Ajaccio : à quelques mois des élections, la majorité défend son bilan, l’opposition pointe une “trajectoire financière inquiétante”

Rédigé le 27/06/2025
Christophe Giudicelli

Le conseil municipal a adopté, ce mercredi 26 juin, le compte administratif 2024. Le dernier exercice financier de la mandature a donné lieu à un long exposé chiffré de la majorité, qui revendique une gestion maîtrisée et 300 millions d’euros investis depuis 2014. L’opposition, elle, pointe une lecture biaisée des résultats.

Ajaccio : à quelques mois des élections, la majorité défend son bilan, l’opposition pointe une “trajectoire financière inquiétante”

Photo archives Paule Santoni

À quelques mois des élections municipales, la présentation du compte administratif 2024 d’Ajaccio a pris des allures de bilan. Adopté ce 26 juin en séance publique, cet exercice financier annuel, obligatoire pour les collectivités, a été l’occasion pour la majorité municipale de revenir sur une décennie d’investissements et de gestion budgétaire. « 300 millions d’euros investis par la ville depuis 2014 », a lancé en préambule du conseil municipal Stéphane Sbraggia, le maire d’Ajaccio. Si le compte administratif est un exercice financier obligatoire pour les communes, il permet aussi de mettre en avant les projets réalisés. « C’est un moment important de notre mandature. On présente des conclusions positives qui suivent une tendance et une impulsion politique, avec une feuille de route : ne pas exercer de pression fiscale forte sur les contribuables et assurer une politique d’investissement audacieuse. On a initié une démarche ambitieuse en matière d’acquisition foncière, mais aussi en matière de projet éducatif », a-t-il ajouté avant de poursuivre : « Une politique qui n’a laissé de côté aucun sujet, qui n’arrive pas à bout de souffle financièrement, bien au contraire, et qui s’inscrit dans une tendance d’amélioration, malgré un contexte difficile. »

C’est Pierre Pugliesi, l’adjoint aux finances de la ville, qui a eu la charge de présenter le compte administratif 2024 il s'agit d'un « compte excédentaire de 6,83 millions d’euros, pour 175,76 millions de recettes contre 168,9 millions d’euros de dépenses », a-t-il indiqué, rappelant que la ville est « un poids lourd de l’investissement local ». L’occasion pour la majorité ajaccienne de diffuser un petit film sur les réalisations et les projets en cours : restauration de la bibliothèque patrimoniale, reprise de la crèche I Pupunelli par la ville, modernisation du port Charles-Ornano, conservatoire de musique Henri Tomasi, réhabilitation de la place du Casone, requalification de la place Campinchi, opération urbaine aux Cannes et Salines, requalification du cours Napoléon, requalification de la place du Diamant et de son parking. L’adjoint est ensuite entré dans les détails du compte administratif 2024 pour saluer « les bons indicateurs », qu’il a détaillés devant les conseillers municipaux : « Les charges sont maîtrisées. Les recettes augmentent plus que les charges. » 105 millions d’euros de charges de fonctionnement, dont 73,6 millions de charges de personnel pour 1 579 agents, contre 1 568 en 2023. Les dépenses de personnel ont augmenté de 2,9 % par an depuis 2019, en raison, selon l’élu, des mesures nationales visant à redonner du pouvoir d’achat aux fonctionnaires.
L’épargne de la commune a également été évoquée : 7,2 millions d’euros en 2024 contre 3,5 millions en 2014. « Sans activer le levier fiscal », argumente Pierre Pugliesi, qui termine sur la dette de la ville : « 82 millions d’euros en 2014 pour 87,8 millions en 2024, mais avec une capacité de désendettement passée de 21 ans à 10,2 ans sur les deux dernières mandatures. » Pour le Grand Argentier, ce dernier compte administratif de la mandature ajaccienne : « Confirme un budget principal maîtrisé, une masse salariale contrôlée, une gestion exemplaire et un soutien à l’investissement dans un contexte économique inédit », précisant que les indicateurs qui étaient « dans l’orange-rouge sont désormais dans le vert ». 

Du côté de l’opposition, évidemment, l’énonciation des chiffres par la majorité n’est pas perçue de la même manière. Jean-François Casalta indique qu’il « n’a pas la même lecture de cette période. Les chiffres, on leur fait dire ce que l’on veut. Parfois, on en fait une lecture critique, comme nous. On nous dit que l’épargne brute est la capacité à investir. Notre capacité à investir est nulle. Je ne dis pas qu’on fausse le rapport, mais qu’on le présente de manière particulière. Quand j’entends que tout va très bien, je ne suis pas très convaincu. Je pense que la dynamique est mauvaise et inquiétante. Ajaccio n’est pas la seule ville dans ce cas-là. Avec les atouts qu’elle a, nous aurions pu faire beaucoup mieux. Et j’espère que nous ferons, tous ensemble et collectivement, beaucoup mieux. »

Sur les bancs de l’opposition, Jean-André Miniconi en fait lui aussi une autre lecture : « Nous avons un résultat de 6 millions d’euros. Je remarque que ce résultat se décompose en partie des reprises des bénéfices précédents, plus les produits annexes. La trajectoire n’est pas si bonne que ça. On s’aperçoit qu’on a recours, non pas à des artifices, car c’est légal, mais à un transfert des excédents budgétaires pour arriver à zéro. Ça veut dire que les recettes n’augmentent pas aussi vite que ça. » L’élu d’opposition s’est également inquiété de l’augmentation mécanique des charges de personnel et de la difficulté, selon lui, pour la ville, de trouver les ressources pour les compenser : « Dans la trajectoire, il y a un souci. Je ne vois pas comment on peut avoir plus de subventions et d’aides au vu du contexte. » Le coût du tourisme et ce qu’il rapporte à la ville d’Ajaccio a également été évoqué durant ce conseil municipal.

Si le conseil municipal avait une forme de bilan à quelques mois des municipales, ce que l’opposition a soulevé, Stéphane Sbraggia, le maire d’Ajaccio, a tenu à préciser qu’il s’agit « d’une simple restitution, pour mettre en avant des éléments de mesure avec un point de départ et un point d’arrivée. Pas d’autosatisfaction, mais une fierté du travail accompli. Il faut le saluer. »