À Calvi, un plan d’action contre la dégradation des copropriétés : le POPAC officiellement lancé

Rédigé le 21/06/2025
Maria-Serena Volpei-Aliotti

Alors que plus d’un tiers des copropriétés calvaises sont dépourvues de syndic, la ville se dote d’un outil pour en enrayer la dégradation. Signée par la préfecture et la municipalité, la convention POPAC prévoit un accompagnement technique et juridique des copropriétaires jusqu’en 2028.


Dans la salle du conseil municipal de Calvi, ce mardi 17 juin, la signature de la convention POPAC (Programme Opérationnel de Prévention et d’Accompagnement en Copropriété) a marqué le coup d’envoi d’un dispositif inédit pour la commune. Signé par Michel Prosic, préfet de Haute-Corse et délégué territorial de l’Anah, et par Ange Santini, maire de Calvi, ce partenariat vise à lutter contre la dégradation du bâti dans les copropriétés anciennes. « Depuis le 1er avril 2025, la Ville de Calvi a enclenché un plan d’action inédit pour l’habitat : la mise en œuvre du POPAC. Ce dispositif s’inscrit dans la continuité du programme Petites Villes de Demain, et anticipe le déploiement à venir d’une OPAH-RU (Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat – Renouvellement Urbain), incluant un volet Copropriétés Dégradées », a expliqué le maire de Calvi.

Financé à 50 % par l’État, 30 % par la Ville et 20 % par la Collectivité de Corse, le programme est animé localement par Vincent Brothier, chargé de mission au sein des services municipaux. L’objectif est clair : éviter que certaines copropriétés, faute d’organisation ou de gestion, ne basculent dans la dégradation. Le POPAC s’appuie pour cela sur une ingénierie technique, juridique et humaine destinée à accompagner les copropriétaires dans la structuration et la rénovation de leur immeuble. « Le POPAC est un dispositif qui vise à prévenir ou stopper un processus de déqualification de copropriétés montrant des signes de fragilité. Il permet de remédier aux difficultés de manière précoce, afin de limiter les coûts pour les copropriétaires comme pour les pouvoirs publics », a précisé Michel Prosic, représentant de l’Anah. Le préfet a insisté sur la logique d’anticipation portée par ce programme : « L’ambition du POPAC est forte : intervenir tôt, avec intelligence et pédagogie, avant que les problématiques techniques ne deviennent sociales, économiques ou humaines ». Il a salué la coordination entre les services de l’État, la collectivité territoriale et la commune de Calvi, qualifiant cette coopération de « bonne coordination locale au service des habitants ».

Un parc immobilier vulnérable
Le diagnostic territorial réalisé en 2022 avait mis en évidence une fragilité structurelle. Calvi compte 450 copropriétés, dont seules 79 sont organisées et 128 enregistrées au Registre national des copropriétés (RNC). La situation est particulièrement préoccupante dans le centre-ville : des immeubles parfois très anciens – 16 % datent d’avant 1949 – sont mal entretenus, sans syndic, sans règlement, exposant leurs occupants comme les passants à des risques concrets : chutes de pierres, voire effondrements.
En parallèle, la commune recense 2 343 résidences principales, 2 977 résidences secondaires, 1 724 meublés de tourisme et 197 logements vacants. Une composition complexe qui renforce les enjeux de gestion du bâti.

Le POPAC s’articule autour de trois axes : la veille (mise en place d’un observatoire des copropriétés), la mobilisation (information, médiation, réunions avec les copropriétaires), et l’accompagnement technique et juridique (immatriculation, création de syndic, diagnostics, recherche d’aides). Le programme vise des résultats concrets à l’horizon 2028.

Vincent Brothier prévoit de contacter 240 copropriétés pour en accompagner 50 de manière approfondie, et structurer juridiquement 30 d’entre elles, soit une dizaine par an. « Nous avons trop longtemps vu des immeubles s’enliser dans le silence. Pas de syndic, pas de décisions, pas de travaux. C’est une situation inacceptable pour une ville comme Calvi. Le POPAC, c’est la première pierre d’une stratégie de reconquête de l’habitat, par l’écoute, l’accompagnement et l’organisation. Nous posons les bases pour que les copropriétaires retrouvent un cadre stable. La réaction est très encourageante. Le service est gratuit, humain, et surtout accessible », a souligné le chargé de mission.

Le maire a poursuivi : « De nombreux copropriétaires voient déjà l’intérêt de mieux comprendre leurs obligations et leurs droits, et surtout de retrouver une capacité d’action collective. C’est la suite logique. Sans structure, pas d’aides. Et en organisant juridiquement les copropriétés, on les rend éligibles aux dispositifs d’aide à la rénovation, comme MaPrimeRénov’ Copropriété ou l’OPAH-RU à venir. C’est un enchaînement vertueux : structurer, diagnostiquer, rénover ».