À leur arrivée, les femmes sont dirigées vers une juriste, pour faire un point sur leur situation. “J’essaie de les mettre à l’aise au maximum”, déclare Madison Wagner, l’une des deux juristes du CIDFF. “Il est important de toujours leur laisser le choix, par exemple de laisser la porte entrouverte pour qu’elles ne se sentent pas enfermées, ou bien de raconter leur histoire dans l’ordre qu’elles souhaitent. Elles ont parfois vécu dans un climat de violence toute leur vie, avec des comportements qui ont été banalisés, et il est nécessaire de les écouter et de les accompagner.” Le CIDFF peut même guider ces femmes lors de procédures judiciaires, telles que les dépôts de plainte. “Je leur explique ce qu’est un dépôt de plainte, et je leur présente les différentes étapes. Si elles souhaitent aller au bout de cette démarche, je peux même me rendre avec elles à la gendarmerie ou au commissariat de police. Je suis là pour leur expliquer, mais aussi pour leur redonner confiance en elles, afin d’entreprendre une démarche d’autonomie.”
Un accompagnement selon les besoins
À la fin de l’entretien, et selon leurs besoins, les femmes peuvent être dirigées vers une psychologue, ou une conseillère en insertion professionnelle. “Lors du premier entretien, j’essaie d’abord de savoir s’il existe des freins périphériques à une recherche d’emploi”, indique Inès Barresi, conseillère en insertion professionnelle au sein du CIDFF. “Cela peut être une question de mobilité, avec une femme qui n’a pas le permis, pas de voiture, ou qui ne peut pas se déplacer en transports en commun. C’est aussi tout l’aspect numérique, savoir utiliser un ordinateur ou un téléphone portable. Enfin, le fait de ne pas parler français peut aussi être un frein.” Inès Barresi accompagne ces femmes dans la recherche de formations, d’emplois, mais également dans la création de CV. “Beaucoup me disent qu’elles ont été mères au foyer toute leur vie, et qu’elles ne peuvent rien mettre dans leur CV. Je veux leur montrer qu’au contraire, beaucoup de compétences sont développées en étant mère au foyer.” La conseillère en insertion professionnelle précise que “l’accompagnement diffère selon les profils”, mais qu’il est important “de toujours leur laisser le choix”.
En plus de l’accueil de jour, le CIDFF propose également des ateliers de sensibilisation dès le plus jeune âge, de l’école élémentaire à l’université, sur les sujets de la violence et de l’égalité, pour “déconstruire des idées reçues”. “La violence se trouve dans tous les milieux”, déplore Aurélia Dominici-Campagna. “L’année dernière, 732 faits de violences intrafamiliales ont été recensés dans le département. Au CIDFF, nous prenons en charge une centaine de familles, et il est nécessaire de travailler tous ensemble pour changer les choses.”