Bientôt une Agence de l’eau spécifique au bassin corse ?

Rédigé le 02/10/2024
MP

Le Comité de bassin de Corse tenait sa réunion annuelle le mercredi 18 septembre dans les locaux du Palais Lantivy à Ajaccio. Principal sujet à l'ordre du jour, le programme d’intervention 2025-2030 de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée et Corse a donné l'occasion au conseiller exécutif en charge de la politique de l’eau et président de l’Office d’Équipement Hydraulique de Corse, Gilles Giovannangeli, de porter à nouveau la demande de création d'une Agence de l'eau spécifique au bassin corse.

C’est un organe de gestion de planification de la ressource en eau. Le Comité de bassin de Corse se tenait le mercredi 18 septembre dans les locaux du Palais Lantivy à Ajaccio. Sous la présidence de Gilles Giovannangeli, conseiller exécutif en charge de la politique de l’eau et président de l’Office d’Équipement Hydraulique de Corse (OEHC), cette réunion avait pour ordre du jour principal de se prononcer sur le programme d’intervention 2025-2030 de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée et Corse.
 
Mais au regard de ce document unique qui couvre l’ensemble des bassins Rhône Méditerranée et Corse, cette réunion a aussi été l’occasion pour le président de l’OEHC de regretter à nouveau que l’île soit aujourd’hui le seul territoire à ne pas être doté d’une agence de l’eau propre à son bassin et à ses besoins spécifiques. Au moment de la création des agences, les élus insulaires avaient en effet accepté que la Corse soit rattachée à l’Agence Rhône Méditerranée, le mécanisme de solidarité semblant en faveur du territoire. Même si les choses semblent différentes aujourd’hui. « Nous nous considérons que le compte n’y est pas. Lorsque l’Agence de l’eau prélève 15 millions d’euros par an elle ne reverse cette somme au bénéfice des territoires de Corse », souligne à ce titre Gilles Giovannangeli. En outre, il déplore que « le système tel qu’il est organisé autour d’une Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse avec un programme régional et des redevances globalisées sur l’ensemble de ce bassin ne nous permet pas d’avoir des informations spécifiques par rapport aux redevances levées uniquement sur le bassin de Corse ».
 
De facto, depuis plusieurs années le comité de bassin a entrepris « de faire reconnaître la Corse comme un bassin spécifique avec un programme spécifique ». « La question pour nous est de peser sur les choix stratégiques, peser sur les programmes et les critères d’intervention, qui vont nous permettre de consacrer la réponse aux besoins de la Corse qui ne sont pas ceux du bassin Rhône Méditerranée pouvoir aussi choisir les priorités qui sont établies par rapport à cette enveloppe », appuie le président de l’OEHC. Dans ce droit fil il note que la réalité de la Corse et son retard infrastructurel font que « l’île ne peut pas être traitée comme un autre bassin ». « Prendre en compte cette configuration c’est accepter que le pas de temps pour se remettre à niveau sera fondamentalement plus long que ce qu’on peut voir dans d’autres bassins. Nous nous considérons que compte tenu de l’effort à produire, cela va prendre une ou plusieurs générations, et qu’il faut aussi intégrer cette perspective dans la vision de nos interventions futures », indique Gilles Giovannangeli. 
 
S’il concède qu’au fil d’un travail de concertation important avec l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, « un certain nombre de progrès ont été faits » et que les spécificités et besoins de la Corse ont été plus pris en compte que précédemment, il pointe que l’objectif est à terme que l’île soit dotée de sa propre Agence de l’eau. Question éminemment politique, cette demande est portée à travers le processus d’autonomie, aujourd’hui à l’arrêt depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. « Pour autant nous ne pouvons pas consacrer cette démarche uniquement dans le processus. Nous pensons également qu’à droit constant, dans un processus législatif, on pourrait faire évoluer la reconnaissance d’une agence de l’eau corse », relève le conseiller exécutif qui a profité de cette réunion du comité de bassin pour proposer à ses membres de saisir les instances de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée, le préfet, le futur ministre de la transition écologique ainsi que les parlementaires corses afin de « travailler sur ce parcours que nous devons mener pour faire reconnaitre quelque chose qui est légitime ».