Ajaccio : l’APC réclame le retour en Corse d’une jeune enseignante mutée contre son gré

Rédigé le 12/05/2025
Carulu-Andria Pazzoni

Mutée contre son gré sur le continent depuis 2022 et victime d’agressions, Rose-Marie Albertini, jeune professeure corse de langue corse, est aujourd’hui le symbole d’une mobilisation menée par l’Associu di i Parenti Corsi. Ce lundi, devant la préfecture d’Ajaccio, l’association a réclamé son retour immédiat en Corse, ainsi qu’une réforme structurelle du système de mutation des enseignants habilités à enseigner en langue corse.

À midi trente, ce lundi, devant les grilles de la préfecture à Ajaccio, les membres de l’Associu di i Parenti Corsi (APC) ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une aberration du système : la situation de Rose-Marie Albertini, 25 ans, jeune professeure corse mutée contre son gré sur le continent depuis sa titularisation en 2022. Titualire du CAPLP en langue corse, l’enseignante aurait dû, selon l’association, contribuer à répondre à la pénurie d’enseignants bilingues sur l’île. Mais elle a été affectée d’abord à Créteil, puis à Rosny-sous-Bois, et enfin en banlieue lyonnaise. « Je suis la seule enseignante à avoir été envoyé loin. J’ai subi des agressions et des menaces. J’ai redemandé à rentrer en Corse. ».,confie la jeune femme, visiblement éprouvée.

L’APC dénonce une situation jugée « inacceptable » et réclame son retour immédiat en Corse, en soulignant le paradoxe d’un territoire qui promeut l’enseignement en langue corse mais ne permet pas à ses enseignants spécialisés d’y exercer. « Ici, le vivier d’enseignants en langue corse est déjà à flux tendu », alerte Denis Luciani, président de l’APC. Pour l’association des parents, ce cas est loin d’être isolé. « Le vivier d’enseignants en langue corse est déjà sous tension. Et pourtant, des dizaines de jeunes professeurs comme Rose-Marie sont mutés chaque année sur le continent. Ils changent de poste tous les ans, en espérant revenir. »

Ce cas, devenu emblématique, révèle selon l’APC les limites du système actuel. L’association plaide pour une réforme de fond : « C’est une question structurelle. Il faudra bien à un moment que la loi change pour que les enseignants corsophones puissent exercer prioritairement sur leur territoire. On ne peut pas prôner la langue corse comme priorité éducative et en même temps vider l’île de ses professeurs spécialisés. »

La question dépasse donc le seul sort de Rose-Marie Albertini. Alors que la Corse discute de son autonomie avec l’État, l’APC souhaite que la gestion des ressources humaines de l’Éducation nationale soit transférée à la collectivité de Corse selon Denis Luciani : « C’est une question structurelle, insiste l’association, et il faudra bien à un moment que la loi change pour que les enseignants corsophones puissent exercer prioritairement sur leur territoire. On ne peut pas prôner la langue corse comme priorité éducative, et en même temps vider l’île de ses professeurs spécialisés.  On demande donc que soit intégrer à l’autonomie une loi permettant aux enseignants bilingues de rester sur l’île. ». L’APC, prévient : « On n’acceptera plus que nos enseignants soient en danger ailleurs par manque de postes ici. Si les réponses que nous avons sont négatives, nous devrons augmenter la mobilisation ». Mais pour le moment, le dialogue avec le rectorat est toujours en cours, ils espèrent que Rose-Marie Albertini pourra à la rentrée de septembre 2025 exercer en Corse.