Après le rapport du SIRASCO, Nazione apporte "son soutien sans faille à Petru Paoli et aux militants mis en cause"

Rédigé le 09/07/2025
Patrice Paquier Lorenzi

Ce mardi, devant une soixantaine de militants réunis à l’hôtel Best Western d’Ajaccio, le parti indépendantiste Nazione a affiché son soutien à Petru Paoli. Dans un rapport récent, le Sirasco — service de renseignement spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée — le présente comme « à la tête d’une des équipes les plus puissantes du moment », soupçonnée de vouloir dominer certains secteurs « par des méthodes illégales ».

Après le rapport du SIRASCO, Nazione apporte "son soutien sans faille à Petru Paoli et aux militants mis en cause"

Nazione a tenu à apporter son soutien à Petru Paoli et aux militants mis en cause dans le rapport du Sirasco.

À moins de trois semaines des Ghjurnate Internaziunale di Corti, le parti indépendantiste Nazione a tenu une conférence de presse ce mardi après-midi afin de dénoncer le climat actuel et d’apporter son soutien à Petru Paoli, cadre du parti et militant de longue date.

Devant une soixantaine de militants réunis dans la salle de réception de l’hôtel Best Western d’Ajaccio, Ghjuvan Filippu Antolini a lancé : « La situation actuelle se caractérise avant tout par une extrême confusion savamment entretenue pour interdire aux Corses d’avoir une quelconque maîtrise de leur avenir dans leur propre pays (…) L’offre politique a été depuis quelque temps artificiellement francisée, sur fond de colonisation de peuplement galopante et de marginalisation des Corses sur leur propre terre, dans tous les secteurs », avant de poursuivre : « S’ajoute à cela, depuis un certain temps déjà, une stratégie bien rodée de criminalisation de la lutte nationale, avec la mise en cause de militants politiques intègres (…) et des campagnes calomnieuses d’intoxication de l’opinion sur la base de rapports pseudo confidentiels, sources de tous les amalgames, même les plus absurdes, qui fuitent systématiquement pour rendre plus acceptables de nouvelles vagues répressives dont le caractère politique n’échappe à personne. »

« Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une énième manipulation »
Ces déclarations font écho au rapport du Sirasco (Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée), récemment dévoilé dans la presse. Dans ce document, la police judiciaire évoque « l’emprise de type mafieux de 20 bandes criminelles ». Petru Paoli y est cité comme étant, selon le Sirasco, « à la tête de l’une des équipes les plus puissantes actuellement », cherchant « à dominer certains secteurs (BTP, restauration) par des méthodes illégales ».

Pour Ghjuvan Filippu Antolini : « Petru Paoli, dont l’engagement au service de la cause nationale a toujours été salué par tous (…) se retrouve, avec d’autres militants, cité dans un document complaisamment diffusé à des fins inavouables, que l’on peut situer dans la lignée de toutes les actions barbouzardes et de tous les coups tordus dont notre pays a déjà trop souffert. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une énième manipulation dont la société corse doit avoir connaissance. Nous apporterons toujours notre soutien sans faille aux victimes de ces manœuvres, qui n’ont d’autre but que de paralyser toutes les forces potentielles de résistance de notre nation. »

« On vient nous expliquer qu’un militant comme Petru Paoli a voulu commencer à près de 70 ans une carrière de chef mafieux »
À ses côtés, Petru-Anto Tomasi, porte-parole du mouvement, dénonce également : « On vient nous expliquer qu’un militant comme Petru Paoli, connu pour son engagement associatif, a voulu commencer à près de 70 ans une carrière de chef mafieux ! Aujourd’hui, ce rapport relève de manipulations politiques grossières et d’opérations de basse police qui ont un fil : en effet, fin 2022, un certain nombre de militants avaient été interpellés pour des faits de nature politique ; le soir même, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait déclaré que la police française s’était attaquée à la grande criminalité en Corse ! Quelques jours plus tard fuyait le premier rapport dit Sirasco… Ce nouveau rapport franchit une étape supplémentaire. Notre mouvement Nazione est clairement visé, nous prenons ainsi l’opinion à témoin. Ce qui est visé, c’est surtout la volonté de criminaliser une démarche politique qui gêne. »

Pour Petru-Anto Tomasi, le mouvement dérange, et il en précise les raisons : « Nous portons un projet politique, qui est le seul en mesure de lutter efficacement contre toutes les dérives que connaît la Corse (…) Il est d’ailleurs assez cocasse que l’État, qui a toujours joué le rôle de parrain des parrains en Corse, se place dans une position de gardien de l’ordre et de la paix civile. Nous réaffirmons notre solidarité avec les militants politiques mis en cause, qui n’ont jamais eu de connivence ni de complaisance avec quelque dérive que ce soit. Nous sommes déterminés à faire face et à poursuivre notre action dans l’intérêt des Corses et de la Corse. »