Le mouvement indépendantiste critique l'exclusion des discussions et prédit des jours difficiles pour l'île.és.

Ce mercredi 23 octobre, à la veille de la visite de la ministre Catherine Vautrin en Corse, Core in Fronte a pris la parole lors d'une conférence de presse à Bastia. Paul-Félix Benedetti, leader du mouvement, a fustigé la gestion des négociations entre l’État français et l'île, et dénoncé un « mépris profond » pour la question corse.

Paul-Félix Benedetti n’a pas mâché ses mots face à ce qu'il considère comme une régression dans le dialogue institutionnel. « Je constate qu'aujourd'hui, on a dû discuter avec un premier ministre et un président de la République d'une avancée institutionnelle et constitutionnelle sur la base d'un accord politique qui a été acté et sacralisé d'une part à Paris, d'autre part à l'Assemblée de Corse, et qu'au lieu de cela, on retourne sur de la discutaille de bas étages », a-t-il déclaré, en référence à l'état des négociations actuelles. Pour lui, le gouvernement français ne respecte pas les engagements pris, tant à Paris qu’à l'Assemblée de Corse, ce qui met en péril tout le processus politique en cours. Pour Core in Fronte, la gestion du dossier corse devrait être confiée directement au Premier ministre, Michel Barnier, plutôt qu'à la ministre des Territoires et de la Décentralisation, Catherine Vautrin. 

Une marginalisation des indépendantistes
Core in Fronte reproche également au gouvernement de marginaliser les groupes indépendantistes, notamment lors de la visite imminente de la ministre Catherine Vautrin. « Il y a un mépris et un non-respect de la chose publique corse, une négation du fait politique historique corse », a déploré Benedetti, soulignant l'absence des indépendantistes aux discussions récentes. Pour le leader, ce traitement est révélateur d'une volonté de marginalisation politique qui, selon lui, pourrait avoir des conséquences graves.


Un calendrier irréaliste pour les réformes
Le parti indépendantiste a également exprimé son scepticisme face au calendrier proposé pour la mise en œuvre des réformes constitutionnelles. Selon Paul-Félix Benedetti, les délais envisagés, qui s'étendent sur deux ans, sont irréalistes. « C'est un calendrier qui reporte à un calendrier gréco-romain la mise en scénario politique de l'avancée constitutionnelle. On parle d'un scénario à quasiment deux ans. On sait que ce gouvernement va disparaître dans trois à quatre mois. Donc il n'engage que ceux qui y croient, et moi je n'y crois absolument pas », a-t-il lancé.

Paul-Félix Benedetti a averti que cette situation pourrait déboucher sur une période de conflits entre la Corse et l’État français. « Ce sont des jours où on cherche l'affrontement, on cherche le conflit », a-t-il précisé, ajoutant que cette attitude risque de ressusciter des sentiments anti-corses.
 


Un retour aux fondamentaux nationalistes
Malgré ces critiques, le leader de Core in Fronte a également reconnu des faiblesses au sein du mouvement nationaliste corse. « Si je m'en tiens à l'opinion politique, c'est dans quasiment tous les domaines que nous avons échoué », a-t-il admis, tout en appelant les militants à se recentrer sur les fondamentaux. Selon lui, il est essentiel de créer un « contre-modèle » au système actuel, qui pourrait devenir le modèle sociétal pour l'île.

Enfin, il a promis de maintenir une action militante active sur le terrain, rappelant que Core in Fronte reste un mouvement de militants. « Nous continuerons notre vie et notre action militante à l'image de ce que nous avons toujours été : de simples militants. Le terrain est le champ d'action de la politique », a-t-il conclu, évoquant des actions à venir dans les prochains jours.