Ce mercredi soir, le préfet de Corse organisait une réception dans les jardins de la préfecture à Ajaccio, à quelques jours de la fin de son exercice. Lors de son discours d’adieu, il a assuré que son départ, qui intervient à sa demande, est uniquement motivé « par des raisons profondément personnelles ».
Dans les jardins de la préfecture, devant la foule d’élus, de représentants des différents corps de l’État, de la société civile, d’associations et tant d’autres, et même du ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, Jérôme Filippini le confie : en annonçant son départ surprise il y a quelques semaines, seulement neuf mois après sa prise de fonctions dans l’île, le préfet de Corse savait qu’il susciterait la surprise.
« Dans la vie préfectorale, il arrive, de temps en temps, qu’un préfet quitte prématurément ses fonctions sur décision des autorités de nomination. Il est en revanche beaucoup plus rare qu’un préfet prenne l’initiative de demander à quitter ses fonctions et qu’il doive en convaincre les autorités de nomination avant de partir », explique-t-il. Alors qu’il avait refusé de commenter cette décision jusqu’ici, à l’occasion de son pot de départ ce mercredi soir, il a tenu à garantir que ce choix est entièrement sien et qu’il « l’assume pleinement ». « Je fais ce choix pour des raisons personnelles, très profondément personnelles qui tiennent à ma vie familiale, à la nécessité qui s’impose à moi, comme à beaucoup dans certains temps de la vie, de me rendre plus disponible pour mes proches », détaille-t-il.
Préfet depuis 8 ans, Jérôme Filippini rappelle avoir occupé quatre postes successifs dans lesquels il dit avoir trouvé une grande satisfaction. « Le métier de préfet est passionnant, d’autant plus qu’il a pris, au gré des crises qui émaillent la vie de notre pays, une dimension plus essentielle, plus cruciale que jamais dans l’histoire française. J’ai adoré faire ce métier. Mais être préfet impose un choix de vie qui finit par peser sur la famille et les proches. Après huit années de vie à distance, il est temps pour moi de rééquilibrer l’axe », dévoile-t-il.
Mais s’il concède que sa décision ait pu surprendre, il regrette qu’elle ait donné lieu à « des spéculations étonnantes ». « Personne ne m’a mis dehors », insiste-t-il, « Mais j’ai compris par des indiscrétions de presse que quelques personnes se vantaient d’avoir eu ma tête à Paris ». Des voix présomptueuses face auxquelles Jérome Filippini dit vouloir opposer la célèbre fable de La Fontaine, le Coche et la Mouche. « Je ne veux pas leur faire trop de peine, mais leur action n’a eu aucun effet, je dirais même qu’elle aurait été, en d’autres circonstances personnelles, une puissante motivation pour rester », souffle-t-il.
Dans la même veine, il réfute les rumeurs de menaces dont il aurait fait l’objet, notamment après son intervention forte lors de la manifestation anti-mafia d’Ajaccio en mars. « Mes prises de parole explicites pour dénoncer la gangrène du crime dans la société corse ont effectivement irrité quelques voyous, je le sais. Et les décisions prises pour faire respecter la loi sur le domaine public maritime et ailleurs ont en effet échauffé quelques sanguins, relayés par certains qui subissent eux-mêmes la pression de ces voyous : cela est revenu à mes oreilles. Mais je n’ai subi aucune pression ni aucune menace, ni directe ni indirecte », assure-t-il. Compte tenu de la brièveté de son mandat, il dit par ailleurs ne pas mériter « le titre de « préfet antimafia » », même s’il avoue que « cette identification (l)’honore ». « J’espère que mes prises de parole, y compris sous des formes qui ont pu surprendre et que j’assume pleinement, continueront de produire leur effet sur la durée. Et je sais, sans l’ombre d’un doute, que cette lutte acharnée contre le crime organisé restera l’une des priorités majeures du nouveau préfet de Corse, Éric Jalon, dont je connais la droiture et les valeurs », pose-t-il en appuyant : « Je vous redis ma conviction sur ce point : il n’y a pas de fatalité. Si la société corse et la République se font confiance, nous gagnerons face au crime. Sinon, le crime gagnera ».
