Ajaccio : privés d’ascenseur depuis plus d’un mois, les habitants d’une HLM tirent la sonnette d’alarme

Rédigé le 16/08/2025
Léana Serve

Ce samedi, François Filoni, délégué territorial du Rassemblement National en Corse, ainsi que les membres de l’association libre des locataires des HLM de Pietralba, ont organisé une conférence de presse devant l’un des bâtiments de cette résidence d’Ajaccio. L’objectif est d’alerter publiquement sur une panne d’ascenseur qui dure depuis plus d’un mois dans un bâtiment de neuf étages, où vivent de nombreuses personnes âgées ou malades.

“On est dans le non-respect des gens”, dénonce le représentant du RN, qui évoque une situation de plus en plus critique au fil des jours. Selon les habitants, l’ascenseur ne fonctionne plus depuis le 7 juillet dernier, obligeant les résidents à emprunter les escaliers, parfois jusqu’au neuvième étage. “Il y a des personnes en difficulté en raison de leur âge et leurs problèmes de santé qui ne descendent plus autant de fois qu’avant”, affirme-t-il.
 

Présente lors de la conférence de presse, Marie-Claire, 78 ans, vit au huitième étage de ce bâtiment depuis des années. Souffrant de problèmes cardiaques et portant des prothèses aux deux genoux, elle dénonce une situation intenable. “Je ne descends plus qu’une fois par jour, parce que je n’y arrive pas. Pour descendre, ça peut aller, mais pour remonter, c’est la catastrophe, surtout avec cette chaleur. Il n’y a pas de fenêtre dans les escaliers, alors je suis obligée de m’arrêter à tous les étages pour faire des pauses. Je suis même tombée une fois, heureusement, je n’ai rien eu de grave, mais c’est très compliqué.”
 

Marie-Claire dénonce aussi la situation de son voisin, vivant au dernier étage, et atteint d’un cancer. “Il doit descendre toutes les semaines pour partir faire sa chimiothérapie. Mais après ses séances, il est obligé de remonter à pied, parce que, comme les escaliers sont en colimaçon, il ne peut pas être porté dans l’escalier, sur un brancard, par exemple. C’est compliqué pour lui aussi, il est en souffrance, et pourtant, personne ne bouge.”
 

“Si c’était un bon quartier, ce serait déjà réglé”
 

Le cas du bâtiment illustre un sentiment grandissant d’abandon chez les locataires. Dans cette cage d’escalier, 45 appartements sont concernés, et la panne d’ascenseur, qui devait être résolue dans les jours suivant le 7 juillet, semble s’éterniser. “On m’a dit que ce serait fait vers le 15 août, mais il ne se passe toujours rien. Si ça continue, on va se retrouver bientôt à deux mois sans ascenseur”, souffle Marie-Claire. Un technicien est intervenu une première fois quelques jours après la panne pour changer une pièce, mais, selon les habitants, l’ascenseur est retombé en panne le lendemain de l’intervention.
 

François Filoni dénonce également des échanges flous avec l’office HLM. “Je leur ai adressé un courrier, et ils m’ont dit qu’ils allaient voir, mais rien ne bouge. Pourtant, je ne pense pas qu’il soit très compliqué de trouver une pièce : si elle n’est pas disponible en Corse, elle peut être livrée en 72 heures.” Mais au-delà de l’aspect technique, c’est la dimension humaine qu’il dénonce. “On ne peut pas laisser des gens sans ascenseur comme ça pendant un mois et demi, c’est anormalement long. Les habitants sont en réelle souffrance, certains tombent parce qu’ils sont pris de vertiges en montant neuf étages par cette chaleur. Ce n’est pas faisable”, déplore-t-il. Il ajoute : “Si cette situation se passait dans un bon quartier d'Ajaccio, je pense que le problème aurait été réglé depuis longtemps. Là, on organise les journées napoléoniennes dans la ville, mais de l’autre côté, vous avez des gens qui sont embêtés dans leur HLM.”

Avec cette conférence de presse, François Filoni espère attirer l’attention sur cette situation et “mettre un coup de pression”. En cas d’absence de solution rapide, il promet de poursuivre la mobilisation. “S’il faut bloquer l’entrée de la ville, alors on le fera. Mais on ne peut pas laisser des personnes, et encore moins des personnes âgées, dans une telle situation. Un ascenseur peut ne pas fonctionner pendant quelques jours, voire une semaine, mais là, c’est beaucoup trop long.” Pour lui comme pour les habitants, l’objectif est avant tout de retrouver un minimum de confort. “Il y a des petites choses qui gâchent la vie des gens, et ils se sentent abandonnés. Pourtant, ils ne demandent pas grand-chose, simplement un ascenseur qui fonctionne pour pouvoir vivre normalement.”