Après le mouvement de colère des parents, pour des supposés actes de maltraitance à l'encontre d'enfants pensionnaires de l’Institut « A Casarella » à Ajaccio, une réunion d’urgence s’est déroulée, ce jeudi à Ajaccio, en présence des responsables d’APF France, gestionnaires de l’IEM. Au vu des éléments rapportés, « des décisions immédiates ont été prises » assure Bruno Laprie, responsable régional de l’offre de services au sein d’APF France.

L'IEM A Casarella doit faire face à des accusations de maltraitance à l'encontre d'enfants pensionnaires de la structure.

Avez-vous été surpris par le mouvement de colère déclenché par un collectif de parents au sein de l’IEM « A Casarella » ?
En effet, nous avons été alertés par la directrice de l’établissement de ce mouvement initié par des parents sous la forme d’un collectif, dénonçant des dysfonctionnements au sein de l’IEM. Nous avons été surpris aussi bien par l’ampleur du mouvement que par les faits qui nous ont été reprochés, car nous n'avions reçu aucune remontée d'information sur ces événements. Je pense toutefois qu’il y avait d’autres moyens pour aborder ces problèmes, d’autant que nous avons toujours été dans le dialogue avec les parents des pensionnaires de la Casarella.
 

Au vu de la gravité des accusations, il était indispensable d’agir pour l’APF, en tant que gestionnaire de l’IEM…
Il était indispensable de renouer le dialogue pour normaliser les relations et discuter avec la direction, les parents et les gestionnaires, afin de retrouver de la sérénité. On ne peut que se réjouir de la volonté de chacun d’échanger et de parler des problèmes rencontrés. Ces échanges ont été productifs, même si l’affect est encore bien présent, et nous avons entendu et pris en compte une partie de leurs revendications.

La maltraitance dont auraient été victimes certains enfants handicapés est le sujet le plus préoccupant pour eux…
Bien entendu, et nous pouvons parfaitement le comprendre. Sur ce point, je vais être très clair : même s’il est difficile d’établir la vérité entre ce qui est dit et ce qui est réel, il y a ce qu'on appelle la part de doute raisonnable. Et, au vu des éléments que nous avons découverts et qui nous ont été rapportés lors de ce mouvement et surtout de cette réunion, ils me paraissent suffisamment importants pour que nous prenions des mesures d’actions directes.

Qu’avez-vous décidé concernant l’éducatrice spécialisée mise en cause ?
 Une enquête interne a été ouverte. Nous avons transmis une note d’événement indésirable à l’ARS de Corse, conformément au protocole. Une procédure est maintenant en cours, ce qui a mené, de notre côté, à une action immédiate qui sera communiquée ultérieurement. Les parents ont été avertis des mesures qui ont été prises et qui s'imposaient.
 

Outre ces faits qui ont été dénoncés, les parents dénoncent également d’autres dysfonctionnements au sein de l’IEM…
On nous reproche le manque d’encadrement et surtout le manque de personnel. Ce n’est pas un problème propre à Casarella ou à la Corse, mais un problème national. Nous devons faire face à un manque d’attractivité de ces métiers pour divers facteurs. Nous devons travailler sur ce sujet avec l’ARS et la Collectivité de Corse. Cependant, je ne peux pas accepter qu’il soit dit qu’il n’y ait qu’une personne pour s’occuper de 15 enfants à Casarella. C’est faux. Nous reconnaissons les problèmes de personnel, mais nous pouvons gérer l'encadrement des enfants ; ils ne sont pas livrés à eux-mêmes, comme j'ai pu l'entendre. Nous avons un personnel qualifié et en nombre suffisant au sein de l'IEM. Mais il est vrai que c'est difficile partout en termes de recrutement.


Qu’est-ce qui peut être amélioré dans l’accueil et la gestion de la structure ?
La réunion avec les parents a servi également à cela. Il y a des aspects satisfaisants et d’autres moins. Nous travaillons en collaboration avec les parents et la direction pour améliorer l’organisation du travail. Il y a également des incompréhensions concernant certaines méthodes de travail, que nous avons pu clarifier. Mais on peut toujours faire mieux. Nous allons revoir les parents le 17 juillet prochain pour faire le point sur ce dossier et les associer aux grandes orientations pour l'avenir de la Casarella. Nous sommes également en train de finaliser la dernière phase du contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) en partenariat avec l’ARS pour définir les grandes lignes et les moyens nécessaires à l’amélioration de l’IEM.


En mars 2022, des faits de maltraitance avaient déjà été évoqués, cela peut-il nuire à l’image de la structure ?
Les événements dont vous parlez remontent à plus de deux ans. Depuis, il y a eu un changement de direction. L’IEM a beaucoup évolué et travaillé pour que cela ne se reproduise plus. D’ailleurs, la majeure partie des problèmes évoqués par les parents lors de la réunion de ce jeudi fait référence à ce passé révolu. Cet événement indésirable récent va être traité conformément au protocole et des mesures immédiates ont été prises. Il faut maintenant retrouver la sérénité et travailler à l’amélioration de la qualité du service proposé.


Des changements sont-ils à envisager au niveau de la direction ?
Nous avons une totale confiance en la direction de l’établissement. Nous confirmons notre soutien plein et entier à Myriam Decarpigny, la directrice de l’IEM. Je pense que les parents ont également revu leur position après nos derniers échanges. Tout le monde œuvre dans le même sens pour retrouver la sérénité.