Le parquet du tribunal correctionnel de Paris a requis jeudi quatre ans d'emprisonnement contre Jean-François Federici, soupçonné d'avoir mis en coupe réglée le cercle Cadet, salle de jeux parisienne.
Ont été réclamés quatre ans d'emprisonnement, dont deux fermes contre Serge Kasparian, l'ancien propriétaire du cercle d'où l'argent s'évaporait des tables de poker et du bar entre 2012 et 2014. Jusqu'à sa fermeture, c'était un des derniers établissements de ce secteur alors soupçonné par la police d'être sous influence du milieu insulaire.
Cette affaire "ne me concerne pas", avait d'emblée prévenu Federici, déjà condamné pour extorsion au cercle Concorde, le prédécesseur du Cadet dans les mêmes locaux du IXe arrondissement de Paris. Il est le seul à comparaître détenu: il purge trente ans de réclusion criminelle pour un double assassinat.
"Les extorsions, elles ont existé", lui a rétorqué dans des réquisitions implacables et d'une redoutable précision la représentante du parquet, selon qui Federici s'est placé "dans la continuité de ce qu'il faisait" au Concorde.
"Téméraire"
Durant l'enquête, Kasparian, un propriétaire de brasseries qui a peiné à expliquer comment il avait pu acquérir le cercle en 2009, a un temps accusé Federici d'avoir été destinataire de l'argent qu'il détournait, racontant un repas en 2012 à La Coupole avec le Corse: alors en cavale, il lui aurait signifié que le cercle lui appartenait.
"Moi, je le connais pas. Et moi, je l'ai jamais vu. Et moi, je suis jamais allé au Cadet. Après, s'il rêve ou fait des cauchemars, c'est autre chose", a dit mercredi depuis le box Federici, d'un débit lent mâtiné d'accent insulaire.
Kasparian a confirmé plusieurs fois ses accusations, y compris la veille d'une confrontation avec Federici. Mais dans le bureau du juge, il explique que l'homme assis avec lui n'est finalement pas celui avec qui il a partagé un repas à La Coupole et qu'il avait pourtant reconnu sur planches photographiques.
Usurper l'identité de Federici pour racketter un cercle de jeux serait une démarche "farfelue voire téméraire", s'étonne le tribunal. Mais Kasparian ne varie plus. L'insistance de la présidente le fait sortir de ses gonds: "Moi, je dis que ce n'est pas lui, point barre! » "J'ai peur de personne dans cette salle ! ", lance-t-il mercredi avant de quitter brusquement la salle sous le regard impassible de Federici.
"Vous m'excuserez auprès d'eux"
S'il l'a accusé, c'était sous pression des enquêteurs, pour obtenir une libération ou un non-lieu, a expliqué Kasparian au tribunal. Ou pour justifier de manière commode ses propres turpitudes et ses détournements, suggère à la barre un proche de Federici.
Désignant du bras sans les regarder, cet homme et un ami, qu'il a un temps accusés de l'avoir menacé, Kasparian avait lâché quelques jours plus tôt: "Tous ces mecs-là, ils ont rien à voir. Tout ce que vous avez à reprocher, c'est à moi qu'il faut le reprocher." Et de se retourner vers l'avocat des deux Corses: "Vous m'excuserez auprès d'eux."
La procureure n'est pas du même avis: elle a requis deux ans de prison contre ces deux hommes décrits en "hommes de main de la criminalité organisée". À ses yeux, le revirement de Serge Kasparian ne s'explique que par "une seule chose", "la peur" qu'inspirent "la réputation de ce clan" et ses "méthodes mafieuses".
Comme l'avait relevé l'ordonnance de mise en accusation, "aucune surveillance ou preuve matérielle ne permettent de démontrer que l'argent du cercle Cadet ait pu directement ou indirectement être récupéré par Jean-François Federici". Mais pour le parquet, c'est bien la destination finale de l'argent - estimé à plusieurs centaines de milliers d'euros -, notamment pour financer sa cavale alors qu'il était recherché dans le dossier du double assassinat.
"C'est beaucoup d'argent, une cavale, M. Federici", lui avait glissé mercredi la présidente. "Quel argent? Chez moi ? En Corse ? Dans le maquis ? Pour ramasser des châtaignes ?", avait-il répondu, avant d'être ramené au centre pénitentiaire de Réau, non sans avoir échangé quelques mots et quelques sourires avec quelques proches venus dans la salle pour le voir. Se plaignant des conditions d'un transfert sous haute sécurité, il n'est pas revenu jeudi entendre les réquisitions qu'il a écoutées en visio.
