Durant quatre jours, trois fauconniers de la société Phoenix Effarouchement sont à pied d’œuvre pour chasser les 200 000 étourneaux sansonnets, qui ont investi la cité impériale. Trois buses de Harris sont notamment utilisées pour faire fuir ces oiseaux migrateurs, dont la déferlante de fiente recouvre voitures et trottoirs de la Ville d’Ajaccio, à la même période chaque année, pouvant provoquer des problèmes d'hygiène et d'atteinte à la santé.

Des buses de Harris sont actuellement au travail pour faire fuir les étourneaux du centre-ville d'Ajaccio.

Comme chaque année, à la même période, le bal des étourneaux est de retour à Ajaccio. Près de 200 000 oiseaux migrateurs font leur apparition à la mi-novembre, dans les rues de la cité impériale. Si leur ballet quotidien offre un spectacle saisissant, il laisse cependant de nombreux désagréments comme l’explique Jean-Pierre Aresu, adjoint au maire d’Ajaccio en charge de l’Hygiène et de la Santé : « Tous les ans, chaque hiver, les étourneaux reviennent sur Ajaccio, lors de la migration. Ce retour crée de fortes nuisances, notamment au sol, pour les riverains avec des fientes qui jonchent les trottoirs. Il faut tout nettoyer, car quand cela sèche, cela peut devenir nocif, et source de bactéries. C’est pour cela que nous avons décidé de faire appel à un effaroucheur, qui vient chaque année depuis 10 ans maintenant. Je tiens à préciser que celui-ci n’est pas là pour tuer les oiseaux, mais juste pour les faire partir en dehors du centre-ville. Nous restons soucieux du bien-être animal ». Le code général des collectivités territoriales précise en effet, dans ses arrêtés, que c’est le pouvoir de responsabilité du maire, en tant que chef de la police municipale, d’agir contre les calamités et épizooties.

Un cumul de trois méthodes pour un gain de temps
 
La Ville d’Ajaccio fait donc appel depuis quelques années déjà aux services de la société Phoenix Effarouchement, pour remédier à ces nuisances, pour un coût total de 12 000 €. Trois fauconniers sont arrivés dans la cité impériale et ont déjà commencé leur travail à l’aide de trois buses de Harris, comme l’explique Nicolas Noailles, le co-gérant de la société : « Nous utilisons un cumul de méthodes, avec en l’occurrence un prédateur naturel, de la pyrotechnie et d’autres outils comme des lumières et du son, qui va permettre en quatre soirées d’obtenir un départ total des individus. Si on utilisait qu’une seule méthode, comme la fauconnerie par exemple, cela prendrait une dizaine de jours ».
 
Les étourneaux sansonnets ont fait d’Ajaccio, un passage privilégié, de leur parcours migratoire, pour y passer leurs hivers : « Ils viennent ici car ils bénéficient de températures clémentes et y trouvent des ressources alimentaires qu’ils affectionnent. Ce sont des oiseaux insectivores et frugivores, qui trouvent pendant tout l’hiver ici, ce dont ils besoin pour se nourrir et notamment les baies de myrte. Tant qu’ils ont de la nourriture et de la sécurité, ils restent là où ils se sentent bien. On ne peut pas agir sur la nourriture donc on joue sur le facteur sécurité en mettant un traumatisme momentané, qui va créer un départ migratoire. Ils vont donc pousser un peu loin jusqu’en Sardaigne, comme c’était le cas l’an dernier. Dès la première soirée, 90% des effectifs qui étaient partis d’Ajaccio, ont été observés, lors de vidéos diffusées, dans le nord de la Sardaigne ».

Près de 200 000 étourneaux dans les rues d’Ajaccio
 
D’après les recensements effectués par la société d’effarouchement, près de 200 000 étourneaux sont recensés chaque année à Ajaccio, une zone propice pour des raisons inconnues : « Ils viennent chaque année en Corse, mais uniquement à Ajaccio. Il y a forcément quelque chose qui les attire. Même si on poursuit ce travail pendant dix ans, ils n’abandonneront pas totalement la zone car elle est particulièrement attirante pour eux ».
 
Chaque fin d’après-midi et début de soirée, les trois fauconniers se déploient donc dans une dizaine de lieux de la cité impériale, du rond-point de la gare jusqu’à la place Miot, tirant des feux d’artifice et déployant Vado, Alarielle et Alpha, les trois Buses de Harris, aux regards perçants, qui repoussent les étourneaux vers des contrées plus lointaines : « Ce sont des rapaces très sociables, qui s’habituent très vite aux activités humaines, et qui n’ont aucun problème à travailler dans un environnement dégradé, et notamment en ville, qui peut être une source de stress. Les rapaces traditionnels, que l’on peut utiliser sur d’autres missions, comme le faucon pèlerin ou l’autour des Palombes sont inadaptés ici. Le but de la buse de Harris, qui est un véritable aigle royal en miniature, c’est de pénétrer dans les arbres pour les faire sortir ». Très spectaculaire, la chasse aux étourneaux sansonnets, attire chaque début de soirée, de nombreux Ajacciens, surpris par le travail effectué par les trois rapaces : « Les gens ont beaucoup de bon sens et nous ne sommes pas embêtés par la population, qui nous salue avec positivité et c’est plutôt agréable de travailler ici » esquisse avec sourire le responsable de la société d’effarouchement. D’ici la fin de la semaine, la totalité des étourneaux sansonnets devraient avoir quitté la cité impériale.