Dans un autre registre il avertit : « Le défi de la « coproduction territoriale » entre l’État et la Collectivité de Corse n’est pas une option, c’est une nécessité absolue pour l’intérêt de l’île ». Quelle que soit l’issue du processus d’autonomie, Jérôme Filippini en est sûr : « Le développement de la Corse, sa sécurité, sa prospérité, continueront de dépendre d’une collaboration efficace entre les élus locaux et les représentants de l’État ». En outre, il appuie sur le fait que si « savoir d’où l’on vient est important, savoir où l’on veut aller compte plus encore ». « Se souvenir de ce qui s’est passé en Corse, il y a trois cents ans ou cinquante ans est important. La mémoire n’est pas une matière figée. Elle peut se perdre, se réduire, se falsifier, mais ce n’est pas une fatalité. Se souvenir des faits historiques, y compris dans leur dimension dramatique, est un devoir. Mais faire vivre cette mémoire avec un regard tourné vers l’avenir est un devoir plus impérieux encore : ne rien occulter de l’histoire, mais ne pas enfermer la Corse dans le passé, pour construire un avenir désirable », glisse-t-il.
La direction que prendra cet avenir, le désormais ex-préfet de Corse l’affirme, « dépendra de la façon dont seront affrontés certains défis très concrets comme la transition écologique, la gestion de la ressource en eau, le retrait du trait de côte, la gestion des déchets, mais aussi l’adaptation au vieillissement, le logement, les mobilités douces ». « Mais l’avenir de la Corse dépendra aussi de la façon dont sont accueillis ceux qui viennent d’ailleurs, car la Corse a besoin des autres, et ce ne sont pas les graffitis haineux sur les routes, les menaces sur les façades ni les comités d’accueil musclés qui feront le bonheur des Corses d’aujourd’hui ni de demain », prévient-il. « L’avenir de la Corse dépendra enfin de la façon dont, collectivement, nous continuons de dire non à la violence, à l’emprise mafieuse qui gangrène la société et l’économie, qui salit l’image de l’île et démoralise tant de Corses », ajoute-t-il encore avant de conclure en formant « des vœux pour une Corse sereine et prospère, au sein de la République française ». « La Corse est un joyau, un trésor de beauté et d’humanité. Elle a tout pour elle si son énergie collective se tourne vers l’action, l’anticipation des mutations à venir et les réponses concrètes ».
Alors que Jérôme Filippini s’en va rejoindre la Cour des comptes, le nouveau préfet de Corse, Éric Jalon, prendra pour sa part ses fonctions dès lundi prochain.
« Dans la vie préfectorale, il arrive, de temps en temps, qu’un préfet quitte prématurément ses fonctions sur décision des autorités de nomination. Il est en revanche beaucoup plus rare qu’un préfet prenne l’initiative de demander à quitter ses fonctions et qu’il doive en convaincre les autorités de nomination avant de partir », explique-t-il. Alors qu’il avait refusé de commenter cette décision jusqu’ici, à l’occasion de son pot de départ ce mercredi soir, il a tenu à garantir que ce choix est entièrement sien et qu’il « l’assume pleinement ». « Je fais ce choix pour des raisons personnelles, très profondément personnelles qui tiennent à ma vie familiale, à la nécessité qui s’impose à moi, comme à beaucoup dans certains temps de la vie, de me rendre plus disponible pour mes proches », détaille-t-il.
Préfet depuis 8 ans, Jérôme Filippini rappelle avoir occupé quatre postes successifs dans lesquels il dit avoir trouvé une grande satisfaction. « Le métier de préfet est passionnant, d’autant plus qu’il a pris, au gré des crises qui émaillent la vie de notre pays, une dimension plus essentielle, plus cruciale que jamais dans l’histoire française. J’ai adoré faire ce métier. Mais être préfet impose un choix de vie qui finit par peser sur la famille et les proches. Après huit années de vie à distance, il est temps pour moi de rééquilibrer l’axe », dévoile-t-il.
Mais s’il concède que sa décision ait pu surprendre, il regrette qu’elle ait donné lieu à « des spéculations étonnantes ». « Personne ne m’a mis dehors », insiste-t-il, « Mais j’ai compris par des indiscrétions de presse que quelques personnes se vantaient d’avoir eu ma tête à Paris ». Des voix présomptueuses face auxquelles Jérome Filippini dit vouloir opposer la célèbre fable de La Fontaine, le Coche et la Mouche. « Je ne veux pas leur faire trop de peine, mais leur action n’a eu aucun effet, je dirais même qu’elle aurait été, en d’autres circonstances personnelles, une puissante motivation pour rester », souffle-t-il.