Le procès doit s'achever le 18 novembre. Le jugement sera mis en délibéré.
Cette affaire "ne me concerne pas", avait d'emblée prévenu Federici, déjà condamné pour extorsion au cercle Concorde, le prédécesseur du Cadet dans les mêmes locaux du IXe arrondissement de Paris. Il est le seul à comparaître détenu: il purge trente ans de réclusion criminelle pour un double assassinat.
"Les extorsions, elles ont existé", lui a rétorqué dans des réquisitions implacables et d'une redoutable précision la représentante du parquet, selon qui Federici s'est placé "dans la continuité de ce qu'il faisait" au Concorde.
"Téméraire"
Durant l'enquête, Kasparian, un propriétaire de brasseries qui a peiné à expliquer comment il avait pu acquérir le cercle en 2009, a un temps accusé Federici d'avoir été destinataire de l'argent qu'il détournait, racontant un repas en 2012 à La Coupole avec le Corse: alors en cavale, il lui aurait signifié que le cercle lui appartenait.
"Moi, je le connais pas. Et moi, je l'ai jamais vu. Et moi, je suis jamais allé au Cadet. Après, s'il rêve ou fait des cauchemars, c'est autre chose", a dit mercredi depuis le box Federici, d'un débit lent mâtiné d'accent insulaire.
Kasparian a confirmé plusieurs fois ses accusations, y compris la veille d'une confrontation avec Federici. Mais dans le bureau du juge, il explique que l'homme assis avec lui n'est finalement pas celui avec qui il a partagé un repas à La Coupole et qu'il avait pourtant reconnu sur planches photographiques.
Usurper l'identité de Federici pour racketter un cercle de jeux serait une démarche "farfelue voire téméraire", s'étonne le tribunal. Mais Kasparian ne varie plus. L'insistance de la présidente le fait sortir de ses gonds: "Moi, je dis que ce n'est pas lui, point barre! » "J'ai peur de personne dans cette salle ! ", lance-t-il mercredi avant de quitter brusquement la salle sous le regard impassible de Federici.
"Vous m'excuserez auprès d'eux"
S'il l'a accusé, c'était sous pression des enquêteurs, pour obtenir une libération ou un non-lieu, a expliqué Kasparian au tribunal. Ou pour justifier de manière commode ses propres turpitudes et ses détournements, suggère à la barre un proche de Federici.
Désignant du bras sans les regarder, cet homme et un ami, qu'il a un temps accusés de l'avoir menacé, Kasparian avait lâché quelques jours plus tôt: "Tous ces mecs-là, ils ont rien à voir. Tout ce que vous avez à reprocher, c'est à moi qu'il faut le reprocher." Et de se retourner vers l'avocat des deux Corses: "Vous m'excuserez auprès d'eux."
La procureure n'est pas du même avis: elle a requis deux ans de prison contre ces deux hommes décrits en "hommes de main de la criminalité organisée". À ses yeux, le revirement de Serge Kasparian ne s'explique que par "une seule chose", "la peur" qu'inspirent "la réputation de ce clan" et ses "méthodes mafieuses".
Comme l'avait relevé l'ordonnance de mise en accusation, "aucune surveillance ou preuve matérielle ne permettent de démontrer que l'argent du cercle Cadet ait pu directement ou indirectement être récupéré par Jean-François Federici". Mais pour le parquet, c'est bien la destination finale de l'argent - estimé à plusieurs centaines de milliers d'euros -, notamment pour financer sa cavale alors qu'il était recherché dans le dossier du double assassinat.
"C'est beaucoup d'argent, une cavale, M. Federici", lui avait glissé mercredi la présidente. "Quel argent? Chez moi ? En Corse ? Dans le maquis ? Pour ramasser des châtaignes ?", avait-il répondu, avant d'être ramené au centre pénitentiaire de Réau, non sans avoir échangé quelques mots et quelques sourires avec quelques proches venus dans la salle pour le voir. Se plaignant des conditions d'un transfert sous haute sécurité, il n'est pas revenu jeudi entendre les réquisitions qu'il a écoutées en visio.
Le procès doit s'achever le 18 novembre. Le jugement sera mis en délibéré.


