15ᵉ Rendez-vous Santé de la Marie-Do : « De nouveaux espoirs pour les malades du cancer en Corse »

Rédigé le 08/11/2025
Patrice Paquier Lorenzi

Pour la 15ᵉ édition de ses « Rendez-vous Santé », ce vendredi au Palais des Congrès d'Ajaccio, l'assocation La Marie-Do a une nouvelle fois rassemblé experts, soignants, patients et bénévoles autour d’un enjeu vital : faire le point sur l’état des lieux de la prise en charge du cancer en Corse et les perspectives d’amélioration.

La Marie-Do organisait la 15e édition de ses Rendez-Vous Santé, ce vendredi au Palais des Congrès d’Ajaccio sous le thème « États des lieux et axes d’amélioration pour les malades du cancer en Corse ». À cette occasion, des interventions de haut niveau se sont succédées tout au long de l'après-midi, parmi lesquelles celles du Dr Jean-François Berdah, chef du service d’oncologie à l’hôpital de la Miséricorde, et du Pr Christophe Massard, oncologue à l’Institut Gustave Roussy. En préambule, Catherine Riera, la présidente de la Marie Do, a tenu à dresser un constat lucide mais porteur d’espoir sur la situation en Corse : « Il reste des choses à faire, notamment avec le nouvel hôpital d’Ajaccio, mais nous avons déjà beaucoup progressé. Le futur institut du sein en est un bel exemple. ».

La présidente l'association a également tenu à saluer le travail réalisé à l’hôpital de la Miséricorde sous l’impulsion du Dr Berdah, avec une restructuration du service d’oncologie, le recrutement d’oncologues permanents et une meilleure coordination avec les autres pôles hospitaliers. « Aujourd’hui, les patients bénéficient d’un accueil et d’une prise en charge bien plus qualitative », a-t-elle souligné, rappelant aussi la place essentielle des soins de support et du soutien psychologique. Catherine Riera a aussi rappelé les cinq piliers des actions de la Marie-Do : le fonds de secours financier, les soins de support hospitaliers, les ateliers bien-être et parole, la recherche en oncopédiatrie, et désormais l’accès aux essais cliniques, « qui représentent l’avenir, et même déjà le présent ».

À Ajaccio, un service d’oncologie renforcé et tourné vers l’avenir

Arrivé à la tête du service d'oncologie ajaccien en 2022, le Dr Jean-François Berdah a pour sa part détaillé les transformations opérées à l’hôpital d’Ajaccio : « Il fallait d’abord assurer un fonctionnement stable et de qualité. Nous avons aujourd’hui quatre oncologues à temps plein et une cinquième arrivera l’an prochain. L’activité augmente sans cesse, et c’est la preuve que les patients font confiance à la médecine locale. » Le médecin a également souligné les bénéfices du regroupement sur le site de l'hôpital de la Miséricorde : « Nous avons perdu un peu du côté “familial” en déménageant de l'hôpital Castelluccio, mais gagné en efficacité, en sécurité et en fluidité de prise en charge. Tout est désormais centralisé : urgences, chirurgie, radiologie. Cela change tout pour le patient. »

Sur le plan médical, les progrès sont par ailleurs réels dans la prise en charge des cancers. « Les traitements sont de plus en plus personnalisés. Nous réalisons des analyses de biologie moléculaire pour identifier des cibles thérapeutiques spécifiques. Quand on les trouve, le traitement est beaucoup plus précis et efficace. ». L’immunothérapie, désormais utilisée pour de nombreux types de tumeurs, constitue d’ailleurs selon lui « un tournant majeur, offrant une efficacité et un confort supérieurs aux chimiothérapies classiques ».  Le Dr Berdah a également évoqué la création d’un groupement de coopération sanitaire (GCS) entre l’hôpital d’Ajaccio, Gustave Roussy et l’Institut Paoli-Calmettes : « Dès 2026, nous pourrons proposer sur place des essais cliniques dits “pragmatiques”. Ce sera une grande avancée pour les patients insulaires. »

Essais cliniques : un accès pour tous les patients, y compris en Corse

A cet effet, le Professeur Christophe Massard, chef du département d’Innovations Thérapeutiques à Gustave Roussy, a tenu à faire passer un message fort : « Les essais cliniques s’adressent à tous les patients, partout en France, y compris dans les DOM-TOM et en Corse. Leur but est d’offrir de nouvelles options thérapeutiques, de contrôler la maladie, et parfois même d’espérer une guérison, y compris à des stades avancés. » Le spécialiste encourage ainsi les patients à se renseigner activement : « N’hésitez pas à demander un second avis, à votre médecin traitant ou à votre oncologue. Il existe des essais dans toutes les régions, et de plus en plus de collaborations, comme celle en cours entre la Corse et Gustave Roussy, permettent d’y accéder plus facilement. »