Ce dimanche 20 juillet, le village de Pioggiola, perché dans les hauteurs du Ghjunsani, résonnera au son des cloches à l’occasion de la 40e édition du Scontru di i Campanari. Un rendez-vous unique en Corse qui célèbre la tradition des sonneurs de cloches et qui, cette année encore, réunira passionnés, curieux et porteurs de mémoire autour d’un savoir-faire ancestral.
« Ce n’est pas un concours, c’est une rencontre », insiste Antone Casanova, maire de Pioggiola, à l’initiative de la relance de l’événement après plusieurs années d’interruption.
Né en 1985 à l’initiative de villageois de Pioggiola et de Pigna, le Scontru s’était interrompu en 2002 après la chute d’une des cloches du clocher. L’incapacité à retrouver la note exacte de la cloche brisée avait mis fin à l’événement. Il aura fallu attendre 2018 et une volonté collective pour faire renaître cette tradition.
Et pas n’importe comment : en 2024, une nouvelle cloche a été fondue sur place, une première en Corse au XXIe siècle.
« Plutôt que de commander une cloche sur le continent, nous avons choisi de la faire naître ici, chez nous, sur le site même de Santa Marta », raconte le maire.
Cette aventure humaine et patrimoniale est désormais racontée dans un livre de 160 pages, illustré par quatre photographes — Olivier Sanchez, Cédric Osborne, Martin Boone et Philippe Pierangeli — qui sera présenté lors de cette édition anniversaire.
Une journée rythmée par les cloches
Dès le matin, un atelier d’initiation sera proposé aux enfants et aux adultes désireux de découvrir le clocher, d’apprendre les gestes et de tester leur oreille musicale en toute simplicité.
« C’est un moment de transmission important. Nous avons appris à sonner il y a une dizaine d’années, et aujourd’hui, nous transmettons à notre tour à une nouvelle génération. La chaîne n’est pas rompue », se réjouit Antone Casanova.
À 15h30, une conférence se tiendra dans l’église, en partenariat avec trois associations : A Fabrica di Santa Maria, organisatrice de l’événement, Genova Carillon (venue de la région de Gênes) et l’association des sonneurs de cloches des Alpes-Maritimes. Ensemble, ils retraceront l’histoire de l’art campanaire et les particularités des sonneries propres à chaque village.
Le temps fort du Scontru surviendra à 17 heures, lorsque les 15 à 20 équipes participantes — venues de toute la Corse, du continent et d’Italie — feront résonner leurs cloches selon les traditions de leur village.
À Pioggiola, on sonne la cicona à la volée, tandis que les deux petites cloches sont activées par un geste précis : faire frapper le battagliolu contre la paroi.
Un art vivant
« Chaque village a son style, sa manière de sonner, sa mélodie propre. Et ça s’entend », confie le maire.
De la diversité des rythmes aux spécificités des instruments, c’est toute la richesse du patrimoine sonore corse qui s’exprime durant cette rencontre. S’il n’y a pas de prix pour le "meilleur" sonneur, chaque participant repartira avec un petit cadeau.
La journée s’achèvera en musique, autour d’un apéritif animé par Francescu Gras, suivi à 21h30 du concert du groupe Diana di l’Alba, pour une clôture festive.
Le Scontru di i Campanari, organisé chaque année l’avant-dernier dimanche de juillet, est bien plus qu’une fête de village : c’est un acte de transmission, une célébration du patrimoine, et la preuve que certaines traditions, loin de disparaître, savent se réinventer… au son des cloches.