Dans la même veine, il réfute les rumeurs de menaces dont il aurait fait l’objet, notamment après son intervention forte lors de la manifestation anti-mafia d’Ajaccio en mars. « Mes prises de parole explicites pour dénoncer la gangrène du crime dans la société corse ont effectivement irrité quelques voyous, je le sais. Et les décisions prises pour faire respecter la loi sur le domaine public maritime et ailleurs ont en effet échauffé quelques sanguins, relayés par certains qui subissent eux-mêmes la pression de ces voyous : cela est revenu à mes oreilles. Mais je n’ai subi aucune pression ni aucune menace, ni directe ni indirecte », assure-t-il. Compte tenu de la brièveté de son mandat, il dit par ailleurs ne pas mériter « le titre de « préfet antimafia » », même s’il avoue que « cette identification (l)’honore ». « J’espère que mes prises de parole, y compris sous des formes qui ont pu surprendre et que j’assume pleinement, continueront de produire leur effet sur la durée. Et je sais, sans l’ombre d’un doute, que cette lutte acharnée contre le crime organisé restera l’une des priorités majeures du nouveau préfet de Corse, Éric Jalon, dont je connais la droiture et les valeurs », pose-t-il en appuyant : « Je vous redis ma conviction sur ce point : il n’y a pas de fatalité. Si la société corse et la République se font confiance, nous gagnerons face au crime. Sinon, le crime gagnera ».
Dans un autre registre il avertit : « Le défi de la « coproduction territoriale » entre l’État et la Collectivité de Corse n’est pas une option, c’est une nécessité absolue pour l’intérêt de l’île ». Quelle que soit l’issue du processus d’autonomie, Jérôme Filippini en est sûr : « Le développement de la Corse, sa sécurité, sa prospérité, continueront de dépendre d’une collaboration efficace entre les élus locaux et les représentants de l’État ». En outre, il appuie sur le fait que si « savoir d’où l’on vient est important, savoir où l’on veut aller compte plus encore ». « Se souvenir de ce qui s’est passé en Corse, il y a trois cents ans ou cinquante ans est important. La mémoire n’est pas une matière figée. Elle peut se perdre, se réduire, se falsifier, mais ce n’est pas une fatalité. Se souvenir des faits historiques, y compris dans leur dimension dramatique, est un devoir. Mais faire vivre cette mémoire avec un regard tourné vers l’avenir est un devoir plus impérieux encore : ne rien occulter de l’histoire, mais ne pas enfermer la Corse dans le passé, pour construire un avenir désirable », glisse-t-il.
La direction que prendra cet avenir, le désormais ex-préfet de Corse l’affirme, « dépendra de la façon dont seront affrontés certains défis très concrets comme la transition écologique, la gestion de la ressource en eau, le retrait du trait de côte, la gestion des déchets, mais aussi l’adaptation au vieillissement, le logement, les mobilités douces ». « Mais l’avenir de la Corse dépendra aussi de la façon dont sont accueillis ceux qui viennent d’ailleurs, car la Corse a besoin des autres, et ce ne sont pas les graffitis haineux sur les routes, les menaces sur les façades ni les comités d’accueil musclés qui feront le bonheur des Corses d’aujourd’hui ni de demain », prévient-il. « L’avenir de la Corse dépendra enfin de la façon dont, collectivement, nous continuons de dire non à la violence, à l’emprise mafieuse qui gangrène la société et l’économie, qui salit l’image de l’île et démoralise tant de Corses », ajoute-t-il encore avant de conclure en formant « des vœux pour une Corse sereine et prospère, au sein de la République française ». « La Corse est un joyau, un trésor de beauté et d’humanité. Elle a tout pour elle si son énergie collective se tourne vers l’action, l’anticipation des mutations à venir et les réponses concrètes ».
Alors que Jérôme Filippini s’en va rejoindre la Cour des comptes, le nouveau préfet de Corse, Éric Jalon, prendra pour sa part ses fonctions dès lundi prochain.