Dans un ouvrage paru aux éditions Sutton le 25 septembre, l’historien et peintre ajaccien Mathieu Cossu redonne vie à la cité génoise d’autrefois. Entre mémoire urbaine et regard d’artiste, “Ajaccio, portraits d’une ville” invite à une redécouverte sensible de la capitale corse, bien au-delà de ses cartes postales familières.
Depuis le 25 septembre 2025 est paru aux Éditions Sutton « Ajaccio, portraits d’une ville », un très bel ouvrage signé par Mathieu Cossu, enfant du pays et amoureux de l’histoire. À travers plus de soixante-dix dessins originaux, des reconstitutions graphiques minutieuses et sept grands dépliants panoramiques, l’auteur propose une immersion dans la ville ancienne, celle des remparts, des quais génois et des ruelles d’autrefois - un Ajaccio disparu, mais dont la mémoire affleure encore sous les pas du promeneur attentif.
Ajaccio, ville aux visages effacés
Sortie de l’ombre avec Napoléon, Ajaccio n’a cessé d’évoluer au fil des siècles. La petite cité corsetée de remparts du XVIᵉ siècle s’est muée, au tournant du XXIᵉ, en une agglomération étendue, tournée vers le littoral et les collines environnantes. Les mutations urbaines, les reconstructions successives, la modernisation rapide ont peu à peu effacé les traces de la ville d’origine. Quelques édifices subsistent — la citadelle, la cathédrale, quelques façades discrètes - mais l’ensemble du tissu ancien a été bouleversé. Pour celui qui contemple Ajaccio aujourd’hui, il est difficile d’imaginer à quoi ressemblait la cité génoise d’autrefois.
C’est cette ville fantôme, enfouie sous celle moderne, que Mathieu Cossu s’est attaché à ressusciter. Historien de formation, il s’est appuyé sur de nombreuses sources — plans anciens, cartes postales, récits, gravures — pour reconstituer fidèlement les lieux tels qu’ils étaient avant les grandes transformations. Mais son regard d’artiste apporte bien plus qu’une restitution documentaire : il offre une interprétation poétique, un voyage émotionnel dans le temps.
Le regard d’un historien-artiste
Né à Ajaccio en 1957, Mathieu Cossu a longtemps enseigné l’histoire au lycée Descartes de Tours, avant de se consacrer davantage à sa passion pour le dessin et le patrimoine. Peintre amateur reconnu pour la finesse de ses aquarelles et la précision de ses croquis, il signe ici son troisième ouvrage dans la collection “Portraits d’une ville” après Tours et Lille. Mais ce retour à Ajaccio revêt pour lui une dimension particulière, presque intime. « Je ne devais cesser de me demander à quoi pouvait bien ressembler cette ville ancienne. L’idée me vint donc de réaliser des dessins qui seraient autant de portraits d’une cité désormais disparue », confie-t-il dans l’introduction.
L’ouvrage alterne ainsi évocations sensibles et planches commentées, révélant une ville pleine de vie, animée par ses marchés, ses ruelles et ses quais. Les croquis, numérotés et légendés, guident le lecteur dans une exploration à la fois historique et émotionnelle, tandis que les dépliants grand format permettent d’embrasser d’un regard la topographie de la cité d’hier.
Un hommage à la mémoire ajaccienne
Relié, imprimé en couleur sur un papier de qualité, « Ajaccio, portraits d’une ville » est un véritable objet d’art. Les éditions Sutton, fidèles à leur tradition d’ouvrages régionaux élégants et documentés, ont ici mis en valeur le travail graphique de l’auteur dans une présentation soignée. Un ouvrage à la fois érudit, émouvant et visuellement agréable, qui fait d’Ajaccio non plus seulement une carte postale méditerranéenne, mais une ville de mémoire et d’imagination.




